L’achat d’un ensemble casque est un exercice difficile. Nous constatons souvent de nombreuses déceptions suite à des acquisitions hâtives ou hasardeuses.
A ce jour, nous avons été propriétaires d’une grande quantité de matériel de tout prix et nous avons subi de nombreux déboires. Mais, heureusement, nous en avons tiré quelques enseignements (que nous avons parfois encore du mal à suivre nous-même…) ! Nous vous proposons ainsi huit règles simples qui vous assurent, sinon la certitude de ne pas vous tromper, celle d’avoir fait ce qu’il faut pour limiter les risques.
1. Définissez clairement vos objectifs
Vous avez besoin d’un casque pour une écoute nomade ? Cela implique une sensibilité élevée et probablement une structure fermée. Vous recherchez un modèle pour des écoutes sédentaires dans votre logis ? Les critères seront différents. Prévoyez vous d’utiliser une platine CD ? La carte son de votre ordinateur ? Avez-vous vraiment besoin d’un amplificateur dédié ? Les étages casques de certains amplificateurs ou platines CD sont de bonnes qualités… Internet permet aujourd’hui de se documenter efficacement, et si nous essayons de vous donner quelques pistes sur ce blog, d’autres le font également. Apprenez à décrypter un minimum les informations données par les constructeurs afin de discerner ce qui est important de ce qui ne l’est pas, prenez le temps de «travailler» un minimum le sujet afin de ne pas arriver totalement ignorant devant les pages du site sur lequel vous ferez votre achat ou en face du vendeur de la boutique où vous prévoyez de vous rendre. Tous les casques ne se valent pas, tous ne sont pas destinés au même usage et la déception peut être grande en cas de mauvaises associations ! N’hésitez pas à parcourir les forums spécialisés en restant extrêmement méfiants sur les courants de pensées à la mode – surtout lorsqu’ils ne semblent portés que par un très petit nombre de contributeurs, à poser des questions et surtout à confronter les opinions.
2. Définissez clairement votre budget
…et respectez le ! Il est tellement facile de se laisser entraîner dans des dépenses inconsidérées que la définition d’un budget est un pré-requis indispensable, d’autant plus qu’il existe des modèles intéressants pour toutes les bourses. Pensez également aux frais indirects, tels que l’achat d’un éventuel amplificateur dédié ou d’une connectique particulière lorsque cela est nécessaire. Enfin, ne partez pas du principe que « plus c’est cher, mieux c’est», car ce serait faire une grossière erreur. La hi-fi demande de la cohérence et un casque à 1000€ couplé à un baladeur n’a pas de sens. Il faut choisir un modèle en adéquation avec sa ou ses source(s), et en tout état de causes, la somme que l’on souhaite/peut allouer est à considérer au regard des objectifs que l’on s’est fixés. En revanche, méfiez-vous sérieusement des affaires qui semblent « miraculeuses », car – et c’est un triste constat, beaucoup d’appareils très bons marchés issus des pays asiatiques essentiellement, n’apportent strictement rien à l’écoute. C’est le cas par exemple d’un grand nombre d’amplificateurs portables. Vigilance donc.
3. N’achetez jamais «à l’aveugle», sans possibilité de retour
Autrement dit, éliminez d’office les enseignes et/ou les boutiques en ligne qui ne vous laissent pas écouter le matériel dans de bonnes conditions et/ou qui ne reprennent pas les casques en cas d’insatisfaction. Les boutiques en ligne permettent souvent d’acheter à des prix intéressants et sont tenues par la loi de reprendre le matériel pendant sept jours au minimum. Certaines étendent cette possibilité à 30 jours, ce qui est plus que confortable pour essayer correctement un matériel dans de bonnes conditions. En revanche, toutes les boutiques en ligne n’offrent pas la même qualité de service en ce qui concerne les politiques de retour et il peut être parfois compliqué de se faire rembourser. Privilégiez donc les enseignes connues et réputées pour être efficace à ce niveau, ou bien au contraire les « artisans » qui sont bien souvent à l’écoute et qui offrent un contact facilité et une approche différente. A côté de cela, nous vous incitons à ne pas négliger les vraies boutiques spécialisées, avec un contact humain, un accueil sympathique et un conseil sérieux. Les tarifs y sont parfois plus élevés que sur les sites de commerce en ligne, mais certaines proposent des conditions de test et d’écoute vraiment agréables, ce qui mérite bien de payer un peu plus cher. Bannissez en revanche les enseignes «supermarchés», qui ne vous offrent aucuns services et qui vendent tout beaucoup plus cher qu’ailleurs.
4. Méfiez vous des contrefaçons
C’est une véritable plaie ! Beaucoup de casques et de matériels hi-fi sont aujourd’hui contrefaits, notamment en Chine et proposés par des vendeurs peu scrupuleux principalement sur eBay. Soyez donc très méfiants face aux offres trop alléchantes en terme de tarif ou aux énoncés douteux ! Ne perdez pas de vue qu’un article vendu parfois 10 fois moins cher que son prix généralement constaté, en plus de ne pas vous apporter le plaisir et la qualité attendus, peut présenter un risque en terme de sécurité de par l’absence de contrôles qualité adéquats. S’il est vrai que les importateurs contribuent parfois à faire monter les prix de manière discutable, rendant les achats « à la source » particulièrement tentants, soyez extrêmement vigilants sur ce point. Informez-vous sur les vendeurs, exigez les certificats d’authenticité, de garantie. N’hésitez pas à contacter les fabricants afin obtenir la liste des distributeurs autorisés et à dénoncer toute annonce clairement malhonnête.
5. Testez avec votre baladeur et vos CDs
…et méfiez vous des CDs utilisés dans les boutiques, car ils sont la plupart du temps excellents ! Il s’agit souvent de disques de démonstration qui proviennent de constructeurs de renom tels que Linn, Dali, Naim Audio… Les prises de sons et la qualité des pressages sont exceptionnels et souvent (hélas !) peu représentatifs des productions habituelles. Une écoute basée uniquement sur ces objets désirables se soldera presque à coup sur par une réelle déception une fois chez vous. Les boutiques sérieuses ne vous refuseront jamais l’usage de vos propres disques et vous y encourageront au contraire. De la même manière, n’ayez pas de complexes en ce qui concerne vos goûts musicaux ! Vous n’allez pas faire des écoutes pour briller auprès du vendeur, mais pour décider d’acheter un objet que vous utiliserez des années durant. Donc, que vous aimiez le Baroque, le Death Metal, la Variété, le Rap ou le Zouk, emportez ce que vous écoutez, ce que vous aimez et si le vendeur émet une critique ou un sourire déplaisant, allez voir ailleurs ou achetez en ligne ! Idem pour votre baladeur si vous êtes en quête d’un casque pour des écoutes nomades. Ce type de matériel pose un certain nombre de contraintes liées à la puissance, au format d’encodage des fichiers, et il est impératif de pouvoir tester en situation réelle. De même, si vous possédez déjà ou projetez d’acquérir un amplificateur dédié, il est fortement préconisé d’écouter le couple ; car autant il y a des associations très heureuses, autant le pire est également possible ! Ici encore, aucun revendeur sérieux ne vous refusera ce branchement simple et si c’est le cas, changez de boutique ! Inutile de préciser que sur ce sujet précis, les boutiques en ligne ont un attrait certain.
Un conseil supplémentaire : dans le cas d’un casque nomade destiné à être écouté en environnement bruyant (transports, rue passante…), il est intéressant de pouvoir le tester en extérieur, car bien souvent le ressenti est très différent. Il est évident que peu de boutiques vous laisseront sortir avec le casque sur les oreilles. Pour ma part, j’ai coutume de laisser «en otage» mon portefeuille ou carrément mon sac, si j’en possède un, le temps de faire quelques pas devant la boutique en restant toujours en vue du personnel afin de bien lui montrer que je ne vais pas piquer un sprint au dernier moment.
