Magazine Médias

Afghanistan : l'intervention a coûté plus de 3,5 milliards d'euros aux contribuables en 12 ans

Publié le 11 mars 2013 par Copeau @Contrepoints

L’engagement en Afghanistan a coûté 3,5 milliards d’euros en dépenses militaires sans compter l'usure accélérée des matériels.
Afghanistan : l'intervention a coûté plus de 3,5 milliards d'euros aux contribuables en 12 ansLa Commission de la défense nationale et des forces armées a mis en ligne le 1er mars dernier son Rapport d'information concernant l'engagement des forces françaises en Afghanistan. Notamment ce rapport révèle les coûts de cette guerre, de 130 millions d'euros en 2002 à près de 500 millions pour la seule année 2012 :

À ce jour, l’engagement français en Afghanistan a coûté près de 3 milliards d’euros pour les seules dépenses militaires. Ce coût est une estimation minimale, certaines dépenses induites telles que l’usure accélérée des matériels n’étant pas comptabilisées. À l’échéance 2014, le surcoût total lié à l’opération devrait avoisiner les 3,5 milliards d’euros.

Une formation des forces de sécurité locales défaillante

Le rapport évoque également de grandes défaillances dans le programme de formation de policiers EUPOL Afghanistan, placé sous tutelle allemande avant de la transférer à l'Union Européenne :

Mise en place pour une période initiale de trois ans, EUPOL Afghanistan a vu son mandat régulièrement prolongé. Son budget est de 61 millions d’euros par an et couvre la formation de policiers[..]. L’effectif théorique est de 400 personnels, dont 36 experts. Près de 8 200 policiers devraient en être diplômés cette année.

Les formations restent cantonnées à un niveau qui se veut « stratégique » : des cours sont dispensés à Kaboul et dans six grandes villes afghanes, sans que les policiers formateurs n’accompagnent les élèves sur le terrain, dans des opérations concrètes [et] bien souvent [..], les personnels formés retrouvent leur poste initial, loin de pouvoir diffuser les enseignements dispensés lors des présentations d’EUPOL.

Ce dispositif est contesté : pour un coût relativement élevé, il ne présente que peu de résultats tangibles[..].

La France paraît particulièrement marginalisée dans ce dispositif. Outre la référence quasi exclusive aux règles de procédures anglo-saxonnes la direction de la mission est essentiellement britannique : le Royaume-Uni a obtenu quatre des six postes principaux, un seul revenant à la France dont la quote-part au budget du projet est pourtant supérieure.

Ces policiers sont rappelons-le chargé de la sécurité publique dans leur pays, et cette charge sera d'autant plus lourde lorsque les forces armées étrangères partiront.

Le sort particulier des traducteurs Afghans

Là encore le rapport de la Commission précise :

Avec le retrait de nos forces de ce théâtre d’opération s’est posée la question du sort des personnels civils de recrutement local (PCRL) employés par l’armée française pour les aider au quotidien [pour qui] il existe un risque réel de représailles à l’issue du départ de nos troupes, ce qui nécessite une prise en charge particulière des plus vulnérables. Cette question a été traitée au plus haut niveau de l’État pour assurer une protection adéquate au bénéfice de ces Afghans ayant œuvré au service de nos forces armées.

Depuis le début de l’engagement en Afghanistan les forces françaises ont fait appel à près de 800 PCRL [..].

De manière synthétique, l’État français propose  aux PCRL et leur famille : une prime de licenciement, une relocalisation en Afghanistan, et éventuellement une délivrance de visa pour la France en cas de menace grave et immédiate.

À ce jour, alors que la procédure de traitement de ces PCRL est en cours, 70 d'entre eux (pour un total de 166 personnes familles comprises) ont été accueillis en France dans 16 départements différents.

Un bilan humain difficile à évaluer

Les personnels exposés à des périodes de conflits développent des troubles psychiques souvent graves, et c'est ce que note ce rapport concernant le cas de l'Afghanistan :

Près de 60 000 Français ont servi sur le théâtre afghan. Sur ce nombre, une proportion significative souffrirait de blessures post-traumatiques. D’après les données fournies aux rapporteurs, elle s’établirait entre 4 et 10% des effectifs . Il s’agit d’une approximation car pour une moitié de ces personnels il est difficile de savoir dans quelle mesure l’engagement sur ce théâtre difficile, pour un mandat plus long que la moyenne (six mois au lieu de quatre dans les [opérations extérieures] « classiques »), a été un facteur direct de troubles ou si ses effets ne font que « s’ajouter » à d’autres difficultés, la question se posant en particulier s’agissant des divorces.

Quels bilan et retour d'expérience tirer de ce conflit ?

Le rapport relève cinq types de faiblesses révélées par les opérations du conflit afghan, quatre d'ordre purement militaires, un de portée politique :
"Sur le plan des moyens, la manœuvre de retrait met en évidence d’importantes fragilités dans les capacités de transport : si elle n’avait pu recourir aux Antonov 124 et Iliouchine russo-urkrainiens, l’armée française n’aurait certainement pas pu opérer la manœuvre de retrait :

  • "Ce qu’a révélé le théâtre afghan a été confirmé par la suite en Libye ou en Somalie : la France manque nettement de moyens de ravitaillement en vol ou encore de drones de moyenne altitude longue endurance, dits MALE. Ces derniers doivent non seulement voler sur une longue durée, mais également être capable de traiter des cibles"
  • "l’influence de la France sur la conduite générale des opérations de la FIAS menées sous l’égide des Américains était nécessairement plus limitée, compte tenu de la proportion de soldats français dans les effectifs de l’Alliance"
  • "Un motif de regret résiderait certainement dans le partage du renseignement [enre alliés]"
  • "il existe une difficulté réelle à exercer le contrôle parlementaire sur ce type de théâtre pendant les opérations, mais également après. [..] C’est là certainement une faiblesse de nos institutions, qu’il ne s’agit pas d’imputer à un acteur ou à un autre, mais qu’il convient de rappeler"

Le rapport est disponible en ligne sur le site de l'Assemblée Nationale.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Copeau 583999 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte