Les jeunes sont majoritairement favorables au libéralisme, selon une récente étude du CREDOC. Charge à eux de faire en sorte que leurs choix soient respectés et leurs aspirations à être libres entendues.
Par Baptiste Créteur.
Malgré des médias largement orientés, une classe politique acquise à la cause étatiste et une Éducation Nationale qui relève plus de l'instruction et de l'endoctrinement que de l'éducation, une large majorité des jeunes sont favorables au libéralisme. C'est ce que révèle une étude CREDOC de décembre 2012 sur "Les jeunes d'aujourd'hui", qui va jusqu'à affirmer que "le libéralisme constitue la pierre angulaire de l'identité des jeunes".
Les non-diplômés sont les plus favorables aux idées libérales (77% contre 67% pour les diplômés du supérieur), n'en déplaise aux détracteurs du libéralisme qui voient en lui une loi de la jungle dont seules les élites éduquées peuvent tirer profit.
Le concept de libéralisme économique renvoie à la libre entreprise, la libre concurrence, la domination du politique par les mécanismes et logiques du marché et le jeu non réglementé des initiatives individuelles, tandis que l’idée de libéralisme politique préconise la protection des libertés et des droits individuels dans la société. C’est dans ce dernier sens que les jeunes semblent entendre la notion. Tout indique qu’ils tendent vers une libération de l’individu des contraintes sociales. Certes, on ne peut pas exclure que les 18-29 ans ne soient aussi favorables à la libre circulation des marchandises, à une diminution du protectionnisme européen et au développement du marché et de l’espace économique européen.
Le libéralisme est une forme d'organisation sociale aussi bien économique que politique qu'on peut difficilement réduire à l'une de ces dimensions, qui fonde les interactions sociales sur le libre consentement des individus par opposition à la contrainte. Les 18-29 ans sont donc partisans de la liberté plus que du pouvoir.
En réalité, l’ouverture des jeunes aux valeurs du libéralisme politique signifie d’abord une certaine ouverture aux évolutions du monde. On n’est pas face à une génération désorientée qui chercherait son salut dans la soumission à une autorité extérieure, mais bien plus face à des jeunes individus qui souhaitent tout à la fois bénéficier de libertés individuelles accrues et de l’avantage qu’il y a à vivre dans une société qui respecte et assure les droits et l’intégrité de la personne.
Les jeunes de la génération actuelle souhaitent donc jouir des libertés individuelles et de leurs bienfaits, contrairement aux précédentes. Ils valorisent l'individu plus que le collectif, qu'il soit incarné par la famille ou les institutions traditionnelles, et ont un sens de la responsabilité que cela implique.
D’un autre côté, il n’est pas sûr que cette tendance se traduise forcément par la formation d’une société qui serait complètement indifférente à l’égard du sort d’autrui.
Non, les jeunes ne sont pas indifférents à l'égard du sort d'autrui. Le libéralisme ne témoigne pas d'une indifférence au sort d'autrui, au contraire ; le libéralisme prône le respect des droits et préférences d'autrui plutôt qu'une solidarité forcée avec l'argent des autres. C'est cette solidarité forcée que les générations précédentes ont dans leur majorité tolérée, acceptée et embrassée sans jamais la remettre en cause malgré des preuves évidentes des limites théoriques et des conséquences pratiques désastreuses du socialisme.
S'ils ne croient plus aux promesses d'hier d'une société meilleure, les jeunes ne peuvent que constater que l'innovation et la créativité, elles, ont tenu leurs promesses et leur permettent d'accéder instantanément à l'ensemble de la connaissance et de créer et produire eux-mêmes – et en portent de nouvelles, encore plus nombreuses, dont les possibilités qu'elles vont apporter et les transformations qu'elles vont induire sont encore difficiles à concevoir.
Internet, ce rêve d'hier, est aujourd'hui une réalité ; mais les États cherchent une nouvelle fois à réduire la liberté au nom de la sécurité. De la même façon, les jeunes ne peuvent que constater que l’État n'a pas su leur offrir l'avenir qu'il promettait à leurs parents, fait de prospérité pour tous et de plein emploi ; ils savent que lorsque les plus préoccupés par leur sort évoquent le danger que fait peser la dette sur les générations futures, c'est en réalité d'eux qu'on parle.
Sans avoir réellement la possibilité d'échapper aux conséquences des choix que les générations précédentes ont fait, qui revenaient à faire financer les dépenses dont elles bénéficiaient aujourd'hui par les suivantes, les jeunes ne veulent pas commettre les mêmes erreurs et comprennent que la France est aujourd'hui à un tournant. La crise qui approche peu à peu les confrontera à un choix entre totalitarisme et liberté ; les jeunes semblent avoir déjà fait leur choix – et, heureusement, ils ont fait le bon, celui de la liberté. Charge à eux de faire en sorte qu'il soit respecté ou de partir avant qu'il ne soit trop tard.