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Mouton Cadet - Baron de Rothschild : le miraculé du syndrome "mouton"

Publié le 07 mars 2013 par Fab @fabrice_gil

Le vieil adage "Nul n’est prophète en son pays" se vérifie aussi dans l’univers du vin.Il a fallu du temps à Mouton Cadet pour s’imposer réellement en France. Avec 3 millions de bouteilles sur les quelques 15 millions commercialisées dans le monde, le pays n’est devenu que depuis quelques années le premier débouché de ce vin de marque. Le concept, créé en 1930 par le Baron Philippe de Rothschild – propriétaire de Mouton Rothschild, a depuis fait des émules.Jusqu’au début des années 1990, le Mouton Cadet était essentiellement présent sur les tables de restaurants. Depuis, il s’est aussi développé en grande distribution, où il atteint un taux de référencement de 80% toute l’année, avec une pointe avoisinant les 100% lors de grosses opérations commerciales que tout le monde connaît.Face au développement des vins du "Nouveau Monde", la marque n’a cependant pas échappé à la remise en cause de sa fabrication. Une réflexion qui a nécessité deux ans d’observations… l’offre de la concurrence ayant été passée au crible de la dégustation pour essayer de la classer.Mouton Cadet ne cherche pas à séduire ceux qui regardent avec snobisme les vins de marque. Mais la maison Rothschild estime que dans le reste de la population, la marge de manœuvre est grande, en particulier auprès de ceux qui se déclarent non connaisseurs. Du reste la maison rêve de captiver de nouveaux consommateurs chez les femmes, mais aussi chez les hommes de moins de quarante ans.
Depuis 1993, à Pauillac (Médoc), Baron Philippe de Rothschild s’anime d’une ambition constante : produire les meilleurs vins du monde, chacun dans sa catégorie.Géraud de la Noue, actuel Directeur Général France Distribution de la maison, a répondu à quelques une de mes questions :
F.G : Bonjour Géraud de La Noue, selon vous, quels sont les caractéristiques d’un bon vin bordelais?G. de la Noue : Bonjour Monsieur, je dirais que la première qualité d’un bon vin, en l’occurrence du bordelais, c’est le plaisir qu’il procure chez celui qui le boit. Quand on choisit un vin, il ne suffit pas de savoir s’il est bon sur des critères objectifs mais plutôt subjectifs. Qu’il s’agisse d’un bordeaux ou de n’importe quelle appellation, il existe des vins dotés d’une technicité plus ou moins bien faite. En revanche tout réside dans l’art du vigneron à tailler ses vignes, tout réside dans l’art de la vinification que chaque maison et Châteaux possèdent sous leur propre modèle. Sachant que les techniques de vinification ont fait d’énormes progrès, aujourd’hui il est difficile de trouver un mauvais vin contrairement à ce que nous pouvions trouver il y a 30 ans.
F.G : Quelle différence existe-t-il entre vins de Châteaux et vins de marques?G. de La Noue : Un vin de château est un vin dont l’ensemble des raisins et du vin va venir d’un territoire situé autour d’un château. Logique ! 100% de l’approvisionnement provient d’un terrain délimité comme étant le château. Les vins dit de marques ou de négoce sont, eux, des vins fabriqués à partir : - soit de raisins achetés à des viticulteurs, - soit de vins achetés à des vignerons. Tout l’art du vin réside dans la virtuosité d’assemblage de vins provenant de différentes parcelles, de différents terroirs pour créer un vin de qualité homogène tout au long de l’année. Un vin dont le profil restera identique quelque soit le millésime.
F.G. : Pourquoi Mouton Cadet est-il un vin emblématique selon vous ?G. de La Noue : Mouton Cadet est emblématique parce qu’il contient tout le génie du Baron Philippe en inventant la traçabilité, c'est-à-dire la mise en bouteille au château. Il crée le fait de tracer le vin de la vigne à la bouteille. Il invente, également l’appellation Mouton Cadet en 1930, parce que il estime que la récolte de cette année là ne pouvait justifier d’être appelé Mouton Rothschild. Probablement avant tout le monde, la notion de second vin était née. Bien sûr, aujourd’hui, Mouton Cadet représente totalement autre chose. Il s’agit désormais d’un vin d’assemblage, qui ne provient pas d’un seul terroir mais qui possède une appellation Bordeaux doublée de notions liées au commerce équitable. Sa caractéristique est simple : l’approvisionnement en raisins ou en vins s’effectue de façon contractuelle en long terme avec des viticulteurs à l’égard desquels nous avons une véritable relation de partenariat. Pour illustrer mes propos, Baron de Rothschild apporte un véritable savoir-faire