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Conclave de mars 2013 : l’inconnu du Vatican, docteur et pasteur

Publié le 12 mars 2013 par Sylvainrakotoarison

Extrait du Code de droit canonique : « S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit. » (canon 332 §2).

yartiConclave201302Dans l’après-midi du mardi 12 mars 2013, la Chapelle Sixtine, collée à la Basilique Saint-Pierre de Rome, fermera ses portes jusqu’à ce qu’un nouveau pape soit élu. Il sera alors 16h45. Ce sera le conclave de mars 2013. Les cardinaux y seront enfermés (cum clave : fermé à clef) et dormiront à la résidence Saint-Marthe autant de temps qu’il le faudra. Les ondes électromagnétiques seront brouillées pour éviter la communication avec l’extérieur. Le premier scrutin interviendra avant 19h15 et quatre scrutins, le cas échéant, se dérouleront le lendemain à partir de 9h30, et ainsi de suite (la règle exacte dans ce texte officiel).

Monarchie élective

Un conclave est la réunion à huis clos de tous les cardinaux électeurs (c’est-à-dire âgés de moins de 80 ans) pour élire le nouveau pape. C’est une monarchie donc très particulière puisqu’elle n’est pas héréditaire (et pour cause, les prêtres ne peuvent pas se marier ni avoir des enfants, même si, en théorie, un laïc peut être nommé cardinal et même si le pape peut n’être qu’un simple catholique, homme cependant). Pas héréditaire mais élective.

Et élu par une élection très particulière, puisqu’il est interdit aux éventuels prétendants de faire campagne, et si le vote est secret, il est quand même interdit de voter pour soi. C’est pourquoi il est nécessaire de recueillir une majorité des deux tiers. Les papes élus de manière très serrée demandaient généralement un nouveau vote pour avoir une plus large majorité et pour que son vote personnel ne soit pas soumis à quelques suspicions.
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Un conclave est un événement mondial très rare. Il n’y en a eu que cinq sur les cinquante dernières années : du 19 au 21 juin 1963 pour l’élection de Paul VI, du 25 au 26 août 1978 pour l’élection de Jean-Paul Ier, du 14 au 16 octobre 1978 pour l’élection de Jean-Paul II, du 18 au 19 avril 2005 pour l’élection de Benoît XVI et enfin, à partir du 12 mars 2013 pour le prochain pape. Pour conclure l’élection, il a fallu respectivement 6, 4, 8 et 4 tours de scrutin, ce qui peut être considéré comme relativement peu élevé.

Événement historique

Bien que second conclave du XXIe siècle, ce conclave sera historique car pour la première fois depuis près d’un millénaire, le pape précédent n’est pas encore mort au moment de l’élection de son successeur. Réunissant dans la Salle Clémentine tous les cardinaux déjà présents à Rome, le 28 février 2013, dernier jour de son pontificat, Benoît XVI leur a déclaré très simplement : « Parmi vous, parmi le Collège cardinalice, il y a aussi le prochain pape, auquel je promets déjà, aujourd’hui, révérence et obéissance inconditionnelles. ».

Même dans le cas de la renonciation de Grégoire XII, le 4 juillet 1415 (avant-dernier cas de renonciation avant Benoît XVI), son successeur Martin V n’avait été élu qu’après la mort de ce dernier (la situation était cependant très confuse avec la présence de plusieurs antipapes à Pise et à Avignon). Refusant de s’impliquer dans des affaires qui ne le concernent plus, Benoît XVI a préféré momentanément s’éloigner pendant quelques semaines dans la résidence d’été des papes, à Castel Gandolfo, un petit remake des vacances irlandaises de De Gaulle pendant l’élection de son successeur.

Retour dans l’histoire de la papauté

Il faut remonter au précédent de Célestin V pour retrouver le cas d’un conclave réuni avec un pape renonciateur encore vivant. Élu pape le 5 juillet 1294 à 85 ans (la vacance du Siège apostolique durait depuis le 4 avril 1292), Célestin V avait renoncé à son pontificat le 13 décembre 1294 (après cinq mois). Le conclave s’est réuni le 24 décembre 1294 pour élire Boniface VIII qui fit enfermer son prédécesseur pour éviter toute contestation juridique (mort le 19 mai 1296, Célestin V fut canonisé très rapidement, dès le 5 mai 1313, pour des raisons surtout politiques).

