Le Toupin reçoit assez souvent des mails pour avoir des renseignements sur les sujets les plus divers.
Voici les derniers. Si vous pouvez m'aider à leur répondre , je serai ravie.
♦Je recherche désespérément le dernier livre d'Annie Bruel.Où peut-on le trouver ?
♦"Je cherche des renseignements sur Daniel, alias frère Marie Bernard, l'ermite d'Ampus .... Je connais les carmes de Paris, et je voudrais bien en savoir plus car , dans mon enfance, j'allais souvent à Ampus l'été chez ma tante Paule Albert, et ma cousine Pierre Jeanne, à Villotte et j'aimais bien le coin. Je voudrais bien , si vous en aviez, des photos des lieux où il a vécu (ma tante m'a dit ''une grotte'', mais j'ai lu aux Adrechs dans une ''maisonnette'', et je n'ai pas trouvé de grotte...) et des détails sur lui - sa biographie si vous en aviez : par exemple, que faisait il de ses journées, l'année de sa mort, sa congrégation en Hollande que j'ai en vain cherchée , ce qui n'est pas mentionné dans l'excellent article que vous avez publié. Il y a sûrement des gens qui le savent, c'est pas possible qu'il ait vécu là si longtemps sans que personne ne sache rien sur lui : je pourrais peut être les donner aux carmes de France qui feraient un mémoire de lui comme ils le font de leurs frères.... en particulier savez vous s'il dépendait de l'ermitage carme de Roquebrune sur Argens?
Merci de tout coeur!!!!!!!!!!!!
Amicalement
Laurence BAILLEUL
Voici l'article concernant l'ermite d'Ampus écrit en avril 2007
On m'a prêté un journal datant de mai 1978 , "mensuel d'échos départementaux et d'opinions libres" dans lequel un article est consacré à quelqu'un qui vécut à Ampus et dont les anciens se souviennent encore sans doute.Voici cet article retranscrit , intitulé "L'ermite d'Ampus".
"L'habit fait-il le moine ? Alors vous serez déçu. Daniel est habillé et chaussé comme un travailleur agricole, treillis et brodequins; ce qui , malgré son regard incisif et sa grosse barbe, ne le désigne pas aux foules comme un ermite. Il l'est pourtant.Regardez le dictionnaire : religieux qui vit seul.Et ce n'est pas parce qu'il vient au village se ravitailler et trinquer avec ses amis qu'il n'est pas le personnage original que les grands journaux nationaux et la télé n'ont pas su , eux , rencontrer.Daniel nous dit appartenir à l'Ordre de Saint Jean de la Croix dont le siège est en Hollande et être Frère Marie-Bernard. Il est allé 19fois à Lourdes, à pied , prier pour les autres et remercier la Vierge de l'avoir miraculé deux fois. Il faillit dans son enfance être pied-bot, et déporté comme otage, revint pour mourir et survécut. Si la vie spirituelle est son quotidien, il n'est pas un intellectuel. Il eut longtemps le goût de la prêtrise mais sa famille était pauvre et , dans les années 30, le séminaire était plus réservé à l'élite (d'argent) qu'à la foi.On lui reproche parfois son aigreur qui , pourtant , n'est que furtive "Je ne suis pas un saint , répond-il. Et même si 99°/° des gens s'aimaient , il y aurait toujours Judas. J'en ai rencontré plusieurs et à ceux-là je ne tends pas la joue droite.Et puis ,ajoute-t-il, regardez dans les monastères ou dans les presbytères, les vieux curés , les vieilles nonnes ne sont pas toujours d'une patience d'ange. Pourquoi voulez-vous que je sois un saint ?Faut me prendre comme je suis.Il y a des gens qui , me sachant connaître la vie des saints , me demandent de prier pour eux ou pour un de leurs proches, croyant en ma possibilité d'intercéder plus facilement auprès du Sauveur de leur choix. Et puis ils s'en vont , sans manifester de gratitude , parfois sans me serrer la main.Vous croyez que ça m'aide à croire dans les gens ?"
Qu'on le laisse à sa solitude ce vieux sanglier solitaire de deux mètres , un peu bougon; c'est tout ce qu'il souhaite. Entre un reposoir dédié à la Sainte Vierge et un petit autel, à l'extérieur de son cabanon, où Jésus et Joseph l'écoutent raconter les jours des hommes d'aujourd'hui, lui Daniel , jardine et rêve de rencontrer les personnages de l'Histoire Sainte avec lesquels il se sent plus à l'aise qu'avec ses contemporains.Mais il n'est pas hors du temps ,hors de la planète. Il a la larme à l'oeil en se souvenant de son enfance , de ses amis de l'Orne où il a grandi. Et quand ce grand gaillard plus que sexagénaire vous sent sincèrement prêt à l'entendre et à l'estimer, alors il est soi-même: ermite, ni moins , ni plus. Un homme comme les autres qui n'est pas somme les autres. Un homme qui mérite d'être votre ami si vous savez mériter d'être le sien."
J'ai peu connu Daniel - qu'on surnommait au village "Le grand Daniel"- parce qu'à l'époque je travaillais loin d'Ampus. Mais j'y revenais pour les vacances scolaires et je n'étais pas coupée de la vie du village car maman m'écrivait chaque semaine (on a toujours eu la fibre de l'écriture dans la famille...). Daniel a vécu aux Adrechs , je ne sais pas où exactement , dans un cabanon.Puis il est venu habiter au village , pas très loin de la Place de la mairie , en dessous de la maison de John et Patricia , une pauvre maison que le propriétaire (paraît-il) lui avait donnée. Il n'y avait aucun confort , hélas. Cette maison est toujours inhabitée depuis , bien que l'on ait effectué quelques réparations depuis.Il y a une chose dont je me souviens très bien : Daniel était le seul homme d'Ampus à venir laver au grand lavoir , avec les femmes.Au lavoir , il y avait des rites à respecter : on rinçait en haut du lavoir et on lavait en bas , une simple question de bon sens et d'hygiène !Il fallait garder l'eau propre qui arrivait du canal pour le rinçage , pas pour le lavage des mouchoirs crasseux...Or , Daniel ne connaissait pas ces usages et s'installait volontiers en haut. Il y avait alors une femme qui le rappelait à l'ordre. Des histoires relatives au lavoir et au canal , je pourrais vous en raconter beaucoup. C'est un coin que j'aime tout particulièrement.