C’est mercredi dernier, le 20 février 2013, que Sony annonça en grande pompe lors d’un évènement organisé par le constructeur à New York la venue de la Playstation 4. Une annonce convenue et sans surprise pour un résultat conforme aux attentes, enfin presque. Retour sur une conférence plus bavarde que démonstrative.
Moins d’une dizaine de minutes après le lancement de la conférence, un logo apparaît sur l’écran : la Playstation 4 est bien en route. Pas besoin de vidéo ou d’effets hollywoodiens pour l’annoncer, c’était de toute manière convenu. L’intérêt de cette conférence pour Sony, on imagine tout du moins, résidait dans l’annonce de la philosophie de la console. Depuis quelques mois maintenant, le milieu du jeu vidéo se posait cette question : de quoi va être fait le futur ? La firme japonaise a été la première à dévoiler sa vision et ses projets.
Dans les entrailles de la bête
Avant l’arrivée de la génération actuelle, le fossé technologique entre les consoles et les ordinateurs n’était pas très prononcé. Aujourd’hui, la situation est différente : les constructeurs de processeurs et de cartes graphiques ne cessent de repousser les limites. Si un PC peut suivre et s’adapter à cette constante évolution, une console elle ne le peut. Ses caractéristiques lui sont propres de sa naissance à sa mort. C’est pour cette raison que Sony et Microsoft créent des configurations « tout terrain » capable de tenir dans le temps. La Xbox 360 tout comme la Playstation 3 ont de cette manière tenu huit ans. Tout l’intérêt d’une console réside donc dans ce temps passé sans mettre à jour le matériel. Cette optique, la Playstation 4, contrairement à la Wii U pour beaucoup, l’applique. La bête embarquera donc un processeur AMD Jaguar X86-64 huits coeurs, 8 go de GDDR5 et une carte graphique Radeon HD de la série des 7800 (un dérivé probablement). Pour faire simple et imager grossièrement ces quelques spécifications, la console devrait donner aux développeurs de quoi s’amuser pendant quelques années. D’ailleurs et Sony a lourdement insisté sur ce point, la porte sera beaucoup moins étroite que par le passé : la Playstation 4 sera une console accessible. Une bonne nouvelle autant pour les petits développeurs que pour les joueurs. Enfin, pour conclure avec l’aspect technique de la machine, celle-ci ne lira pas les jeux de sa petite soeur. Une information peu surprenante, on connaît désormais la musique : tout est bon pour que l’on sorte une seconde fois le porte-feuille. Ils l’ont déjà fait avec la Playstation Vita (transfert de l’UMD), alors pourquoi pas avec la Playstation 4 ? En ce qui concerne les jeux PSN, ils ne seraient pas compatibles non plus. Enfin, jusqu’à qu’une « révolution » passe par là.Les rumeurs laissaient présager le pire, mais Sony a rassuré les joueurs, le marché de l’occasion pourra tranquillement prospérer sur sa nouvelle console. Les vendeurs indépendants ont donc encore de beaux jours devant eux. Ils vont juste devoir expliquer aux clients que la Playstation 4 n’est pas compatible avec les disques Playstation 3, mais qu’il est bien possible de jouer à des titres disponibles sur ce support en passant par le marché en ligne de la console.
La tête dans les nuages
La console sera ultra-connectée. L’éloge, longuet, autour de cet aspect de la console n’a pas manqué. Pour tout dire, si Sony tenait tant à affirmer sa volonté de rassembler, de fédérer, c’est tout simplement parce que la firme n’a pas su créer ce sentiment de communauté avec la Playstation 3. Il lui fallait donc marquer le coup, montrer que le futur est emprunt d’humilité. Une humilité pas forcément visible dans la forme, mais plutôt dans l’esprit : les erreurs ont été comprises. C’est tout du moins comme ça que nous voyons les choses. Le constructeur, soucieux d’offrir une expérience hors du commun, a ainsi présenté les fonctionnalités réseaux de la console : on pourra donc diffuser en direct sa partie sur la toile, aider un ami en prenant le contrôle de son personnage ou encore partager des données de jeu. Pour simplifier au maximum les échanges, Sony a eu la bonne idée d’inclure un bouton « Share » au milieu de sa manette. Cette idée, on la retrouve en partie avec le Miiverse sur Wii U : dessus, il est possible de partager des images, des commentaires. L’interaction est juste plus poussée sur Playstation 4. Sony a aussi ressorti des cartons une vieille promesse faites aux joueurs avec la Vita, la possibilité de pouvoir jouer à la console dans son lit directement sur la console portable. Le Remote Play, le petit nom de cette fonction, s’est finalement montré limité. Le constructeur pousse le bouchon un peu plus loin avec sa nouvelle console en promettant d’incorporer dans l’univers Playstation les téléphones portables et les tablettes. Nous verrons bien comment ils vont agencer tout ça. Une sorte de Smartglass en approche ? Certainement.Cette conférence a aussi été l’occasion pour Sony de conforter les joueurs et les investisseurs : la firme japonaise a fait défiler durant la dernière partie de son évènement les grands noms de l’industrie vidéoludique. On a pu voir Bungie, rigide au possible présenter Destiny (on peut voir cette présence comme une petite tacle à Microsoft, jusqu’ici éditeur des titres du studio), Square Enix montrer une nouvelle fois son moteur graphique (notons l’annonce d’un nouveau Final Fantasy), Quantic Dream ou encore Media Molécule jouer à un jeu de création. Dans l’ensemble, si les grands noms de l’industrie ont répondu présents, ils n’ont pas encore de titres à présenter. Sony oui, au travers de studios tiers comme Guerilla Games ou Evolution Studios, Ubi Soft aussi avec son Watch Dogs, mais dans l’ensemble la conférence s’est montré pauvre de ce côté. Puis, ce qui a été présenté n’a convaincu personne dans le fond : un nouveau Killzone, une sorte de Forza nommé Drive Club, un petit jeu indépendant assez prometteur et quelques autres titres pas vraiment marquants. Le minimum syndical. Il faudra attendre l’E3 2013 pour en voir plus.
En résumé, la Playstation 4 sera, selon Sony, une console connectée, simple d’accès, terre à terre, qui ne manquera ni de puissance, ni de soutien. Lors de cette conférence, la firme n’a finalement rien montré de concret si ce n’est quelques titres peu motivants (excepté Watch Dogs et Destiny qui sont des jeux multisupport), on a bien senti que ce n’était pas encore une priorité pour le constructeur que de dévoiler des titres. Il voulait tout simplement être le premier à dévoiler sa nouvelle console, à montrer au grand public sa philosophie, sa vision du futur. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la console a encore beaucoup de choses à nous dire. Le feuilleton Playstation 4 ne fait que commencer !
- Revoir la conférence de Sony en intégralité