Quand j’arrive dans la salle d’attente, j’ai toujours un petit rituel.
J’enlève mon blouson, mon sac, je mets toujours tout sur la même chaise (toujours la même, je m’assois toujours sur celle-ci). Puis je vais faire un petit pipi. Après je m’installe et j’attends. Puis ma psy vient, je rentre dans son cabinet et la séance débute.
Un moment maintenant que je fais cela toutes les semaines. Car oui, je thérapise depuis quelques temps déjà.
J’ai ressenti le besoin, il y a quelques années de cela de partir comme qui dirait à la rencontre de parties insoupçonnées de moi-même (enfin à l’époque, je ne savais pas encore que je m’investirais autant). A l’époque, je sortais d’une colocation qui s’était, très, mais alors très, mal passée (pour résumer, mes colocs avaient un comportement plutôt très affirmé et j’ai eu beaucoup de mal à me positionner en face). Une amitié (de longue date) à laquelle je tenais beaucoup, beaucoup, se délitait avec pertes et fracas. J’étais au chômage et je me prenais moults vestes professionnelles. Bref, c’était vraiment pas la joie et j’ai eu une grosse période de déprime, d’abattement.
Avec le recul, je pense que je m’étais sentie vraiment déprimée par toutes ces situations. Mais j’avais essayé avec beaucoup de force de ne pas écouter mon désarroi. J’avais essayé par tous les moyens de remiser tout ça au fond, loin, très loin de moi (c’était devenue une mauvaise habitude) et je pense qu’il est arrivé un moment où toutes mes émotions négatives ont fini par me péter à la tronche. Malheureusement, je n’ai pas réussi à reprendre pied ensuite, je n’arrivais plus à me connecter à mes ressources habituelles.
Je me souviens qu’un jour où ça n’allait pas trop, mon amie Elise m’avait dit qu’elle pouvait me donner le numéro de téléphone d’une psy qu’elle connaissait. J’avais refusé sur le coup par orgueil je crois, je me disais que je pouvais très bien m’en sortir seule et que si j’avais réussi par le passé, je pouvais le refaire. Et puis non, la crise de déprime a duré, trop longtemps et un jour j’ai pris la décision de prendre rendez-vous et je me suis engagée dans un voyage vers moi, mon vrai moi.
Alors oui je sais toujours dans quel « état » j’arrive, mais jamais comment je vais ressortir. Il y a ces séances où la douleur est trop forte et que je peine à exprimer ce qui me tracasse. Ces moments où je me rappelle des faits marquants de mon enfance, adolescence, de ma vie de jeune femme et qu’un déclic survient et je ne saurais dire pourquoi cela arrive à ce moment précis (peut-être parce que je suis enfin prête à entendre les choses). Ces jours où parler de ma famille me fait du bien et d’autres fois pas du tout. Il y a surtout cet après où je sens que ce que j’ai dit en séance, il y a une heure, une semaine, un mois, un an me fait du bien, m’apporte, me permet de me frayer un chemin, de me connaître, d’enfin savoir qui je suis.
Je vous parle souvent de mes lectures, de mes rencontres qui influencent celle que je suis et qui me poussent à toujours m’interroger, à évoluer et qui me donnent beaucoup. La thérapie, c’est pareil, je me découvre, j’avance et je finis par prendre tout (le meilleur comme le pire) et j’apprends surtout à l’accepter.
Enfin, non, c’est moi surtout que je finis par accepter
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