aux viticulteurs possédant 10-15 voire 20 ha en bordeaux. Viticulteurs qui ne pourraient s’offrir les services d’une équipe d’œnologue. On impose à ces artisans un certains nombres d’éléments : contrôle, utilisation de certains produits, à quelle date il faut effeuiller et traiter les vignes suivant un cahier des charges extrêmement précis. En contre partie, Baron de Rothschild s’engage à leur acheter 100% de leur récolte, quelqu’en soit le millésime. Chaque année ils sont notés. Un système qui offre une sécurisation à travers des contrats long terme sur nos approvisionnements, mais aussi une selection parcellaire. Quand on achète du vin en vrac, sur la place de bordeaux, par exemple un entre-deux mers ou un graves, on ne sait pas de quel parcelle il provient. Chez nous, on connaît ces parcelles en fonction de leurs informations propres. Ainsi l’assemblage est plus fin et beaucoup plus précis.
F.G. : Quelle est l’étendue du vignoble Baron de Rothschild ?G. de La Noue : Sur la partie Baron Philippe dans le bordelais, nous oscillons autour de 200 ha. Madame de Rothschild possède un domaine dans le Languedoc qui représente 60 ha cultivé.
F.G : Quelques mots sur les grands vins ?G. de La Noue : Mouton Rothschild 1961 est un des plus célèbre dans tout le bordelais. C’est un très grand millésime, un des millésimes classé du siècle dernier. 1982 également. Et plus récemment 2009 et 2010. Tout cela est dû à la magie de la vigne, de la première floraison à la première vendange. Les conditions d’ensoleillements et de pluviométrie sont tels que du début à la fin du processus de mûrissement de la vigne, on arrive à produire des millésimes exceptionnels.
F.G. Géraud de la Noue, quel est votre vin préféré ?G. de La Noue : (sourire) J’aime beaucoup un château appartenant à Madame de Rothschild : le Château d’Armailhac. Il s’agit d’un cinquième grand cru classé, beaucoup moins connu que Mouton Rothschild et qui se présente dans des prix beaucoup plus abordable que Mouton Rothschild. C’est un vin méconnu, un vin fantastique, avec un rapport plaisir-prix très intéressant.
F.G. Qu’aimez-vous le plus dans votre fonction aujourd’hui ?G. de La Noue : Ce que j’aime d’abord chez Baron de Rothschild, c’est le fait de travailler pour une famille qui a l’immense particularité de voir très loin, de voir bien au-delà du terme de la vie d’un être humain. Il est fascinant de constater que Madame de Rothschild a décidé, il y a quelques années de revoir ses installations techniques à Mouton Rothschild, à Château d’Armailhac et à Château Clerc Milon. Il s’agit là d’une œuvre de pérennité et de patrimoine. Je pense que dans nos métiers, la vision a long terme est essentielle… le cycle de la vie du terroir n’est pas celui de la bourse de New York ! Ensuite j’aime mon métier parce que le vin est un produit de plaisir et de convivialité. Un produit qui relie les êtres humains à condition de le consommer convenablement, avec modération.Enfin, quand on dirige une société de distribution, on a l’immense chance de travailler pour des gens qui produisent de belles choses et de se nourrir de la richesse de ces cultures d’entreprise. Un melting-pot de toutes les cultures de marques que Baron de Rothschild distribue… et cela n’a pas de prix. La richesse, naît de la diversité.Fabrice Gil Mouton Cadet rouge est issu d'un assemblage de cépages noble de : Merlot (65%) Cabernet Sauvignon (20%) et Cabernet franc (15%). Le Merlot apporte la rondeur et des arômes de fruits rouges bien mûrs, le Cabernet Sauvignon, la structure tannique et des notes de petits fruits noirs et le Cabernet franc élégance et fraîcheur. Température de service : 18-19°C. Accords : Entrecôte aux échalotes, poitrine de veau, canard, côtelettes d'agneau.
Mouton Cadet blanc est issu d'un assemblage de : Sauvignon (65%) lui donne des arômes frais, fruités et floraux, le Sémillon (30%) apporte rondeur et finesse, la Muscadelle (5%) des caractères aromatiques prononcés. Température de service : 10-11°C. Accords : Poissons grillé, sole meunière, saumon, pâtes fraîches.
Mouton Cadet rosé est issu d'un assemblage de cépages du terroir bordelais : le Merlot (65%) apporte les arômes de fruits rouges frais tels que la groseille et la framboise, le Cabernet franc (20%) développe la rondeur, l'élégance et le volume en bouche, et le Cabernet Sauvignon (15%) la structure fine et soyeuse, typique des rosés de Bordeaux. Température de service : 8-10°C. Accords : Grillade de poisson, brochette de poulet mariné au citron, cuisine provençale.

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