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Retraites complémentaires : que faire pour les sauver ?

Publié le 15 mars 2013 par Copeau @Contrepoints

Comme un mauvais marronnier, resurgit régulièrement le trou de l’AGIRC-ARRCO.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Retraites complémentaires : que faire pour les sauver ?

C’est cyclique, c’est sans fin, c’est mathématique

Comme tous les ans ou tous les deux ans, nous voici en face d’une dure réalité, les régimes de retraites complémentaires doivent faire face à un « génération cliff » qui, conjugué à la récession économique, les condamnent à voir l’échéance ultime s’approcher de plus en plus près. Et comme tous les ans, les « partenaires sociaux » s’enferment dans leur logique dépassée et improductive – faut-il augmenter les cotisations ou repousser l’âge de la retraite ? – et comme tous les ans, ils nous répondront « les deux, chers cochons payants ». Il ne peut pas en être autrement dans un système où les derniers arrivés paient pour les premiers sortis, dès lors que ces derniers deviennent moins nombreux que les premiers.

Le grand numéro de Guignol

Histoire de nous amuser et de donner quelques éléments d’articles aux journalistes de la grande presse, les « partenaires sociaux », qui s’entendent comme larrons en foire, font semblant de ne pas être d’accord.
  • Première mesure, la revalorisation des retraites. Elles sont actuellement revalorisées au rythme de l’inflation. Le patronat propose qu’elles ne le soient que de 1%.
  • Deuxième mesure, l’augmentation des cotisations. Tels de véritables énarques, nos chers partenaires sociaux ont tendance à prendre les sommes prévues qui vont s’alourdissant, à les répartir sur l’assiette qui va s’amenuisant, pour déterminer les nouveaux taux de cotisation. Faisant ainsi fi des conséquences sur le coût du travail que cela génère, donc des pertes d’emplois et des pertes de cotisations que cela entraîne.
  • Troisième mesure, la différenciation de la hausse du taux d’appel (qui n’ouvre pas de nouveaux droits ; même si on cotise plus, la pension ne sera pas plus élevée) de celle du « taux contractuel » (qui ouvre des droits à la retraite plus on cotise, plus la retraite est élevée).

Le besoin de financement des deux régimes est d’environ 6 à 10 milliards d’euros d’ici à 2017.

Allons nous vers un conflit entre syndicats et patronat ? Pas le moins du monde, rassurez vous. Dès aujourd’hui, les compères ont annoncé qu’ils avaient trouvé un terrain d’entente. Une revalorisation des pensions inférieures d’1% à l’inflation pendant les trois années à venir et une augmentation des cotisations de 0,1% au 1er janvier 2014 et de 0,1% au 1er janvier 2015. Cela permettra-t-il de résorber le problème ? Pas le moins du monde affirment les « partenaires sociaux ». Mais ils sont contents, ils ont l’impression d’avoir décidé quelque chose et repoussent à plus tard le problème. Cotiser plus pour gagner moins en retraite, voilà la grande réussite de ce système.

Qui sont les partenaires sociaux ?

La vraie grande question qui se pose devant cette mauvaise pièce de théâtre est la suivante : pourquoi les retraites de Français sont-elles gérées par des gens qui ne représentent personne, qui n’ont aucune légitimité ? Qui sont les fameux « partenaires sociaux » ? Tout d’abord les syndicats, CGT, CFDT, CFTC, CGC, qui ne représentent que 7% des salariés français. En fait, dans le privé, puisque nous parlons là des retraites des salariés du privé, ils ne représentent même pas 4% des salariés ! D’autre part, le MEDEF et la CGPME. Au MEDEF, vous n’avez quasiment pas de patron, il ne s’agit que de super salariés déresponsabilisés qui touchent des salaires faramineux, des primes, des retraites chapeau sans jamais avoir risqué quoi que ce soit. Les patrons, les vrais, sont ceux qui engagent tout ce qu’ils ont (et même quelquefois plus) en une entreprise à laquelle ils croient et pour laquelle ils se sacrifient. Ceux-ci ne sont pas plus représentés que leurs salariés.

Une solution simple et qui ne coûte pas un centime à qui que ce soit

Vous ne voulez pas toucher au système de retraites ? Il manque 6 Md€ pour le financer ? Très simple, Messieurs les « partenaires sociaux », il suffit que vous renonciez à vos subventions publiques pendant un an ! Les syndicats qui ne représentent qu’eux mêmes touchent 4Md€ par an, les organisations patronales touchent 1,2Md€. Allez, en un an et demi, sans augmenter les cotisations, sans diminuer les prestations, nos amis les « partenaires sociaux », si bons gestionnaires, résolvent les problèmes des retraites complémentaires…

Mais rassurez-vous, leur « dévouement » au régime de retraite ne va pas jusque là. La preuve ? Il y a trois ans, le gouvernement de Monsieur Fillon a ponctionné 6Md€ de l’ARGIC et de l’ARCCO pour les transférer sur les comptes de l’IRCANTEC, le système de retraite des fonctionnaires. Avez-vous entendu vos chers « partenaires sociaux » crier, vous appeler à manifester, faire des pieds et des mains pour défendre vos retraites ? Bien sûr que non, ils ont préféré rendre discrètement ce petit service au gouvernement qui choyait si bien ses fonctionnaires, gros bataillons syndicalistes.

Non, vraiment, ces partenaires sociaux ne sont pas représentatifs, ne sont pas compétents et n’agissent en rien dans l’intérêt des salariés du privé. Il est temps de les chasser de la gestion de ces caisses.

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