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Et si à Toulouse l’on pratiquait (enfin) l’insertion ?

Publié le 05 mars 2013 par Marius

COMSA.JPGIl est étonnant de voir le débat pré-électoral s’installer sur notre ville. Les angles choisis par l’opposition à ce jour démontrent à l’envie la superficialité de nos candidats dans leurs volontés de démontrer leurs capacités à « prendre le pouvoir ».

Le dernier exemple est la critique faite à la ville (et surtout à son premier magistrat) concernant un appel d’offre public où l’un des majors du BTP espagnol a emporté (sans grande difficulté) un marché de travaux face aux entreprises françaises.

Ainsi la droite locale évoque en filigrane un protectorat qui n’aurait pas été organisé au niveau de la mairie. Sur ce point, Pierre COHEN récemment interrogé par OBJECTIF NEWS a mentionné, avec prudence, que cette entreprise lui semblait en totale capacité de soumissionner (et d’emporter) ce marché. Le président de la fédération du BTP et la droite locale ne peuvent que s’incliner ; en l'état, l’argument est certes léger mais recevable.Reste à  COMSA , entreprise adjudicataire, à démontrer sa capacité à respecter le droit du travail français (les dernières condamnations pratiquées à PAU sur d'autres entreprises espagnoles l'y invitent fortement).

Nous verrons donc du côté de l’avenue de Muret se développer pour quelques mois le Catalan . Une langue qui nous est familière et que de nombreux toulousains pratiquent depuis l’arrivée sur notre région de leurs parents en fuite du régime de Franco. Faire offense à cette entreprise c'est aussi faire offense aux relations que nous entretenons avec nos voisins, leurs entreprises et leurs familles. Ce n'est pas comme cela que nous pouvons espérer bâtir l'union européenne.

Pourquoi tourner le dos aux (dures) réalités économiques ? La crise en Espagne est telle que nous ne pouvons que nous incliner devant la volonté des entreprises de trouver ici une partie d’activité qui n’existe plus la bas.

Pour autant sommes-nous démunis face à « l’envahisseur » ? Pas tout à fait (1) et ceci grace en particulier à un décret que la droite locale devrait connaître puisque mis en place par N. Sarkozy : la clause d’insertion .

Comme par hasard le président du BTP régional n’en fait pas état dans ses plaintes. Par méconnaissance ? Pas si sur que ça, car cette clause, habilement introduite dans un marché public, impose aux soumissionnaires à intégrer au niveau de l'offre un volet social l’obligeant à justifier du recrutement d' un pourcentage (parfois élevé) de personnels de proximité (2).

Dans le cas qui occupe la droite locale aujourd’hui nous aurions ainsi pu voir une entreprise française (ou espagnole) adjudicataire au  motif d’une garantie -par contrat- d'un recrutement de main-d’œuvre des quartiers dits « défavorisés ».

La subtilité de cette clause, soigneusement gardé sous silence dans le BTP, oblige l’adjudicataire à diminuer fortement l’appel aux sous-traitants étrangers. Cette clause est rarement utilisée car, à la vérité, l’on observe de plus en plus régulièrement des entreprises régionales faire appel à des sous-traitants de la péninsule ibérique pour « boucler » les budgets de soumissionnaires français (3).

Messieurs de la droite voilà l’angle qui vous aurez permis de faire mouche. Dommage. Vous avez trop hâtivement souhaité critiquer la gauche et perdu une occasion de produire un espoir chez les nombreux jeunes prêts à quitter Pôle emploi pour un job à côté de leurs domiciles...Mais il n'est jamais trop tard pour l'inscrire dans votre programme.

PS   Reste à nos élus de gauche à faire preuve de réalisme social en mettant en place systématiquement cette clause en application sur l’ensemble des marchés publics de la région (et  à contrôler l'application des règles de droit du travail sur les chantiers français).

(1) Nous pourrions faire mieux et plus...mais pour cela il faudrait revenir sur les traités européens.

(2)La pratique est courante dans un trop petit nombre d'entreprises ...en particulier chez les bailleurs sociaux

(3)Un peu comme chez Peugeot où l'on vous offre une voiture française fabriquée à Madrid, l'on voit de nombreuses camionettes espagnoles (ou portugaises) sur les chantiers contractés par des entreprises françaises.


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