THE RETURNED
Drama // 42 minutes
Ecrit par Aaron Zelman (Damages, The Killing US). Adapté du roman éponyme à paraître de Jason Mott. Pour Brillstein Entertainment, Plan B & ABC Studios. 57 pages.
Le petit Jacob, un américain de 8 ans, est retrouvé au beau milieu d'un champ en Chine. Un agent du service de l'immigration est chargé de le ramener dans le village d'Aurora où il a grandi. Lorsqu'il frappe à la porte de la maison familiale, ses parents n'en croient pas leurs yeux : leur fils est mort bien des années plus tôt et celui qui se présente à eux lui ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau, comme s'il n'avait jamais vieilli. Rapidement, les Garland et leur entourge découvrent que le phénomène est mondial. S'agit-il d'un miracle ou le signe annonciateur de l'apocalypse ?
Avec Matt Craven (NCIS, Justified)... (casting en cours)
Alors, The Returned, plagiat éhonté de nos Revenants Français ? On s'est légitimement posé la question en découvrant le projet, dont le pitch de base n'est pas sans rappeler celui de la création de Fabrice Gobert pour Canal +. La réponse est... non ! J'ignore si l'auteur du livre dont ce scénario est adapté a vu ou non la série, mais une chose est sûre : il n'en a pas gardé le meilleur ! On est clairement plus proche des prometteurs 4400, devenus rapidement décevants, qu'autre chose...
Oubliez d'abord l'ambiance intimiste, confinée voire claustrophobique du petit village montagneux à la Twin Peaks. The Returned se déroule essentiellement dans une bourgade américaine de taille moyenne, entourée de grands espaces, mais qui est assez peu décrite par l'auteur. Elle ne semble donc pas être un personnage en soi. Le réalisateur, Charles McDougall (Sex & The City, Desperate Housewives, Big Love) a toute la liberté pour rendre cet endroit plus mystérieux et plus fascinant qu'il ne l'est sur le papier. Et j'aurai tendance à lui faire confiance. Pas de lac articiel ni de barrage impressionnant, mais des champs, une forêt, une rivière et un petit pont de bois. Un endroit qui respire la simplicité en somme, la joie de vivre. En apparence ? Sans doute. Il s'y est évidemment déroulé des événements tragiques, qui nous sont dévoilés par petits morceaux au fur et à mesure du pilote. Comment est mort le petit garçon ? Etait-il tout seul ? A-t-on cherché à l'aider ? Ce que je regrette, et je préfère en parler tout de suite, c'est que l'on ne s'intéresse dans ce premier épisode qu'à un seul revenant : Jacob Garland. Il n'en existe pas encore d'autres à notre connaissance. J'ai peur que l'on s'achemine vers une formule facile un épisode = un nouveau revenant. En attendant, le petit garçon fait évidemment énormément penser à Victor. Lui aussi est muet au départ, mais comme il ne faut pas perdre de temps, il retrouve rapidement l'usage de la parole jusqu'à se confesser en fin d'épisode. La grande scène de retrouvailles n'est pas aussi réussie et subtile (et drôle quelque part !) que celle de Camille et ses parents dans Les Revenants. Mais si les acteurs sont bons, elle pourrait être larmoyante à souhait. De manière générale, il se dégage de toute façon une grande mélancolie de ce script. C'est sans doute ce qui le rend spécial. La série sera-t-elle tout aussi spéciale ?
On perd en authenticité et en caractère lorsque l'on se penche sur les autres personnages, plus caricaturaux. Martin Bellamy, l'agent du service de l'immigration, semble faire office de héros. Il est un peu l'homme ordinaire qui se retrouve confronté, bien malgré lui, à des phénomènes extraordinaires. On nous dit que c'est le hasard qui l'a amené jusqu'à Aurora -le nom de la ville va d'ailleurs changer puisqu'elle porte le même que la ville où une tuerie a eu lieu récemment- mais je suis à peu près sûr que l'on découvrira quelques temps plus tard que tout a été calculé, qu'il a été "choisi". D'ailleurs, sa patronne, Catherine Willis, ne semble pas nette. Fait intéressant et pas si anecdotique que ça : Bellamy est black. Après Scandal (et Deception plus pour très longtemps), cela fait du bien de voir que la télévision américaine fait quelques efforts pour ne pas rester majoritairement "blanche". D'ailleurs, The Returned frappe fort aussi du côté de la moyenne d'âge de ses personnages puisque la moitié d'entre eux ont plus de 50 ans ! Le shérif de la ville, on ne peut plus classique d'ailleurs, a la cinquantaine; les parents de Jacob, la soixantaine; et personne n'a moins de 30 ans ! Il y a aussi un prêtre, d'une quarantaine d'années, qui vient nous bourrer de sous-texte religieux bien peu subtiles dont on se serait volontiers passé. Mais il est louche, alors ça donne de l'espoir pour la suite. Le premier rôle féminin pourrait être attachant. Gail fait partie de la famille Garland, elle a perdu sa mère quand elle était plus jeune. Une mère qui reviendra sans doute la hanter... Elle se rapproche évidemment de Martin au cours de ce premier épisode. Ils finiront ensemble... Vous l'aurez compris, bon nombre de choses sont prévisibles dans les relations entre les personnages. C'est dommage, d'autant que l'aspect mystérieux n'est pas assez accentué à mon goût. Il y a toutefois un personnage étrange et chauve, qui fait furieusement penser à un Observer, pour ajouter un peu de piquant à tout ça !
Le script du pilote de The Returned souffre évidemment grandement de la comparaison avec Les Revenants. Il n'est pas aussi délicat, aussi fascinant, aussi singulier. C'est d'ailleurs la première fois qu'une série française, sur un thème équivalent, fait mieux qu'une série américaine ! C'est historique. Mais en se débarrassant de ces comparaisons, il est évident qu'au même titre que S.H.I.EL.D. ou Gothica, ABC tient là un projet différent, prometteur, qui mérite bien plus de voir le jour qu'un énième cop-show classique ou qu'un soap sans ambition.
Ah, au fait, si vous êtes passé à côté des Revenants (je ne vous félicite pas), ma review garantie 100% sans spoilers vous donnera peut-être envie de leur donner une chance. Ca se passe par ICI.