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La vraie visite de Hollande à Dijon

Publié le 12 mars 2013 par Juan
François Hollande visite Dijon, lundi 11 mars 201, la première étape de deux jours en Cote d'Or, et le début d'une tournée des régions. Nul excès de visites aussi expresses que factices comme du temps de Sarkozy, nous promet-on à l'Elysée. Mais dès lundi, quelques heures après l'arrivée sur place, François Hollande a eu ce qu'il voulait voir, un échantillon d'une France réelle mécontente. Un épisode court mais repris en boucle comme au bon vieux temps de la Sarkofrance finissante.
Et si Hollande avait trouvé ce qu'il souhaitait ?
De Sarkozy à Hollande
Difficile de ne pas voir dans ce déplacement de terrain une certaine ressemblance avec les opérations sarkozyennes. Aller sur le terrain, quand on est président de la République, n'a rien de réel tant tout est préparé.
Nicolas Sarkozy et ses conseillers n'avaient pas compris que leurs mises en scènes tournaient au ridicule macabre: table ronde sur-éclairée et caméras d'Elysée.fr, thème sans rapport avec l'actualité sans débat contradictoire; zone rurale ou reculée pour être mieux bouclée; assistance invitée sur carton, figurants dans les usines ou militants UMP dehors; aller-retour de quelques heures en Puma ou jet présidentiel. Bref, rien ne ressemblait au fameux terrain que l'ancien monarque prétendait visiter. C'était même tout l'inverse: Sarkozy visitait une France factice deux fois par semaine.
Les conseillers de François Hollande ont voulu changer de formule: les visites seraient plus urbaines et plus longues (48 heures de prévu pour la Côte d'Or); elles resteraient plus rares (une toutes les 6 ou 8 semaines, contre deux par semaine du temps de Sarko 1er); on prévoit des déambulations au milieu de vrais gens, l'arrivée serait en train: « la mise en scène vantée par l'Elysée n'était pas sans rappeler "l'homme normal" de la campagne présidentielle » relate l'accrédité du Monde, Thomas Wieder
A Dijon, le menu prévoit ainsi la visite d'associations dans un quartier populaire, la signature de quelques contrats d'avenir, un dîner républicain avec des parlementaires locaux, deux visites d'entreprises, un discours à la mairie.
Incident dijonais
Mais à Dijon, ce lundi 11 mars, on a failli frôlé le fiasco. La journée débute avec une interview publiée par le quotidien local Le Bien Public. Le président énonce ces trois priorités du moment: « la lutte contre le chômage, la compétitivité de nos entreprises et le financement de nos retraites
Il rappelle aussi l'exigence de soins de proximité (« l’hôpital public, en liaison avec les médecins de ville, doit assurer l’accueil en urgence dans un délai qui ne peut pas excéder 30 minutes. »), la future limitation du cumul des mandats (« une réforme attendue depuis longtemps ») ou les contrats d'avenir.
Il y a ensuite quelques images d'un président au milieu d'une foule dijonaise, de belles images. Mais cette foule qui l'accueille était pour l'essentiel composée de militants socialistes.
Quelques minutes plus tard, Hollande et sa troupe débarquent dans le quartier jugé populaire des Grésilles, en banlieue de Dijon. Il y a des anti- et des pro-Hollande. En marge du cortège, une petite troupe est plus hostile que souhaitée, juste devant des caméras de télévision. Elle est tenue à l'écart par un épais cordon de sécurité. La déambulation "zen" a ses limites. 
Drôle d'ambiance à Dijon. Hollande protégé par un cordon de sécurité, et au-delà des habitants qui protestent et se font museler #prdijon
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) March 11, 2013
Thomas Wieder, du Monde, est l'un des premiers à témoigner, sur Twitter puis sur leMonde.fr: « Des syndicalistes de Solidaires se sont notamment réunis "pour lui rappeler qu'il est socialiste". Plusieurs personnes lui lancent des reproches, l'accusant de "faire la politique du patronat", et de se soucier davantage de la guerre au Mali et du mariage pour tous que des problèmes quotidiens des Français.» L'un des membres du groupe crie : "M. Hollande, elles sont où les promesses ?" Le malotru est rapidement évacué, « manu militari ».
L'information déboule en trombe sur Twitter et les sites d'info. Les chaînes d'informations s'en donnent à coeur joie. La séquence de quelques secondes de cet homme hurlant, sourire aux lèvres, "M. Hollande, elles sont où les promesses ?", tourne en boucle. Le Parisien, qui titre sur ce « chahut à Dijon », évoque trois personnes qui auraient pris à partie le président.

A Dijon, un homme interpelle Hollande et se... par francetvinfo
Des conseillers élyséens s'excusent. Hollande n'a rien vu, les forces de sécurité locales ont fait de l'excès de zèle. L'entourage du PR a demandé au service d'ordre de calmer le jeu, confirme Camille Langlade d'Europe1.
Le déplacement a repris son cours. Il y a d'autres choses à commenter mais cette aspérité-là que nous devions retenir. 
Finalement, il fallait comprendre cette visite comme une rencontre à double entrée: François Hollande devait rencontrer des Français, d'abord pour expliquer son action, « expliquer le cap qui est pris et les mesures qui le traduisent en prenant le temps de l'écoute, du dialogue, de la pédagogie » détaillait Aquillino Morelle un peu plus tôt dans la journée, à un journaliste de l'AFP...
Mais il y avait un autre objectif, plus important que le premier qui n'était qu'un prétexte. Il fallait sortir Hollande de cette tour d'ivoire de la Vème République qu'est l'Elysée, une tour qui finit par isoler le pouvoir de la réalité.
Rencontrer la France qui gronde est la meilleure chose qu'il faut souhaiter à un président en place.

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