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Des milliards d’insectes modifiés génétiquement vont être disséminés dans les fruits et légumes

Publié le 11 mars 2013 par Eldon

D cors Muraux Collioures 1 Des milliards d’insectes modifiés génétiquement vont être disséminés dans les fruits et légumesDes Frankenstein par millions. C’est donc la dernière proposition d’Oxitec, une firme « apprenti sorcier » qui n’est pas à son coup d’essai: modifier génétiquement les insectes des fruits et légumes.

L’organisation GeneWatch Royaume-Uni  a ainsi été amenée à rejeter le nouveau projet de règlement européen pour l’autorisation d’insectes, de poissons, d’animaux de fermes et domestiques génétiquement modifiés.

La firme britannique Oxitec a déjà fait parler d’elle avec ses essais de moustiques transgéniques dans les Iles Caïman et en Malaisie et dernièrement avec des lâchers à grande échelle au Brésil, avec le soutien des autorités de ce pays. Cette même firme travaille sur des papillons et mouches génétiquement modifiés. Si ce nouveau projet de règlement européen était approuvé, ce sont des milliards de chenilles et d’oeufs de papillons et insectes génétiquement modifiés qui pourraient se retrouver dans les fruits et légumes.

Les insectes ont été modifiés génétiquement afin que leurs chenilles meurent à l’intérieur des olives ou des tomates ou sur les feuilles des choux. La compagnie Oxitec prévoit de relâcher ses ravageurs modifiés génétiquement partout dans l’Union européenne afin qu’ils s’accouplent avec leurs congénères sauvages dans le but d’en réduire le nombre. Afin d’avoir un effet sur les populations sauvages, il faut procéder chaque semaine à de nouveaux lâchers d’insectes GM.

La menace est très sérieuse. Après les lâchers massifs de moustiques GM au Brésil dans des conditions qui ne peuvent qu’inquiéter, Oxitec pourrait être très bientôt actif en Espagne.

Un des principaux ravageurs pour les oliviers est la mouche de l’olivier (bactrocera olea). Chaque année les producteurs

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d’huile essayent de réduire la présence de ce ravageur par des épandages aériens et des mesures de contrôles au sol comme les phéromones.

Oxitec a déjà développé des mouches de l’olivier mâle qui sont modifiées génétiquement de façon que leurs descendants meurent.

L’ébauche de cadre, publiée pour consultation par l’EFSA, exclut spécifiquement tout test pour savoir si les insectes et chenilles modifiés génétiquement présentent un risque alimentaire.

Pour Helen Wallace : « Personne ne veut manger des chenilles GM mortes ou en train de mourir dans ses olives ou ses tomates. Et personne ne sait si les ravageurs GM qui sont encore vivants vont se retrouver dans le jardin ou dans le champ du paysan du coin. Ce que propose l’EFSA, c’est une partie de poker avec notre alimentation et l’environnement. »

GeneWatch Royaume-Uni a écrit à la Commission européenne pour dénoncer le rôle qu’Oxitec et Syngenta, le géant mondial des pesticides, jouent dans la rédaction des nouvelles règles, et pour poser la question de la compétence qu’a l’EFSA pour rédiger des lignes de conduite sur des problèmes qui ne sont pas de son domaine.

Syngenta a financé Oxitec pour développer des ravageurs agricoles GM et la majorité des cadres et des membres du conseil d’administration d’Oxitec sont des anciens de Syngenta. Lors de la consultation, GeneWatch a mis en évidence dans sa réponse, la manière dont les compagnies ont déformé l’ébauche de cadre pour favoriser les autorisations d’insectes GM à utilisation commerciale.

Toujours selon Mme Wallace : « Les compagnies qui espèrent gagner de l’argent en jouant avec la santé des gens et l’environnement, écrivent elles-mêmes leurs propres règles. A quoi sert une autorité de sécurité des aliments qui ne veut pas faire son travail ? »

Les points qui inquiètent GeneWatch sont les suivants :

- L’EFSA affirme que les risques alimentaires des insectes présents dans les aliments ont été abordés lors d’une précédente consultation qui en fait les a explicitement rejetés; – L’EFSA n’explique pas comment on pourrait empêcher des oeufs d’insectes ou de poissons GM de se retrouver au mauvais endroit et de nuire à l’environnement;

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- L’EFSA a essayé de changer son domaine d’action et d’y inclure les prétendus « avantages » (réduction de l’usage des pesticides) : cela ne fait pas partie du rôle de l’EFSA dans la réglementation européenne. – L’environnement naturel va s’adapter aux lâchages d’insectes GM avec des réponses complexes qui ont été ignorées, alors que la réduction d’un ravageur par la méthode Oxitec peut rendre les problèmes avec un autre ravageur encore pires. – les impacts des insectes GM sur les maladies touchant humains et animaux sont très mal compris et n’ont pas été correctement pris en compte.