Avant la renonciation de Célestin V, il y a eu quelques autres cas historiques dont le caractère libre de la renonciation (à distinguer des dépositions) n’a jamais vraiment été établi : Grégoire VI le 20 décembre 1046, Benoît IX le 1er mai 1045 (il aurait en fait renoncé trois fois), Sylvestre III le 10 mars 1045 (ces trois papes furent vivants déjà élus papes ensemble et furent tous les trois déposés), Jean XVIII le 18 juillet 1009, Benoît V le 23 juin 964, Martin Ier le 8 septembre 654, et Pontien le 28 septembre 235.
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Notons entre parenthèses que rien n’est prévu en cas d’incapacité du pape. Il est impossible de convoquer un conclave sans sa propre renonciation librement consentie. On peut imaginer dans l’avenir par exemple un pape qui serait dans le même cas que l’ancien Premier Ministre israélien Ariel Sharon, toujours vivant après sept ans de coma profond, dans lequel il a plongé le 4 janvier 2006 à l’âge de 77 ans. Dans les textes actuels, il serait impossible aux cardinaux d’élire un nouveau pape tant qu’il serait vivant.

Simple pèlerin

La simplicité de Benoît XVI s’était également exprimée dans ses dernières paroles à son arrivée à Castel Gandolfo, attendu par de nombreux fidèles : « Vous savez que cette journée est différente des précédentes. Je ne suis plus …pontife suprême de l’Église catholique. Je le suis encore jusqu’à huit heures, ce soir, mais après, je ne le suis plus. Je suis simplement un pèlerin qui commence la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. Je voudrais encore avec mon cœur, mon amour et ma prière, avec ma réflexion, avec toutes mes forces intérieures, travailler pour le bien commun de l’Église et de l’humanité. Et je me sens très soutenu par votre sympathie. Merci à vous ! ».

Depuis l’annonce de sa renonciation, le 11 février 2013, Benoît XVI a suscité bien des pronostics et des rumeurs sur l’identité du futur pape. Il est à noter que l’élection se fera "joyeusement" au sens où les cardinaux ne seront donc pas en deuil du précédent pape. Séparer les deux événements ne peut être que bénéfique dans la recherche d’un successeur, faite hors de l’émotion et de la peine qui avaient probablement avantagé Josef Ratzinger lors de la mort de Jean-Paul II parce qu’il était son plus proche collaborateur.

Tout le monde s’évertue d’ailleurs à rappeler que les cardinaux papables sont rarement ceux qui sont réellement élus et que cela pourrait même avoir un effet négatif. Cela dit, l’élection de Benoît XVI avait été l’hypothèse la plus probable en avril 2005 avant le précédent conclave. Mais il est vrai que la vraie surprise serait qu’il n’y ait pas de surprise.

Composition du corps électoral

Rappelons tout d’accord quelques éléments factuels. Sur les 207 cardinaux encore vivants, membre du Collège cardinalice (nouveau nom du Sacré Collège), 117 sont des cardinaux électeurs (et donc éligibles, même si tout baptisé pourrait être élu). Pour cela, il faut avoir moins de 80 ans. Si le cardinal allemand Walter Kasper fait partie des électeurs, alors qu’il a eu 80 ans déjà le 5 mars 2013, c’est parce que la composition de l’électorat est fixée au début de la vacance du Siège apostolique, à savoir au 1er mars 2013.

En revanche, le cardinal ukrainien Lubomyr Husar, archevêque majeur émérite de Kiev, qui a eu 80 ans le 26 février dernier, n’est pas électeur. Il aurait pu l’être à trois jours près. Ce seuil peut paraître assez arbitraire et injuste mais il en faut bien un seuil, même s’il est assez récent, pour éviter l’élection de pape trop vieux (80 ans, c’est déjà très âgé) et surtout, éviter que le collège électoral ne soit plus qu’une assemblée de "grabataires" vieillissants.

En fait, seulement 115 participeront aux scrutins à partir de ce 12 mars. Deux cardinaux ne sont pas présents au Vatican : l’un pour raison de santé (l’archevêque émérite de Jakarta Julius Riyadi Darmaatmadja, 78 ans) et l’autre, l’archevêque émérite d’Édimbourg Keith O’Brien (presque 75 ans), pour éviter de "polluer" médiatiquement le conclave par un scandale sexuel où il est très impliqué (la possibilité qu’un tel cardinal pût devenir pape avait de quoi faire frémir la planète entière, cependant, deux ou trois autres cardinaux pourraient être dans un cas passablement similaires mais se sont quand même déplacés).

Donc, dans tous les cas, le prochain pape devra avoir réuni au moins 77 cardinaux sur son nom pour obtenir la majorité des deux tiers.

Quelques données sur le collège électoral

Les plus jeunes des cardinaux sont l’Indien Baselios Cleemis (53 ans), l’archevêque de Manille Luis Antonio Tagle (55 ans) et l’archevêque de Berlin Rainer Woelki (56 ans) alors que les plus âgés sont, après Walter Kasper, l’archevêque émérite de Turin Severino Poletto, le Mexicain Juan Sandoval Iniguez (tous les deux vont avoir 80 ans dans quelques jours) et le Primat de Belgique Godfried Danneels (79 ans). Seulement 17 cardinaux ont moins de 65 ans et 46 ont plus de 75 ans.