6. N’achetez jamais après la première écoute
Sauf s’il s’agit d’un modèle peu cher et que vous êtes prêt à sacrifier une poignée d’euros, le coup de foudre est très rarement une bonne idée dans le domaine qui nous intéresse. La bonne démarche consiste en revanche à effectuer une première série d’écoutes. Laissez passer quelques jours, puis recommencez l’opération jusqu’à ce que le choix s’impose de lui-même, qu’il s’agisse de casques, d’amplis ou de n’importe quel autre type de matériel. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que la comparaison directe est un exercice extrêmement délicat compte-tenu de la nature docile de l’oreille en ce qui concerne «l’apprentissage». Et il est quasiment impossible de faire des écoutes objectives sur 10 modèles en même temps. Tout au plus serez vous capables d’éliminer ceux que vous estimez être vraiment mauvais, mais guère plus. En ce qui me concerne, j’ai regretté quasiment tous les achats que je n’ai pas mené de cette manière.
7. Donnez du temps au temps…
Si vous êtes habitués à un casque ou à un ampli (même si cela est surtout vrai pour les casques) que vous possédez déjà, ou bien à un style d’écoute traditionnel aux enceintes, il est presque certain que le nouveau compagnon que vous allez acquérir va vous décevoir durant les premières heures. Nous sommes nous-mêmes bien souvent victime de ce phénomène… En effet, nos oreilles sont habituées à une restitution sonore donnée et le fait de leur en fournir une autre les perturbe au plus haut point, même si les écoutes éventuelles en magasin semblaient pourtant satisfaisantes. Pas assez de grave, trop d’aiguë, un son en retrait… Autant de défauts qu’il est courant de relever aux débuts avec un nouveau matériel. Notre ouïe a besoin «d’apprendre» et de s’adapter à cette nouvelle manière d’entendre. C’est la raison pour laquelle il faut résister face au jugement initial, qu’il soit excellent ou très mauvais, lors des premières heures, et au contraire donner sa chance au matériel de le jauger vraiment. Nous conseillons au minimum une semaine d’écoute régulière et exclusive d’un nouveau casque. Cela permet de pouvoir utiliser la politique de retour éventuelle du lieu d’achat. Quelques fois votre avis se sera grandement amélioré à l’issu de cette période, d’autres il aura gravement empiré. Si vous possédez déjà un matériel que vous connaissez, réécoutez-le toujours à l’issue de cette période probatoire, cela vous aidera à trancher ; car si l’oreille est capable d’apprendre assez rapidement, elle oublie en revanche bien plus lentement (voir pas du tout) et une écoute apprise est une écoute acquise. En ayant plusieurs casques, vous multipliez vos expériences et vos ressentis, vous ne les remplacez pas.
Un mot sur le «rodage» : ce sujet déchaîne souvent les passions lors des échanges entre initiés, certains affirmant que la plupart des casques ont besoin de fonctionner des centaines d’heures avant de livrer leur potentiel, tandis que d’autres assurent qu’il ne s’agit en aucune manière d’une modification mécanique, mais d’une adaptation de l’auditeur liée à la psycho-acoustique (dans l’idée de ce que j’évoque ci-dessus). Il n’existe pas d’étude scientifique permettant d’affirmer ou d’infirmer qu’un casque doit être rodé ou non, chacun possède donc une opinion sur la question. Nous pensons que la vérité se situe probablement à mi-chemin et que cela dépend des modèles. Nous avons parfois eu l’occasion d’écouter des modèles identiques, neuf d’un côté et datant de plusieurs mois de l’autre, en notant parfois une différence, parfois aucune. Quoiqu’il en soit, il est probable qu’à l’usage, un casque voit sa signature évoluer modérément, mais nous ne croyons crois pas au changement radical. Il est certain, par contre, que l’oreille s’adapte à cette nouvelle écoute dans tout ce qu’elle a de subtile ! Rodage ou pas, prenez le temps de «laisser vivre» un nouveau casque, gardez vous donc des jugements à l’emporte-pièce, et si cela vous rassure de le laisser tourner la nuit, rien ne s’y oppose.