- L’EFSA a ignoré les risques qu’il y a à relâcher plus d’un type d’insecte GM dans une même zone les projets d’Oxitec de combiner les ravageurs GM avec les plantes GM comme méthode pour essayer de ralentir la progression de la résistance des ravageurs aux plantes insecticides GM (plantes Bt); – le lâchage de poissons GM pourrait avoir de graves conséquences pour les poissons sauvages et pour l’environnement; – on continue d’ignorer le fait que des animaux de ferme GM perdent spontanément leurs petits ou mettent bas des animaux déformés ou morts nés. La commercialisation des animaux GL passe avant le bien être animal.

Source: NewsPress via Actuwiki

Aller plus loin avec InfOGM:

Des risques de l’introduction d’Insectes Génétiquement Modifiés ont été déjà identifiés: 

- possibilités de dissémination des transgènes par transfert horizontal (à d’autres espèces) et vertical (aux descendants), – effets sur les organismes non cibles, sur les organismes ciblés (changement de l’équilibre des populations par exemple), sur la biodiversité, sur l’homme (allergies, irritations, etc.), sur les pratiques agricoles…

- questions de protection de la biodiversité puisqu’il s’agit de viser à éliminer un maillon d’une ou plusieurs chaînes de relations entre êtres vivants (cf. aussi encadré ci-dessous).

-  « défaillance » du système basé sur des insectes GM. Dernier exemple en date : le cas des insectes porteurs d’un gène létal contrôlé par la tétracycline. Un document confidentiel d’Oxitec, révélé par GeneWatch, montre qu’il a été observé que 3% des descendants de ces insectes survivent même en absence de tétracycline alors qu’ils sont censés mourir. Par ailleurs, la tétracycline peut être donnée involontairement à ces insectes du fait de sa présence dans la nature, notamment dans les eaux usées

Plusieurs autres risques sont suspectés :
- Impacts sur les espèces : transmission plus efficace d’autres maladies ; occupation par d’autres espèces, vecteurs de la même ou d’autres maladies, de la place « libérée » par le moustique éliminé ; occupation par des « parasites agricoles » de la place libérée ; problèmes sanitaires posés par le moustique GM ;
- Impacts en termes d’adaptation : contournement par les moustiques de la suppression de population, gain de compétitivité…
- perte d’efficacité de la caractéristique transgénique
- adaptation de l’agent infectieux véhiculé par les moustiques.

Facteur aggravant de ces impacts, on ne maîtrise pas la répartition géographique de ces insectes GM, une fois relâchés dans la nature.

Bref, comme l’écrit très bien InfOGM, le remède est pire que le mal:

« Tenter de réduire l’impact du paludisme ou de la dengue est un enjeu sanitaire fort. Mais pourquoi avec des moustiques transgéniques ? La course à l’innovation technique qui, jusqu’à présent, a permis des grands bonds vers un état sanitaire globalement meilleur pour l’être humain, a changé de nature avec l’arrivée des plantes et autres animaux transgéniques. Car la transgenèse a le pouvoir de modifier en profondeur la biosphère. Or, si on souhaite évaluer le rapport bénéfice / risque, encore faut-il que les grandeurs à mesurer soient comparables. Il y a bien sûr un bénéfice pour une population donnée, mais d’autres pistes existent pour réduire l’ampleur de ces maladies, qui n’ont pas été entièrement explorées. Le risque d’altération de la biosphère implique que la justification sanitaire ne tient plus. Nous pourrions évoquer la piste des vaccins, mais aussi et surtout l’amélioration des conditions de vie de populations touchées. Selon le Dr. Jaime Breilh, épidémiologue et professeur à l’Université Simon Bolivar, en Equateur, la recrudescence de ces maladies est liée à de multiples facteurs : la détérioration des zones urbaines (notamment des bidonvilles), la crise des systèmes de santé, la non disponibilité en eau courante qui oblige à stocker l’eau dans des récipients (souvent ouverts) qui favorisent le développement des moustiques, l’absence de « tout à l’égout », la paupérisation liée à l’exode rural, etc. L’on pourrait même dire que ces approches biotechnologiques, fausses solutions coûteuses, ont plutôt surtout tendance à détourner l’attention des causes structurelles de ces fléaux… »


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