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LARRIS: le développement des commerces de proximité, un objectif des politiques publiques

Publié le 26 février 2013 par Micheltabanou

La politique de la ville a inscrit dans ses objectifs la redynamisation de l’activité économique des quartiers urbains défavorisés, et notamment de leur activité commerciale. Le faible niveau de revenus et le sous-équipement en moyens de transport individuels des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville réduisent leur accès aux ressources (emploi, équipements publics et commerciaux). La réponse des pouvoirs publics réside notamment dans le déploiement de politiques publiques en faveur de l’implantation et du maintien des commerces de proximité dans ces territoires.

Les instruments d’action reposent principalement sur:

- la mise en place d’aides publiques financières, sous la forme d’exonérations fiscales et sociales, de subventions et d’un développement de l’offre de services aux entreprises

- une facilitation de l'accès au financement des PME

Pour autant, on peut s’étonner que l’action publique tend à déployer des moyens qui favorisent l’implantation de commerces dans ces quartiers sans poser suffisamment la question de leur viabilité, de la pertinence de leur offre au vu des besoins des habitants.

Les critères d’évaluation de l’offre commerciale

L’évaluation de l’action publique en faveur du développement des quartiers de la politique de la ville se limite classiquement à l’analyse du taux d’équipement d’un territoire ou interrogeant les individus sur l’accessibilité des équipements existants à proximité de leur domicile. Rares sont les approches qui s’intéressent à définir la demande en équipements commerciaux. Le potentiel commercial d’un territoire peut par exemple être évalué par les dépenses des ménages en mesurant la part que ceux-ci consacrent aux différents postes de consommation, confrontée à leur pouvoir d’achat . Des consultations des populations sur leurs aspirations en termes d’équipement commercial de leurs quartiers sont à conduire ou à reconduire. Ces consultations permettent de mesurer que les souhaits formulés ne correspondent pas à l’usage effectif qui est fait des équipements une fois ceux-ci implantés.

La compréhension des arbitrages des ménages entre les lieux d’achat

Devant la difficulté à cerner les souhaits des ménages, une étude fine des comportements effectifs des ménages et de leurs déterminants (économiques, sociaux, culturels) permet d’émettre des hypothèses sur les effets possibles de modifications de l’équipement commercial du quartier en difficulté et des territoires voisins. Il faut s’attacher à analyser l’utilisation faite par les habitants du quartier en difficulté l’offre en équipement commercial. Il faut identifier les logiques d’arbitrage que les habitants du quartier mettent en œuvre pour choisir les lieux d’achats qu’ils fréquentent (grandes surfaces, commerces indépendants, marché, ...), situés à des distances variées (dans le quartier où ils résident, dans le reste de la ville, dans la ville voisine,...), proposant des offres de produits et services différentes (prix, types de produits, variété des produits, diversités des marques... self-service, conseil, livraison...). Il s’agit également de voir comment le profil des ménages (taille, profil socio-économique, activité professionnelle, ...) peut expliquer leurs modes de fréquentation des lieux d’achat. Il s’agit de dégager des éléments de compréhension qui permettront, à terme, d’identifier les types de commerces pour lesquels une offre de proximité est nécessaire et potentiellement viable, et les types de commerces pour lesquels les habitants du quartier sont prêts, ou même préfèrent, se déplacer hors de leurs quartiers. L’étude des pratiques effectives est donc l’entrée privilégiée pour définir les besoins des habitants en équipement commercial de proximité, mais également en mobilité pour accéder à l’offre commerciale plus éloignée. Notre recherche visant à améliorer économiquement le quartier doit proposer d’envisager la question de l’équipement commercial du quartier à travers l’analyse de la demande, en prolongeant l’étude du potentiel économique des habitants de manière à évaluer la pertinence des objectifs opérationnels de l’intervention publique. Une sorte de focus sur les « courses d’approvisionnement du quotidien ». C’est un travail qui investit plus particulièrement le choix des lieux d’achat des habitants pour effectuer leurs courses d’approvisionnement, courses qui correspondent aux besoins de base, c’est-à dire les produits alimentaires, les produits pour la maison, et les produits d’hygiène corporelle. Ce sont des courses pour la famille, pour lesquelles on observe un renouvellement régulier du stock domestique (avec une fréquence de l’ordre de plusieurs fois par mois). Il faut opérer des séries d’entretiens approfondis à conduire auprès des habitants.

Notre commune dotée d’un centre commercial étendu permet d’observer de véritables arbitrages dans la pratique des courses d’approvisionnement des habitants du quartier Il faut prendre en compte que le déterminant de la fréquentation des lieux d’achat par les habitants dont beaucoup sont de revenus modestes est fixé par la contrainte budgétaire. Souvent pour expliquer les commerces qu’ils fréquentent, les ménages mettent en avant la recherche d’une grande diversité de choix (grande variété de produits, eux-mêmes déclinés en plusieurs gammes).

Tout ce préalable pour afficher que la question de la viabilité du maillage commercial dans un quartier en péril comme celui des Larris est un travail de réflexion de longue haleine et surtout qu’il répond à des exigences qui doivent être soustraites aux grandes promesses des temps électoraux avec ses raccourcis de circonstance.

Il existe également des obstacles identifiés au développement commercial et qui ne sont pas à appréhender dans leur cause avec une spécificité purement fontenaysienne… Ces obstacles sont identifiés sur l’ensemble de notre territoire et font d’ailleurs l’objet de projets gouvernementaux pour les réduire. Ces obstacles que pour une partie j’isole sont notamment:

la faible disponibilité foncière et immobilière (notamment le manque de locaux adaptés pour les entreprises);

les coûts du foncier et de l’immobilier ;

les problèmes d’accessibilité de certains quartiers;

le manque de sécurité dans certains quartiers ;

l’existence d’une économie souterraine ;

des services locaux aux entreprises ou à leurs salariés insuffisamment développés.

Nous ne pouvons réduire « l’état de crise » vécu aujourd’hui aux Larris au seul déficit commercial car de toute évidence d’autres paramètres existent. L’urgence est à décréter et toutes les voies sont à explorer pour apporter cet élan dont la finalité est faire vivre ce quartier. C’est un enjeu économique avec une part importante à introduire, à renforcer d’économie sociale et solidaire, à favoriser l’émergence d’une ouverture à des formes nouvelles d’entreprises ( comme par exemple les «  fab lab » ces laboratoires locaux d’un réseau mondial qui peuvent incuber des activités commerciales), à inoculer un développement culturel avec la présence d’ateliers d’artistes ou d’artisans ouverts sur l’extérieur, et tout autre projection…. Rien n’est fermé et tout doit s’ouvrir sur les possibilités offertes par l’implantation de secteurs d’activités nouvelles, dynamiques, génératrice d’attraction et d’emploi.


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