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Interview : Thierry Gloris & Jacques Lamontagne pour « Aspic, détectives de l’étrange »

Publié le 12 mars 2013 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Réalisé dans le cadre du Festival international d’Angoulême 2013, voici l’interview croisée de ces deux auteurs autour de leur série commune : « Aspic, détectives de l’étrange »


Cette interview est complétée par le « portrait chinois » des auteurs.
aspic
J.L = Jacques Lamontagne (dessinateur); T. G. = Thierry Gloris (scénariste)

Si tu devais présenter ton album ?
T. G. C’est une enquête classique en bande dessinée, mais qui ne se prend pas au sérieux (avec un 2e degré) et avec du fantastique. Pour faire simple, « un thriller fantastique d’enquête qui ne se prend pas au sérieux ».


Le fantastique est très présent.
T. G. C’est dans le titre : Détective de l’étrange. On joue la –dessous. C’est la mise-en scène du principe. Quand on a créé la série, le directeur de « Soleil » (Mourad) n’appréciait pas le titre qu’on avait : « Les carnets de l’insolite ». Ce n’était pas assez frappant pour lui. J’ai donc cherché à jouer sur 2 caractères : L’as (l’homme) et la femme (le pic) : AS-PIC.


Vous avez 2 personnages forts masculin + féminin. C’est pour éviter le poncif de la belle plante ?
T. G. Exactement ! C’est même l’homme le faire valoir. L’intérêt c’était de les mettre dans une époque machiste pour jouer sur l’anachronisme d’un personnage qui n’a pas de super pouvoirs, mais qui travaille avec une super femme qui refuse d’être sous l’emprise d’un homme.


Graphiquement, comment as-tu abordé Flora et Hugo, les 2 personnages principaux ?
J. L. En amont, nous avions discuté sur les looks des personnages. On s’est basé sur es acteurs pourra voir un point de référence. Il reste une certaine parenté, mais l’important c’est que le dessinateur s’approprie les personnages. Une fois qu’on a compris comment ils agissent, ils prennent alors toute leur personnalité. Flora à la base c’était l’actrice émilie Dequenne.
T. G. Avec Jacques on fonctionne comme cela. On cherche un physique d’acteur. On a dérivé, mais c’est la base. L’important c’est d’avoir un personnage crédible sur lequel on peut se fixer. Je voulais un personnage féminin très européen.
Pour Hugo, on est parti de Romain Duris… Juste l’air…
J. L. On part de ce casting et on réadapte.


Vous avez eu des retours ?
J. L. Pour Duris, cela semble assez évident pour les lecteurs. Pour émilie Dequenne, ca l’est moins.
Quant à Dupin, c’est un fin mélange de Jean-Pierre Marielle, de Philippe Noiret et un peu de mon papa.
T. G. La première chose, c’est de trouver un canevas commun pour travailler. Ce n’est pas lié aux lecteurs. Cela permet de faire référence à une personnalité, un trait physique important. Des fois, Jacques rebondit sur mes propositions. Celui-la il ne le sent pas, mais ce acteur là pourrait tenir le coup. Il me le montre, et on repart sur cette base…


Tu as un dessin léché. Dans cet univers fantastique, ou met tu le curseur pour ne pas paraître trop sombre, ou trop glauque ?
J. L. On joue sur eux tonalités. On a du « Walt Disney » et du « David Lynch ». Sur la poursuite automobile, on est carrément sur « les 101 dalmatiens ». ca se reflète sur les couleurs. Par contre, sur l’autopsie de la naine, on est très glauque.
Je suis un grand amateur de cinéma, donc j’essaie de construire des ambiances selon des « fealing », des ambiances cinématographiques.
Je crois que le cinéma et la BD sont intimement liés. On est dans la communication par l’image. Pour certaines scènes, des constructions de plan « cinéma » sont incontournables. De plus, le cinéma et la BD s’auto-influencent.
T. G. Depuis qu’on travaille sur une image, les codes de la narration sont les mêmes. Ce n’est pas une question de cinéma ou de Bd pour moi. Jacques feraient de la BD ou du cinéma, il placerait sa caméra au même endroit.
J. L. Donc, les deux médias sont intimement liés…
T. G. On a envie de « faire du bel ouvrage », donc de la narration. J’écris les séquences mais Jacques les retranscrits pour en tirer des choses.

Le résultat est très détaillé. Passes-tu par des phases de préparations (storyboard, recherches) ?
J. L. Il y a peu d’étapes dans mon travail. Il y a un Storyboard assez abouti que j’envoie à Thierry. On en discute et on apporte des corrections si besoin. On en a de moins en moins car on se comprend de plus en plus. Quand je lis un scénario de Thierry, je vois immédiatement à quoi il fait référence. Du coup, on sauve énormément de temps. Il reste quelques ajustements à finaliser.
T. G. Actuellement, les ajustements, c’est « tu me fais un zoom de 10% ». C’est à dire «pas grand chose. C’est parce qu’on pense la même forme de narration. On cherche à retranscrire une émotion commune.

La marque de fabrique, c’est le mélange des genres : enquête, humour…
T. G. C’est ma façon d’écrire, qui n’est pas forcément très BD. J’ai 2 formes de narrations. Soit une version très historique, très actuelle, soit une version humoristique.
Il te faut ce grain de sel ?
T. G. On est parti de ça sur Aspic. On avait envie d’être sur un truc qui nous amuse. Avec Jacques on se retrouve sur le séries Z, les séries B, les trucs où il y a un humour qui n’a pas été voulu. On a le même champ de découverte, d’envie, même si on ne connaît pas les mêmes choses.
On a des influences communes. On partage une passion commune : la fin du 19e siècle.

Le premier tome se passe dans un « Paris » Fantasmé ou documenté ?
T. G. Il y a un gros travail de documentation : des tonnes de photos que j’ai envoyé à Jacques. L’univers doit tenir la route, si on veut amener un second degré. Quand le lecteur dans l’album, il ne faut pas qu’il se pose la question de la crédibilité. Quand on y arrive, la majorité des lecteurs rentrent dans l’univers « 19e siècle ».

Où en est le prochain tome ?
J. L. Le boulot avance bien. J’en suis rendu à la page 25. Le tome 3 va réserver de belles surprises aux lecteurs, avec une intrigue assez complexe. L’action se déroulera à Lille et dans une foire itinérante.

Un grand merci à Jacques Lamontagne, Thierry Gloris et les éditions Soleil.


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