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Paso Doble n°306 : Son nom était François

Publié le 14 mars 2013 par Toreador

A las cinco de la manana…

De la renonciation à l’annonciation

Ainsi donc l’Eglise Catholique a fait une triple révolution, à la surprise de tous les commentateurs. La rapidité de l’élection du pape François poussait les commentateurs à imaginer que les papabiles s’étaient un peu affrontés avant que les coteries n’imposent l’un des favoris pronostiqués par les journalistes. Il n’en est rien, la surprise a été totale. 

Première révolution : c’est un pape non-européen, le premier depuis les origines de l’Eglise, ou quasiment. Il a fallu 2013 pour que l’Eglise devienne véritablement universelle, même si prudemment elle a un peu triché en retenant un homme blanc. L’Eglise suit donc le basculement de l’axe du monde. Nul besoin d’expliquer en quoi c’est une rupture.

Deuxième révolution : c’est un pape jésuite. Non seulement les jésuites ont toujours été la colonne vertébrale de l’Eglise, mais aussi l’un de ses mouvements les plus actifs dans l’évangélisation et la reconquête. C’est une rupture car sous Jean-Paul II, les Jésuites avaient été quasiment chassés du Vatican au profit de l’Opus Dei. Or, Benoit XVI était l’héritier de Jean-Paul II.

 Mais la vraie révolution est celle des symboles. D’abord, ce pape argentin recommence à zéro, en osant prendre un nom qui jusque là n’avait jamais été choisi – François. Ensuite, c’est une rupture par rapport au duo Jean-Paul II/Benoit XVI, très conservateur : François est un « progressiste » et était d’ailleurs le grand rival de Ratzinger en 2005, au dernier conclave. Succéder à un Benoit XVI qui renonce, c’est un goût de tournant. Enfin, et surtout, François rompt avec une vision « intellectualisante » ou « théologique » du message catholique en mettant en avant les actes, et les symboles.

Un pape de la Renaissance ?

Que d’actes, déjà, en un seul soir : la simplicité de l’approche alliée à l’humour (« le buena serra » presque spontané tranche avec les exhortations de Jean-Paul II), le sens de l’égalité (je vous bénis, mais en échange priez pour moi), et la volonté de se présenter d’abord comme un évêque de Rome et non comme le « patron » de l’Eglise. Choisir de se référer à St François d’Assise est selon moi très éclairant : le nouveau pape semble considérer que l’Eglise s’est comportée comme Babylone (les scandales de la Curie, les affaires de pédophilie) et prône un retour radical à l’ascèse, la prière et le service des autres. Il est complémentaire du recentrage théologique de Benoit XVI, qui fut un pape beaucoup moins « politique » et « moralisant » que Jean-Paul II. Du coup, il enlève le maximum possible de pompe et d’ornements, à la fois dans son vêtement (l’étole pontificale) et dans ses paroles.

François sera le pape de la Fraternité, ou plutôt de l’humilité. Il met en application la supplique du Cardinal Martini : « J’ai rêvé d’une Eglise pauvre et humble qui ne dépende pas des puissances de ce monde. Une Eglise qui donne du courage à ceux qui se sentent petits ou pécheurs. » - la bataille de l’après Benoit XVI a été remportée par les progressistes. Shaken, but not sirred.

Aura-t-il les mains libres ? A mon avis, les cardinaux ont élu un pape incontrôlable, qui va chercher, par son action personnelle, par ses gestes et moins par ses paroles, à remettre le navire catholique dans la bonne direction. Il a du boulot sur la planche. Avec François, le changement c’est maintenant !

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