Le règlement reproduit ci-dessous est celui des filatures H. Bertrand de Saint-Jean-du-Gard dans le Gard en France. Il a été en vigueur entre 1918 et 1921.
Article I. – Les fileuses doivent obéissance et soumission aux personnes chargées de les surveiller, tant à la maison qu’à la filature.
Art. II. – Au premier coup de sirène, c’est-à-dire à 5 heures _ du matin, les fileuses devront se lever et procéder à leur toilette, afin d’arriver à la filature cinq minutes avant le commencement du travail, c’est-à-dire à 6 heures précises.
Art.III. – Il est expressément défendu de manger ou de garder des comestibles dans le dortoir, qui doit être tenu dans un état de propreté absolu. Toutes les semaines, deux ouvrières seront désignées, à tour de rôle par la surveillante, pour balayer les locaux et vider les eaux sales.
Art. IV. – Les fenêtres des dortoirs devront être tenues ouvertes pendant la journée ; les lits seront découverts pour permettre l’aération de la literie jusqu’à 8 heurs du matin.
Art. V. – Pendant le repos du matin, de 8 à 9 heures, chaque ouvrière devra faire son propre lit, et secouer avec soin les draps et couvertures.
Art. VI. – Pendant les repos, les ouvrières peuvent se promener et se distraire dans la cour attenant à leur logement ; elles ne doivent aller en ville que pour faire les achats qui leur sont indispensables, après en avoir obtenu l’autorisation de leur surveillante.
Art. VII. – Il est absolument défendu d’aller en ville, la nuit sous aucun prétexte.
La porte de la maison donnant sur la rue sera fermée à 6 heures l’hiver, à 8 heures l’été, celle donnant sur la cour à 8 heures l’hiver, à 9 heures l’été. Celles qui, après les heures indiquées, iraient en ville sans autorisation préalable de M. le Directeur, seraient congédiées et perdraient leur droit au voyage aller et retour.Art. VIII. – Conformément à l’Article VII ci-dessus, seraient aussi renvoyées les ouvrières qui se feraient remarquer par une tenue et une conduite peu convenable.
Art. IX. - Après 9 heures du soir, les lumières seront éteintes, tant au dortoir qu’au réfectoire, et les ouvrières devront être couchées et garder le silence.
Art. X. – Les ouvrières doivent assister aux offices le dimanche et les jours fériés.
Art. XI. – Toute infraction au nouveau règlement sera sévèrement réprimée, soit par une amende, une corvée supplémentaire ou l’exclusion.
Signé : H. BERTRAND
À votre avis, qu’est-ce qui fait que les conditions de vie et de travail des travailleurs, des travailleuses, des employés et des employées se sont considérablement améliorées - du moins en Europe occidentale - depuis presque cent ans ?
La volonté et le courage des syndicats et de leurs membres ou la générosité et l’humanisme des employeurs ?