Depuis quelques semaines le ciel
danse au-dessus du grand nord comme à Yellowknife. Magnifique. Le ciel danse comme
il a dansé les années passées à la même période. Epoustouflant. Vivement un
retour à Yellowknife un mois d’hiver pour admirer les aurores boréales !
Merci Takoya Morihisa
Aujourd'hi ma vie c'est d'la marde
À matin mon lit simple fait sur de me rappeler que je dors
dans un lit simple.
avec les springs qui m'enfoncent dans le dos comme des connes.
j'ai pu l'gout qu'on me parle de conte de disney.
le prince charmant c't'un cave pis la princesse c't'une grosse salope.
y'en aura pas de facile.
peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde.(2)
j'avais les genoux mous pi toute c'étais la plus belle affaire du monde.
on aurait pu être l'inspiration d'une toune de céline dion.
mais quand y'a vu l'autre fille qui étais plus chics que moi.
il l'a ramené chez eux drette devant mes yeux.
ostie de gang de pas de classe.
peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde. (2)
j'ferais attention à toi mon petit gars parce que mes chums de filles veulent
te casser les jambes (2)
j'ai l'air d'une grosse robineuse assie toute seule au bar
en bitchant toute la soirée à ceux qu'y'ont le malheur de m'écouter.
j'l'eu dit peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la
marde.
peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde.(3)
Paroles de Mary-Pier et Sonia Martel.
[
Aujourd'hui ma vie c'est de la marde -/www.lyricsmania.com/ ]
Biographie
Lisa Leblanc est née à Rosaireville, un hameau
acadien d'une quarantaine de personnes situé dans la municipalité de paroisse
de Rogersville au Nouveau Brunswick, Lisa LeBlanc a commencé sa carrière comme
chansonnière.
Après diverses représentations
dans sa région natale, Lisa LeBlanc gradue de l’Ecole nationale de la chanson
de Granby avec la cohorte 2010 et elle participe au 42e Festival
international de la chanson de Ganby en septembre 2010 où elle remporte le
premier prix. Elle est alors invitée à participer à des émissions telles que
Belle et Bum en octobre de la même année.
En mars 2012, elle sort
son premier album. Dès la première semaine, ce dernier se retrouve au premier
rang du palmarès des ventes iTunes Canada.
A l'automne 2012 elle
participe à la 26ème édition du Coup de coeur francophone. Elle se produit dans
tout l'Ouest canadien, notamment à Vancouver, Edmonton et à la Cité des
Rocheuses à Calgary.
2007 : Lauréate du Gala de la chanson de
Caraquet
Septembre 2010 : Lauréate du Festival
international de la chanson de Ganby
Mai 2012 : Révélation Radio-Canada 2012-2013
17 juillet 2012 : Disque d’or (40 000
ventes) pour l'album Lisa Leblanc
Octobre 2012 : Prix Félix, révélation de l’année
au gala de l’ADISQ.
Wikipedia le dimanche 3 mars 2013.
Stigmates
Comme toi qui me
lis, je suis né avec des cicatrices. Comme chacun de nous. Comme toi, comme
l’autre (comme Federman, comme Erving), comme tout le monde. Je suis constitué
avec et par elles. Les mêmes cicatrices. Naturellement, il y en a neuf. Je suis
né avec neuf cicatrices. Mais dès les premières années de ma vie, une dixième
est venue se greffer aux neuf premières qui, ai-je dit, sont naturelles. La
dixième n’est pas naturelle. Elle n’est pas la première, mais longtemps elle fut
la plus importante de toutes mes cicatrices. On me l’avait injectée (oui, je
dis bien « injectée »), comme un virus ou comme du venin. Je ne me
suis aperçu de rien. Certes, il m’est arrivé de me poser des questions:
« pourquoi s’adresse-t-on ainsi à
moi ? » « Qu’ai-je fait pour que l’on se moque de
moi ? » Mais ces questions étaient inutiles. Futiles. Inutiles et
futiles, car ceux qui injectent le poison ont (selon eux) toujours raison. Ont
toujours la vérité qui leur colle aux dix doigts de pieds. Ma dixième cicatrice
était connue de mes seuls amis et de mes proches. La plupart des gens que je croisais
ou rencontrais ne la voyaient pas ou mieux, ne la soupçonnaient même pas. Pas
immédiatement. Je ne suis pas né avec cette cicatrice, je le répète, mais j’ai
grandi avec elle. Elle ne m’a pas été offerte, ces choses-là ne s’offrent pas,
mais jetée à la figure comme on marque au fer un animal de bétail. On achève
bien les chevaux n’est-ce pas (c’est bien connu) ? Une marque indélébile (ou
presque). Très tôt je fus disqualifié. Dès l’enfance. On me l’a confirmé à l’adolescence.