Parmi les cardinaux électeurs, il y a 4 Français, qui semblent n’avoir aucune "chance" pour être élu pape (l’Église de France étant d’ailleurs de moins en moins influente au Vatican, contrairement à il y a une trentaine d’années) : l’archevêque de Paris André Vingt-Trois (70 ans), le protodiacre Jean-Louis Tauran (69 ans), l’archevêque de Bordeaux Jean-Pierre Ricard (68 ans) et l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin (62 ans) qui, bien que le benjamin, est le premier dans l’ordre protocolaire des Français (car le plus ancien dans le grade le plus élevé).

Il n’y a plus que 60 cardinaux électeurs européens (dont 28 Italiens, 6 Allemands, 5 Espagnols et 4 Polonais), même si l’Europe reste le continent le mieux représenté. Benoît XVI avait nommé beaucoup de cardinaux extra-européens pour faire entrer la mondialisation au Vatican : 19 cardinaux électeurs sont d’Amérique latine (dont 5 du Brésil et 3 du Mexique), 14 d’Amérique du Nord, 11 d’Afrique (dont 2 du Nigeria), 10 d’Asie (dont 5 Indiens et 1 Chinois) et enfin 1 d’Australie.

Lignes de partage

Contrairement à ce qui est souvent expliqué avant un conclave, le clivage entre les cardinaux n’est pas entre "conservateurs" et "réformateurs". Déjà parce que c’est un groupe relativement bien homogène puisque c’est une assemblée formée par cooptation, en quelques sortes. Dans ce conclave du 12 mars 2013, 67 cardinaux électeurs ont été nommés par Benoît XVI et 48 par Jean-Paul II, autrement dit, leur existence provient d’hommes qui avaient une idée de l’Église sensiblement identique. Ensuite, parce le rôle d’un pape est forcément conservateur, celui de préserver les enseignements du Christ au trône de saint Pierre. Enfin, les deux mots sont galvaudés et utilisés à tout bout de champ, à tel point que le cardinal autrichien Christoph Schönborn (68 ans), archevêque de Vienne, par exemple, a été qualifié soit de conservateur, soit de réformateur selon les journaux.

Certains voient une division plus subtile entre des cardinaux plus anciens partisans de la ligne Vatican II, voulant s’ouvrir davantage vers les fidèles, mais opposés à toute réforme sociétale (profondément contre le "mariage gay" par exemple), et une ligne plus proche de Benoît XVI, et moins âgée, qui voudrait centrer l’action de l’Église avant tout autour de la liturgie, adhérant à cette phrase "lex orandi, lex credenti" (la manière de prier dirige la manière de croire).

La réalité est que personne n’est capable, pas même le futur pape, de savoir s’il sera un "conservateur" ou un "réformateur". Benoît XVI, qui fut l’un des théologiens les plus réformateurs du concile Vatican II, fut au début de son pontificat considéré comme conservateur avant que les médias ne soient revenus sur ce qualificatif depuis le 11 février 2013 qui collait si mal avec un pape que avait rompu au moins six siècles de tradition historique avec sa renonciation dédramatisée et pateline, créant peut-être le précédent "moderne" de retraite des papes (sujet tabou sous Jean-Paul II et ses prédécesseurs). Pas vraiment conservateur non plus un pape qui, au départ définitif de ses appartements, envoie un tweet à tous les fidèles depuis son hélicoptère !

On pourrait en dire autant de Jean-Paul II, élu comme un pape très jeune, faisant du ski et de la natation, mais connu pour les moins âgés comme un vieillard malade et épuisé par la vie. Ou encore de Jean XXIII, pape élu âgé de transition, considéré comme conservateur après le long pontificat de Pie XII, et qui déclencha Vatican II.

A priori, tous les cardinaux sont des personnalités très riches intellectuellement, qui ont un poids dans leur Église nationale et seraient probablement capables d’être de bons papes. Comme l’ont montré les maladresses médiatiques de Benoît XVI, plus passionné par la théologie que par la communication politique, le futur pape devra être à l’aise dans son rôle essentiel de grand communicant, dans ce monde où les médias prennent une place si imposante et sans complaisance.