Pour approfondir ce sujet, vous pouvez parcourir la FAQ du légendaire site américain Head-fi.org ainsi que cet article en deux parties (2ème partie ici) issu du site Innerfidelity.com par ailleurs fort bien fait.
8. Ecoutez votre musique, pas votre casque !
S’il est naturel et nécessaire de porter toute son attention sur la restitution sonore de son nouvel achat pour l’analyser, s’y habituer et se convaincre que l’on a fait le bon choix, il est aussi fondamental de savoir «lâcher prise» pour se laisser porter par la musique. C’est à ce prix que l’oreille saura s’adapter pour véhiculer l’émotion, car c’est bien là le but final, vous en conviendrez certainement ! Un casque ne sera bon ou mauvais que s’il sert ou non cette cause là et nulle autre. Qu’il apporte plus ou moins de détails, qu’il ait plus ou moins de ceci ou de cela, n’a strictement aucune importance si le plaisir existe. Et pour le savoir, il faut écouter de la musique, votre musique, celle que vous aimez ! Apprenez donc à faire cet exercice difficile, consistant à savoir prendre du temps pour relâcher l’attention que vous portez au son à proprement dit, au profit de la musique. C’est fondamental !
Juste une dernière chose…
S’il vous plait… Au nom de tous les magasins et de tous les vendeurs indépendants qui continuent d’essayer d’exister en proposant quelque chose de plus que les boutiques en ligne associées à la grande distribution et qu’eBay, ne pratiquez pas (autant que faire se peut) la politique consistant à y passer des heures à tester, prendre conseil, pour finalement acheter au moins cher sur Internet. Considérez que le maintien d’un local commercial et d’un stock ont un coût et que le contact humain entre passionnés est une chose importante ! Une heure passée au téléphone pour prendre conseil vaut bien quelques euros de plus, surtout si c’est de surcroit la garantie d’un SAV de qualité. Je n’ai rien contre les boutiques en ligne « mass market », je les utilise énormément, mais lorsque j’ai une expérience agréable avec un commerçant honnête et aimable, j’accepte de bon coeur de payer un peu plus. Evidemment, la différence est parfois significative, mais il est souvent possible de discuter un peu les prix (en évitant de jouer au marchand de tapis) avant de décider d’acheter ailleurs. Quoiqu’il en soit, il est toujours possible de procéder directement à une commande en ligne auprès d’un site qui offre une politique de retour fiable et simple, sans utiliser la technique du «je vais passer 3 heures dans telle ou telle boutique ou au téléphone en sachant pertinemment que je n’achèterai rien».
Merci pour eux et pour nous, pour que subsistent ces lieux et ces personnes où et par qui nous aimons alimenter notre passion pour la musique.
Le cas de la FNAC : sachez que les casques ne sont plus couverts par leur engagement de reprise sous 15 jours. A l’heure où les boutiques internet offrent toutes un délai de rétractation systématique d’au moins sept jours (trente dans bien des cas) et offrent des tarifs hyper-concurrentiels, c’est tout simplement incroyable, mais c’est comme ça. Certains casques sont à l’écoute, mais les conditions sont souvent inconfortables (pas de sources disponibles autres que vos baladeurs, connectiques souvent défectueuses, casques en mauvais état…). De plus, les prix pratiqués sont déconcertants, à de (très) rares exceptions près (le matériel AKG est par exemple deux fois plus cher qu’ailleurs) !. C’est la raison pour laquelle, malgré la proximité et le côté pratique, nous vous déconseillons plus que fortement cette enseigne, au profit des boutiques qui font un effort pour rester concurrentielles et surtout offrir une vraie qualité de service.Si vous souhaitez discuter avec nous sur ce sujet, n’hésitez pas à nous rejoindre ici, sur le forum.