Depuis, cette cicatrice m’a accompagné au gré des déambulations de la vie.
Tantôt elle prenait le dessus sur moi, tantôt c’est moi qui la vainquais. Je
dois à la vérité de dire que plus le temps a passé et plus je l’ai dominée. C’est
pourquoi j’en parle au passé. Lorsque l’homme (ou la femme) avance dans l’âge, il
apprend à relativiser l’importance des choses. A accepter un certain nombre de
choses qu’on rejette ou renie lorsqu’on a vingt ans. Il apprend à relativiser
l’importance des choses, à tolérer, éventuellement à pardonner. Mais le
corps-à-corps, car il s’agit bien de cela, un rapport de force terrible dans
lequel les points sont comptés, ce corps-à-corps est insidieusement permanent.
Lorsque c’est elle, cette dixième cicatrice qui dominait, lorsque ce stigmate refaisait
surface, lorsqu’il menait (gagnait) aux points, cela réduisait mon être à une
sorte de machin ou de pantin qui perdait partiellement ses moyens, qui bégayait,
qui ne savait plus dire les choses sans trébucher, sans rougir ou sans se
récuser. Se taire et parler à son journal (son journal, véritable ami intime). Certains
de mes amis d’alors, qui savaient tout de moi, ils connaissaient mon histoire
comme je connaissais la leur, certains de ces amis donc se mettaient à me
secouer « reprends-toi vieux ! » Nous étions jeunes. Mais lorsque
c’est moi qui la dominais cette dixième cicatrice (laquelle, je le rappelle, n’est
pas naturelle hein,
Rabarama Paola Epifani-Stigmate-2002
mais bien sociale, n’est-ce pas) lorsque c’est moi qui la
dominais, alors je me sentais pousser des ailes ! Je chantais à tue-tête,
j’adressais la parole à l’étrangère, j’interpelais les conférenciers, et même,
j’écrivais des textes complètement fous que je lisais à haute voix pour me
faire plaisir. De nouveau, encore et encore j’ai chanté à tue-tête, j’ai adressé
la parole à l’étrangère, j’ai interpelé les conférenciers, j’ai écrit des
textes complètement fous que j’ai lus à haute voix pour me faire plaisir. Des
inconnus attentifs m’ont un jour (taquin, je me suis demandé comment) entendu.
Ils ont tapé des mains, applaudi, souri. L’écriture, pensais-je, c’est ma vie. La
honte, la timidité, la maladresse, la tare, la mocheté, le complexe ; tous
les poisons qu’on m’injecta jadis fichèrent progressivement le camp. L’antidote
est pourtant à portée de chacun de nous. On n’en use pas ou bien très peu. Il
suffit pourtant de tendre simplement sa main, son être : écouter. Ne pas
juger. Comprendre. Conjuguer l’humilité. Se convaincre que la vérité est
arc-en-ciel.
Quant aux neuf
autres cicatrices (j’allais les oublier), bof, elles sont si banales et
communes à l’humanité entière que je me contenterai d’en rappeler les caractéristiques :
goût, odorat, regard, ouïe, jouissance et nécessité.
L’enfer cela
peut être les autres, ce n’est pas drôle du tout et j’y crois plus que jamais
(l’égalité comme le respect aussi).
A.Hanifi
Marseille 2010,
Paris 2013.