Deux défis majeurs : transformer la Curie et approfondir les relations entre la science et la foi

À mon sens, deux défis majeurs attendent le prochain pape, au-delà des aspects sociétaux qui se réguleront naturellement avec la crise des vocations : d’une part, le besoin impératif de mettre de l’ordre dans la Curie romaine (avec deux idées contradictoires : il faut un Italien qui connaisse parfaitement ces affaires ; au contraire, il faut mettre un candide qui n’aura pas peur de bousculer l’ordre en place) ; d’autre part, le besoin impérieux, tout en restant inflexible sur les dogmes immuables, de s’adapter au monde qui entoure l’Église, et en particulier, approfondir nettement la réflexion sur les défis majeurs auxquels les progrès scientifiques aboutissent sur l’éthique et la morale (en particulier, sur la génétique, l’informatique mais aussi la conception du monde avec la physique quantique et la Relativité générale ; ce fut un chanoine et physicien belge, Georges Lemaître, qui fut à l’origine du concept du Big Bang).

Origine géographique et âge

De même, parler d’un clivage entre les Européens et les "non-Européens" (Sud-américains, Africains, Asiatiques ?) n’a pas trop de sens non plus, et l’élection d’un "pape noir" ne réjouirait peut-être pas autant que ça les "progressistes". Certes, une Église qui fut souvent dirigée par un Italien capable d’être représentée par un pape d’une nationalité très diverse pourrait être une preuve d’adaptation au monde contemporain. Après tout, un pape philippin ne serait pas injustifié alors qu’il y a actuellement plus de catholiques aux Philippines qu’en Italie.

Toutefois, croire que l’unique origine géographique est un élément déterminant du prochain pontificat est sans doute une erreur. Ce fut le cas pour Jean-Paul II qui accompagna si ce n’est précipita l’effondrement de l’empire soviétique, mais aujourd’hui, tous les enjeux sont à l’échelle planétaire : faim dans le monde, paix des peuples, vie sociale et pauvreté face aux impérialismes financiers, éducation, environnement, etc.

La connaissance de langues étrangères serait évidemment "un plus" dans le CV ! Mais s’il y avait un élément personnel de distinction plus important, ce serait peut-être l’âge : plus le nouveau pape sera jeune, plus il aura la capacité d’exercer un magistère sur du long terme. Là encore, cette règle fut contredite en 1978 par Jean-Paul 1er élu pas excessivement âgé (65 ans) mais dont le pontificat ne dura que trente-trois jours.

Quelques noms volés, pour la seule curiosité des observateurs

Même si, comme je l’ai expliqué plus haut, ce petit jeu n’a pas trop de sens, tombons-y quand même, le côté "course de chevaux" étant toujours apprécié dans chaque succession (et pas seulement papale).
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Les cardinaux les plus souvent cités dans la presse pour succéder à Benoît XVI sont notamment l’archevêque de Milan Angelo Scola (71 ans), l’archevêque de Sao Paulo Odilo Pedro Scherer (63 ans), le Ghanéen Peter Turkson (64 ans), le Guinéen Robert Sarah (67 ans), le Primat d’Autriche Christoph Schönborn (68 ans), l’archevêque de New York Timothy Dolan (63 ans), le Canadien Marc Ouellet (68 ans), l’Italien Mauro Piacenza (68 ans), l’archevêque de Manille Luis Antonio Tagle (55 ans), l’évêque de Hong Kong John Tong Hon (73 ans), ou encore l’Hondurien Oscar Andres Rodriguez Maradiaga (70 ans), sans compter avec l’actualité, avec l’archevêque de Caracas Jorge Liberato Urosa Savino (70 ans).

Les cardinaux recommandent aux fidèles de prier pour qu’ils fassent le bon choix…

Il n’en reste pas moins, en effet, que le hasard, ou la grâce de l’Esprit Saint pour ces cardinaux, jouera un rôle qui pourra surprendre dans une issue électorale improbable. Contrairement aux précédents conclaves, les cardinaux ont déjà eu un mois (depuis le 11 février) pour réfléchir à la question.

Tous les cardinaux voudront de toute façon conclure avant le début de la Semaine Sainte (le jour des Rameaux, dimanche 24 mars 2013) dont la présence dans leur communauté respective est essentielle. Mais, "on" dit déjà que le conclave sera court… La fumée blanche viendra-t-elle peut-être dès mercredi ?

Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (12 mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Mode d’emploi pour l’élection d’un pape depuis le 22 février 2013 (texte officiel).
L’infaillibilité pontificale à l’épreuve des faits.
La renonciation de Benoît XVI.
50 ans après Vatican II, la nécessité d’un nouvel aggiornamento.
Benoît XVI et le préservatif : premier pas (22/11/2010).
Jean-Paul II : N’ayez pas peur… de pardonner !
Le pape Benoît XVI à Paris : une foule inattendue aux Invalides (15/09/2008).
Expérimentation sur l’embryon humain.
La Passion du Christ : petites réflexions périphériques.
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