Ratafia (T6) – Fitzcarraldies

L’équipage de la Kouklamou met les voiles sur les eaux calmes du fleuve Mamazone. Le voyage serait des plus tranquilles, si sur le pont ne s’époumonait pas le plus grand ténor d’Amérique du Sud : Cecilio de Bovero…

Scénario de Nicolas Pothier, dessin de Johan Pilet Public conseillé : Tout public

Style : humoristique Paru chez Glénat, Collection Treize étrange, le 26 février 2013 Share

Présentation par l’éditeur

Après leur éprouvante chasse au trésor et leur aventure japonaise, l’équipage de la Kouklamou met les voiles sur les eaux calmes du fleuve Mamazone. Le voyage serait des plus tranquilles, si sur le pont ne s’époumonait pas le plus grand ténor d’Amérique du Sud : Cecilio de Bovero. Le Capitaine, qui s’est pris d’affection pour le chanteur, a l’intention de l’aider dans l’accomplissement de son projet personnel : la construction d’un opéra en pleine jungle ! L’équipage est au bord de la mutinerie, mais Cecilio a une contrepartie à offrir aux pirates en échange de leur aide : les conduire vers la mythique Eldorado !

Nouvelle bordée pour les pirates d’eau douce

Et Hop, nous voilà embarqués dans un nouvel opus délirant de Ratafia. Au programme, changement d’équipe, et blagues en tout genre. Fred Salsedo quitte le navire (ou presque, il est encore cité dans les auteurs) pour donner sa place (encore chaude) à Johan Pilet. Avec Pothier au scénario, la nouvelle bande (créée sur la série « Caktus ») s’est mis au travail quatre années après le dernier tome. Soyez rassuré, le ton reste le même. C’est dans les vieux pots qu’on fait les bonnes BDs. La tambouille a le même gout et les ingrédients sont toujours aussi savoureux. Les grosses blagues potaches, les jeux de mots pourris (mais savoureux), les délires graphiques, le scénario à embranchements multiples et les anachronismes, tout est là !

J’en ris encore…

Ce qu’il y a de bien avec « Ratafia », c’est que nous sommes en terrain connu. Si l’imagerie « Piraterie » est un principe de base de leur histoire comico-aventureuse, Pothier et Pilet s’en servent avec mesure. Évitant de tomber dans les poncifs (ou alors, si, mais pour rigoler), ils nous désarçonnent constamment par un récit qui part dans tous les sens : indiens d’Amazonie « Golden Voices », chanteur d’Opéra, quête de l’Eldorado… et puis quoi encore ????
Leur galerie regorge de « personnages archétypes » (Romuald, et la bande de joyeux pirates), comme de savoureux personnages à contre-emploi. C’est d’ailleurs dans ces derniers que Pothier et Pilet sont les plus inventifs. Le capitaine pirate sobre et mesuré, le chanteur d’opéra au répertoire enfantin, sans parler des indiens très éloignés de l’image du « gentil sauvage », ces gars-là ne respectent rien !
Pour commencer son délire, Pothier gratifie ses personnages et ses lieux de noms à se tordre par terre. Tous ces jeux de mots, quelquefois pourris, me rappelle le gout immodéré des calembours de Goscinny. Avec la même verve et le même ressort comique, Pothier ne se donne aucune limite.
La comparaison ne s’arrête pas là. Avec « Ratafia » Pothier invente des scénarii que n’aurait pas renié l’auteur d’Iznogood et d’Astérix. Toujours très simple à résumer (Les pirates s’engagent à construire un opéra au milieu de la jungle avec des indiens pour chanteurs, en échange de la carte de l’Eldorado), Pothier casse toute linéarité dans son récit, sans oublier de développer son histoire de base. Étonnamment, il arrive à force de digression et d’histoires parallèles à nous mener précisément là où il l’avait annoncé.

Un dessin coulé dans le marbre

Pothier, en successeur de Salsedo aurait eu de quoi paniquer. Sur les premiers tomes de la série, le style et la technique de l’auteur d’origine étaient vraiment inimitables. Et pourtant, Pothier s’est incroyablement adapté au dessin de Salsedo ! Avec un encrage expressif et un trait toujours aussi moderne, il se fond dans le moule. Le résultat (c’est l’essentiel) : un plaisir renouvelé d’aventure comique ou récit et dessin sont toujours aussi drôles et cohérents. Bravo à tous les deux !

Pour résumer

Que vous soyez initié à l’humour non-sens et décapant de « Ratafia » ou curieux de « vous en payer une bonne tranche », ce sixième tome est fait pour vous. Avec Johan Pilet au dessin qui rejoint l’équipage, Nicolas Pothier mène la barre vers des rebondissements toujours plus potaches. Pas de doute, le nouveau Ratafia 2013 est un très bon cru.