Le statu quo du droit du travail français booste les exportations françaises... de jeunes talents formés en France.
Par Paula Osorio.
Les jeunes entrants sur le marché du travail français sont victimes du fossé séparant les dispositifs d’insertion français de la démarche des organisations. Tandis qu’une fluidité est nécessaire à l’innovation et à la croissance, le marché du travail s’enferme dans une stabilisation des pratiques professionnelles, par peur de se confronter à une mutation inéluctable où d’autres pays ont pris de l’avance.
Rappelons-nous de la circulaire du 31 mai 2011, dans laquelle le ministre de l’Intérieur de l’époque demandait aux préfets de restreindre la possibilité pour les étudiants étrangers diplômés de travailler en France. Depuis abrogée, ses effets sont encore réels sur l’attractivité du marché du travail français auprès des jeunes diplômés étrangers. Ce qui n’améliore d’ailleurs pas les perspectives des jeunes diplômés français, qui ont toujours de plus en plus de mal à s’insérer dans un premier emploi durable.Pourquoi dans une économie globalisée la compétition des talents est si faible en France ? Quel est l’intérêt réel des jeunes talents étrangers pour le marché du travail français ? La France protège-t-elle autant ses talents que les autres pays, et que pour les générations précédentes ? Ce sont autant de questions que le déficit d’approche talents en France laisse sans réponse.
La France traverse depuis des décennies un processus de désindustrialisation, à la fois destructeur et créatif. Le secteur industriel est certes essentiel pour le développement économique d’un pays, mais il est fragile et coûteux en terme d’investissement, à fortiori depuis la crise de 2008. Et malgré la création d’un ministère du « redressement productif », la plupart des signaux sont en rouge pour l’industrie française. Et il en sera ainsi tant que l’économie française n’aura pas pris toute sa dimension dans l’économie globalisée.
Les jeunes talents sont d’ailleurs au cœur de ce processus de globalisation, en tant que force de travail future et d’influenceurs comme insiders dans les organisations. Ainsi, dans cette économie globalisée, l’engagement des jeunes est aussi important que leur formation. Toutes les parties prenantes cherchent à améliorer la compétitivité des entreprises françaises, mais les jeunes français veulent-ils encore travailler pour elles ?
Pour se doter d’une économie globale, qui voit la mondialisation comme une opportunité et non une menace, la France doit répondre aux besoins de ses jeunes diplômés et professionnels. Le marché du travail français doit redevenir un catch-all pour les jeunes les plus compétents et impliqués, français ou étrangers. Il en va de la santé économique du pays, aujourd’hui et demain.
---
Sur le web