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Les Québécois parmi les plus taxés

Publié le 03 mars 2013 par Gregorykudish

Jeudi dernier, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) rendait publique son étude sur l’imposition des Québécois : «Les Québécois-es : les plus imposé-es en Amérique du Nord?». Quelques heures suivant la parution de cette étude, les grands médias québécois ont relayé les conclusions de l’IRIS : les Québécois ne sont pas les plus imposés en Amérique du Nord. Les conclusions de cette étude méritent cependant d’être nuancées.
L'étude en question soutient qu'un couple ayant deux enfants avec un revenu annuel de 43 710$ a une charge fiscale nulle. Ce n'est pas faux. En prenant en compte l'ensemble des crédits d'impôt octroyés par le gouvernement, une telle famille obtient une charge fiscale nulle, voire même un surplus en crédits d'impôt. L'étude de l'IRIS oublie cependant de mentionner que, si les personnes aux revenus modestes sont plus choyées au Québec que dans le reste de l'Amérique du Nord, c'est parce que d'autres Québécois sont beaucoup plus imposés par rapport au reste du continent, notamment les contribuables aux plus hauts revenus. Par ailleurs, le revenu annuel d’un couple de 43 710$ représente, en moyenne, un revenu individuel de 20 000$, soit l’équivalent du salaire minimal. Cette statistique est loin de représenter le contribuable «moyen» du Québec, contrairement à ce que prétend l’IRIS.
D'autre part, l’étude de l'IRIS ne prend pas en considération les taxes à la consommation, qui affectent régressivement davantage les plus faibles revenus que les plus élevés. Au Québec, la taxe de vente s'élève maintenant à 9.975%, soit la plus élevée au Canada avec la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard. À cette taxe provinciale s'ajoute la TPS fédérale de 5%. En fait, le Québec est l’un des endroits en Amérique du Nord qui taxe le plus ses consommateurs. Qui plus est, le fardeau fiscal de la taxe de vente est d’autant plus grand pour les contribuables aux revenus les plus modestes. Une taxe de vente de 9.975% représente une plus grande charge fiscale pour un contribuable percevant un revenu annuel de 20 000$ que pour un millionnaire. Bref, la famille modeste québécoise, si elle semble exemptée d’impôt sur le revenu, demeure tout de même très imposée par le biais d’autres taxes. Ce que la famille modeste ne paie pas en impôt sur le revenu, elle le paie par l’intermédiaire d’autres taxes, dont la taxe de vente.

Les chercheurs Francis Fortier et Simon-Tremblay-Pépin prennent le temps de souligner, en notes de fin de texte, les limites de leur étude. Par exemple, ils soutiennent que les «célibataires ayant de hauts revenus auraient une charge fiscale plus importante au Québec que dans le reste de l'Amérique du Nord». Il s’agit-là d’une remarque très pertinente, qui aurait dû se retrouver dans le texte de l’étude de l’IRIS plutôt que dans une note de fin de texte. Ce sont ces «détails» que l’IRIS a pris soin de dissimuler dans son étude, afin de démontrer que les Québécois ne sont pas les plus imposés en Amérique du Nord. Malheureusement, l’IRIS prend une fois de plus ses désirs pour la réalité, et s'appuie sur des données propres à une partie de la population québécoise, soit les citoyens aux revenus les plus modestes, pour justifier la pertinence d'une hausse des impôts de l’ensemble des Québécois. 

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