Et si le médecin après avoir posé son diagnostic prescrivait au patient le traitement de son choix. Cette situation qui peut paraître aujourd’hui irréelle ne le sera peut-être bientôt plus, selon ces chercheurs du CHU de Québec. Leurs conclusions, publiées dans l’édition de février de la revue Health Affairs, attribuent aux professionnels de la santé un nouveau rôle auprès du patient, celui de transmettre l’information et d’aider à la décision et non pas de prendre la décision. Zoom sur les bénéfices d’une approche de décision partagée.
Pour de nombreux patients, la consultation est le moment le plus opportun pour s’engager dans un tel processus de prise de décision partagée. Aux Etats-Unis ou en l’Angleterre, cette approche est déjà favorisée pour sa capacité à améliorer la santé en population générale ou chez un patient particulier, tout en réduisant les coûts de surveillance et de suivi.
Les Dr France Légaré et Holly Witteman, chercheurs du CHU de Québec et à la Faculté de médecine de l’Université Laval, déjà reconnues pour leur expertise sur la prise de décision partagée, décrivent les 3 éléments essentiels d’une prise de décision partagée patient-médecin:
-reconnaître qu’une décision est nécessaire,
-connaître et comprendre les meilleures données scientifiques disponibles
-et intégrer les valeurs et les préférences du patient dans la décision.
L’approche est donc à la fois scientifique, consensuelle et responsable.
C’est donc un nouveau rôle, celui de la transmission d’information et de l’aide à la décision, à l’opposé de la prise de décision unilatérale, qui serait demandée au médecin. Cette nouvelle vision suppose aussi l’acceptation, par les professionnels, d’un décloisonnement de la science et le principe d’une prise de décision en accord avec les valeurs, les activités et les réactions du patient mis face aux diverses options thérapeutiques. Pour parvenir à cette approche, de nombreux médecins auraient besoin d’une formation sur une réorganisation complète de leur rôle et de la participation des patients.
» La décision partagée est une voie prometteuse qui offre des solutions concrètes au contexte médical actuel. L’une de nos études a, par exemple, démontré qu’en misant sur la décision partagée nous arrivons à diminuer la prescription d’antibiotiques pour traiter les infections respiratoires aigües – la première cause de consultations chez le médecin de famille –, et ce, sans nuire à la qualité de soins offerts aux patients. Dans le contexte où la résistance aux antibiotiques est un enjeu de santé publique majeur, nos travaux sont très significatifs « , explique la Dre France Légaré.
Pour être optimale la décision partagée doit de préférence s’effectuer dans un contexte d’incertitude, c’est-à-dire lorsque les options thérapeutiques offrent sensiblement les mêmes résultats ou lorsque les preuves scientifiques sont inexistantes ou insuffisantes. C’est dans ce contexte que les valeurs ou le mode de vie du patient peuvent prendre toute leur influence dans le choix de l’option thérapeutique.
Source: Communiqué CHU de Quebec et Health Aff February 2013 doi: 10.1377/hlthaff.2012.1078 Shared Decision Making: Examining Key Elements And Barriers To Adoption Into Routine Clinical Practice
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