Alors qu’en institution, près de la moitié des résidents déclarent avoir perdu toutes leurs dents ou presque, ou porter un dentier, le recours aux soins dentaires s’avère réduit de 25% par rapport aux personnes vivant à domicile. C’est la conclusion préoccupante de cette étude proposée dans le Bulletin hebdo de l’Institut de veille sanitaire InVS du 4 mars. Des résultats qui alertent sur une inégalité d’accès aux soins chez les personnes âgées et sur la nécessité de mieux former l’ensemble des professionnels de santé sur la santé bucco-dentaire de ce groupe de population, aux besoins croissants, avec un effort particulier dans les établissements publics et privés à but lucratif.
Car les besoins en soins bucco-dentaires des personnes âgées augmentent, avec le vieillissement de la population et les actes à réaliser sont de plus en plus complexes. L’hygiène bucco-dentaire qui comprend le brossage des dents, de la langue, le nettoyage des muqueuses et des prothèses) est assumée au quotidien par les soignants alors que les autres actes relèvent du chirurgien-dentiste. C’est le cas, en particulier, du détartrage des dents et des prothèses, des avulsions, des soins des caries et de la réparation ou la réalisation de prothèses. On sait par ailleurs qu’une mauvaise santé bucco-dentaire peut mener à la dénutrition avec son cortège de comorbidités dont la perte d’autonomie. Une meilleure organisation de ces soins est donc indispensable au maintien de la santé chez les personnes âgées.
Cette étude a comparé le recours à un chirurgien-dentiste de 3.358 personnes âgées de plus de 60 ans, institutionnalisées et vivant à domicile, en 2008-2009 à partir des données de l’enquête Handicap-Santé. Les sujets ont été appariés sur des facteurs tels que l’âge, le sexe, le degré de dépendance, la catégorie socioprofessionnelle et la fréquence des contacts avec la famille.
Un recours réduit de 25% en institution : L’analyse constate que le recours au chirurgien-dentiste est diminué d’un quart lorsque les personnes sont institutionnalisées (OR=0,7) par rapport aux personnes vivant à domicile. La fréquence de recours au chirurgien-dentiste dans les établissements privés à but non lucratif reste néanmoins plus élevée que dans les établissements à but lucratif où le recours est diminué de 30% par rapport au domicile.
D’autres facteurs interviennent dans le niveau de recours, comme
· la perte d’autonomie ou ici le fait d’être confiné au lit,
· l’âge aussi, avec une probabilité de recours au chirurgien-dentiste nettement réduite pour les plus de 85 ans. Les personnes âgées de 90 ans et plus ont ainsi 2 fois moins de chances d’accès aux soins bucco-dentaires vs les personnes âgées de 60 ans.
· Les troubles cognitifs vont également réduire le recours de 22%.
· Les déterminants socioéconomiques influencent également le recours, réduit de près de 30% en cas de CSP moins favorisée.
· Quant à la complémentaire santé, son impact est surtout déterminant pour les personnes résidant à domicile.
La vie en institution est donc bien associée à un moindre recours au chirurgien-dentiste. Ces résultats, qui confirment ceux d’études précédentes, révèlent un besoin en soins bucco-dentaires préoccupant, avec des risques pour la santé générale. Ainsi, dans cette étude, le recours au chirurgien-dentiste est moins élevé en institution qu’à domicile, alors qu’en institution, près de la moitié des résidents déclarent avoir perdu toutes leurs dents ou presque, ou porter un dentier, ce qui nécessite donc un contrôle régulier…
Source : InVS 5 mars 2013 / n° 7 (Visuel © Alex Tihonov – Fotolia.com)
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