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Fukushima n’a pas ébranlé l’exception nucléaire française

Publié le 12 mars 2013 par Delits

Entre le lancement du débat sur la transition énergétique porté par la ministre Delphine Batho, la polémique sur la taxation du diesel, l’anniversaire de la catastrophe de Fukushima et l’annonce de la réalisation d’un nouveau rapport parlementaire sur les « techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels« , le début d’année 2013 est plus explositf que jamais.

Le 14 septembre dernier, lors de la conférence environementale, le président Hollande avait confirmé son désir de faire de la protection de l’environnement « un levier du développement économique et non  une entrave« . Deux ans après la catastrophe de Fukushima et quelques mois après la confirmation de la fermeture de la plus vieille des centrales françaises à Fesseheim avant 2017 l’objectif de réduction de la part de l’atome dans la production d’électricité de 75 % à 50 % d’ici à 2025 demeure le cap donné par les ministres. Reste à savoir si le gouvernement saura justifier par des arguments écologiques et économiques la diminution d’un tiers des ressources énergetiques issues du nucléaire.

Des Français réalistes plus qu’amnésiques sur la question du nucléaire

Tchernobyl 1986, Fukushima 2011. Les catastrophes nucléaires marquent durement l’opinion, surtout avec l’émergence des réseaux sociaux et la possibilité de « sur-vivre » en direct les drames qui se nouent à l’autre bout de la planète. Dans un pays où l’électricité d’origine nucléaire représente 78 % de la consommation électrique française, ce type d’événements a toutes les raisons de modifier drastiquement le paysage énergétique national. Pourtant, une récente enquête de l’Ifop indique que les Français sont 54% à souhaiter « maintenir la part du nucléaire afin de garantir l’indépendance énergétique française« . Ce chiffre, en baisse de 13pts depuis 2008, témoigne donc d’une prise de conscience réelle même si les décennies de politique nucléaire ont fait entrer le nucléaire au patrimoine national, avec ses bons et ses mauvais côtés. D’un côté les risque sur la santé, de l’autre l’intérêt économique de développer une technologie leader dans le monde industriel et de conserver la maîtrise de son énergie. Dans le détail on note cependant une volonté fermement revendiquée de modifier cette part chez les sympathisants de Gauche, qu’ils soient sympathisants d’EELV (24%) ou du PS (44%).

Le respect de tous les engagements gouvernementaux en question

Devenu un leader mondial du nucléaire avec plus de 1 000 sites dans l’hexagone, la France ne peut se priver d’un fleuron de son industrie en décretant la fin de l’âge d’or nucléaire. Les enjeux économiques et notamment en matière d’emploi sont trop forts. Tout comme lors de la polémique sur le diesel, on identifie clairement l’impasse dans laquelle le gouvernement se trouve. En voulant respecter la triple promesse « transition énergetique », « réduction des déficits » et « redressement productif » les pouvoirs publics semblent hésiter et alterner les pas en avant, les reculades et les pas de côté. En effet, en parallèle d’un débat sur la transition énergétique et la promotion des énergies renouvelables, le Sénat et l’OPECST ont entamé les auditions des acteurs de la filière du gaz de schiste afin d’identifier une tehcnique alternative à l fracturation hydraulique. Là encore on perçoit une conjonction de forces qui toutes ne semblent pas aller dans le même sens bien que sur ce sujet du gaz de schiste les Français demeurent encore très opposés.

La transition énergétique et la promotion des énergies renouvelables entend ne pas avoir d’impact en termes d’emploi dans la mesure où la réduction de la part du nucléaire impactera seulement une partie des centaines de milliers de salariés concernés, lesquels devraient trouver un avenir plus « vert » demain. Un engagement fort mais risqué alors que la courbe du chômage ne semble pas vouée à se redresser avant fin 2013…

Alors qu’il doit composer avec un niveau de popularité des plus faibles et une situation économique qui ne semble pas indiquer un rebond à court terme, la résolution de cette triple équation s’annonce comme le défi majeur des mois à venir. Un défi qui pourrait bien devenir un fardeau si aucun arbitrage n’était fait rapidement.


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