Les jeux vidéo – comment pourrais-je ne pas l’assumer ? – c’est l’histoire d’une vie, l’histoire de ma vie. D’aussi loin que je me souvienne, jusqu’à tôt dans la prime enfance, il y a toujours eu des machines et des jeux. C’est-à-dire pas que des majorette et des parkings en plastique. Pas que des figurines Saint Seya ou San Goku (aussi belles furent-elles). Quelle était belle ma première expérience sur Commodore 64 aux 16 couleurs, « le modèle d’ordinateur le plus vendu au monde à ce jour ». Depuis, du béton a coulé sur les plages et la technologie a évolué. Jusqu’à un photoréalisme saisissant de rectitude (qui nous ferait même fuir les salles de ciné ?) que force Familles de France et associations assimilées cherchent en vain à condamner. Le sang, la mort, que de choses dont seul l’Etat exécutif peut se prémunir là-bas, pas si loin en fait, sur toutes les terres de conflit. Pour le côté paranoïaque, le versant catastrophé qui pousse également à être pris en faute, asociaux que nous sommes, de préméditer mille tueries pour pousser le spectacle un peu plus loin.
Il est en revanche une réalité que d’aucun saura nier, c’est l’isolement. De plus en plus poussé à mesure que les univers online s’étendent. Coincé dans la moulure de son siège de ministre, casque aux oreilles, une main sur la souris et quatre doigts à portée de raccourcis, le joueur moderne semble presque oublier qu’il y a de vrais gens qui ont de vrais discussions autour de vrais … bref, tout un univers mis à la porte. Et ce cher Blaise Pascal qui nous assenait que « le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». C’est comme s’il avait été entendu.
Or, il est tout un univers hors des turpitudes, et des joies (réelles), de la virtualité. Nietzsche ou Platon, deux points de vue, deux combats. Oui il est des gens qui se côtoient, et s’amusent, autour de jeux de société aussi bien que de jeux de figurines, avec pour accompagnement sinon un légitime space cake au moins un gâteau au chocolat, un paquet de Schokobons et de la bonne humeur en pagaille. Il est là, ce cosmos, à portée de marche à pied, sans doute à moins de 300 mètres d’ici, qui n’attend qu’à être mis à jour et qui n’aspire qu’à rendre nos vies plus sociales. IRL comme on dit. Il ne s’agit donc plus d’arrêter de jouer mais plutôt de le faire avec de vrais amis : ceux que nous avons délaissés pour nous abîmer dans quelque monde parallèle à basher, à looter, à fragger ou à farmer. Moi-même n’ai-je pas perdu une partie de ce qui me restait de contact avec la réalité dans un one shot de 15h sur Farming Simulator en l’honneur d’un bon papier ?
Néanmoins, et en cela nous suivrons la voie du Buddha, le plus dur n’est pas l’abstention mais la modération. Il ne s’agit pas, même pour moi, de vous écarter des écrans scintillants mais de pousser quelque réflexion sur une aliénation aujourd’hui presque consciente. Ce n’est donc plus à une pression sociale que nous faisons face mais à un choix. Fuir ? Se rendre sourd ? Se rendre aveugle ? Refouler la réalité ? Eh bien j’ai envie de dire heureusement pas que …
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble