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Tunisie: les médias post-révolution 2/2

Par Achaqueligne

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Aujourd’hui cette commission (ATCE) a été dissoute. Les journaux appartenant aux partis et qu’on se passait sous le manteau se vendent au grand jour et ont vu leur nombre augmenter. Juste après les élections de l’assemblée constituante, les attaques contre le gouvernement de la Troïka (mené par le parti islamiste «Ennahdha») et contre leurs opposants sont de plus en plus virulentes. Les caricaturistes s’en donnent à cœur joie (voir Z, Yakayaka), les « guignols de l’info » tunisiens ont vu le jour sur deux chaînes privées (Harlem Shake politique avec entre autres le président de la république « Moncef Marzouki » et le président d’Ennahdha « Rached Ghannouchi »). On a vu s’exprimer sur les plateaux-télé toutes les tendances autrefois interdites d’antenne, des plus radicales aux plus consensuelles. Les débats politiques télévisés deviennent quotidiens faisant de l’ombre aux émissions de variétés et enregistrent des records d’audience (« Attounisia TV » arrive à réaliser des audiences dépassant les 3 millions de spectateurs dans un pays qui compte environ 10 800 000 d’habitants). Les chaînes radio et les sites d’info deviennent très réactifs et voient leurs nombres d’auditeurs et de visiteurs augmenter de façon significative. Bref, un bouillonnement jamais vu en Tunisie auparavant.

La réaction du gouvernement en place ne s’est pas faite attendre. Le parti « Ennahdha » s’est trouvé face à une déferlante de nouveaux médias très menaçante quant à son image à l’intérieur et à l’extérieur. Dans un premier temps, sa réaction a été de recycler des journalistes qui étaient à la solde du système Benaliste et de les replacer à la tête des médias publics et notamment à la tête de la première chaîne publique. Ayant rencontré une forte résistance de la part des journalistes, on a vu un sit-in de plusieurs semaines devant les locaux de la chaîne avec des participants souvent très agressifs insultant les journalistes et réclamant la « purification » des médias en écartant ceux qui ont servi la dictature.

D’autres affaires ont éclaté depuis, par exemple celle de « Sami El Fehri » le directeur d’« Attounisia TV » maintenu en prison malgré une décision de justice de le relâcher.

Ces pressions ne concernent pas seulement les médias classiques mais aussi numériques. Le cas d’« Olfa Riahi » peut être cité. C’est la bloggeuse qui a publié des factures d’un hôtel prestigieux de la capitale et qui ont été payées par le ministre des affaires étrangères. Ces factures portent l’adresse de l’ambassade tunisienne en Ethiopie. « Olfa » est aujourd’hui interdite de voyage.

Nous pouvons aussi mentionner le site « Nawaat », meneur dans ce qu’on appelle le « journalisme d’investigation » et censuré du temps de « Ben Ali ». Les responsables du site subissent des pressions et des menaces suite à la publication d’un article accusant « Ennahdha » d’avoir crée un appareil sécuritaire parallèle au ministère de l’intérieur.


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