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Dernières heures pour Hiroshige à Paris

Publié le 16 mars 2013 par Sylvainrakotoarison

La double exposition sur Van Gogh "Rêves de Japon" et Hiroshige "L’art du voyage" à la Pinacothèque de Paris ferme ses portes ce dimanche 17 mars 2013 à 18h30.

yartizPINAH01Il ne reste plus que quelques heures pour admirer les trente et une toiles de Van Gogh et les cent soixante-quatorze estampes d’Hiroshige. J’ai évoqué quelques œuvres de Van Gogh dans un précédent article et j’évoque ici Hiroshige.

J’ai été d’ailleurs impressionné par la foule pour voir les estampes d’Hiroshige. Il y avait nettement plus de monde pour cette exposition que celle de Van Gogh, à ma grande surprise. Les organisateurs ont dû d’ailleurs réguler le flux des visiteurs (comme au Louvre) tant les salles étaient pleines. La nécessité de maintenir les estampes dans des conditions atmosphériques particulières rendaient d’ailleurs plus difficile leur observation : il faut faire la queue pour aller d’une estampe à l’autre.

Ces petits désagréments très ordinaires ne sont évidemment rien face à la richesse que la Pinacothèque a livrée aux visiteurs. Je ne connaissais pas beaucoup Utagawa Hiroshige (1797-1858) qui est sans doute l’un des plus grands dessinateurs japonais de cette époque avec son aîné Katsushika Hokusai (1760-1849).

Il a réalisé cinq mille quatre cents estampes et près de cent vingt livres illustrés décrivant les paysages et la vie quotidienne des Japonais de la première moitié du XIXe siècle. Certaines de ses gravures étaient reproduites à vingt mille exemplaires.

J’imagine la grande difficulté des organisateurs de l’exposition à sélectionner seulement quelques dizaines estampes de celles appartenant au Musée national d’Ethnographie de Leyde, aux Pays-Bas. À côté de ces œuvres, on a également exposé quelques objets d’époque, comme une paire de vieilles "geta", des sandales traditionnelles en bois datant de 1820.

Chaque gravure ou dessin est une œuvre exceptionnelle : parfois jusqu’à quinze couleurs, Hiroshige se permet quelques clins d’œil, notamment en indiquant quelques éléments administratifs (comme numéro d’estampe etc.) à l’intérieur même du décor. Il décrit des pèlerinages au Japon, et donne une vue à chaque étape du voyage, avec des personnages et des décors extraordinairement bien reproduits.

Ces dessins étaient très appréciés à l’époque et faisaient office de nos cartes postales contemporaines. Ce sont aussi des images qui préfigurent la bande dessinée et cela donne une idée du développement des futurs mangas au Japon.

La Pinacothèque montre aux visiteurs plusieurs séries à succès d’estampes sur différents itinéraires ou thèmes : "Les Cinquante-trois Stations du Tokaido" (1834), qui correspond à la route côtière entre Edo (Tokyo) et Kyoto (500 km), "Lieux célèbres de la capitale de l’Est" (1835), "Les Soixante-neuf Stations du Kisokaido" (1842), route difficile par le Nord, à travers les montagnes, et "Les Cent Vues célèbres d’Edo" (1858). Ce type de séries faisait aussi penser aux "Trente-six vues du Mont Fuji" de Hokusai (avec "La Grande vague de Kanagawa", l’estampe la plus célèbre au monde).

Dominique Blanc, en introduisant le sujet dans "Connaissance des arts", expliquait ainsi : « Les dessins d’Hiroshige ont hissé l’édition populaire des estampes japonaises au rang de grand art. Son œuvre, dédiée quasi tout entière à la représentation des paysages célèbres du Japon, offre une vision renouvelée de la tradition picturale, qui a parfaitement assimilé la construction des vues à l’occidentale. ».

Et c’est effectivement cela qui m’a frappé, au-delà de la beauté des formes et des couleurs et de l’intérêt documentaire des dessins, à savoir, ce modernisme précoce dans la composition, dans le cadrage, car j’imaginerais facilement Hiroshige tenant une caméra. Hélas, ce serait de l’uchronie puisqu’il est mort avant l’invention du cinéma, mais les perspectives sont parfois amusantes.

Ainsi, cette vue des chevaux assez surprenante, avec des auberges en arrière-plan. L’auteur a plaqué une vision très particulière d’une rue en insistant sur les chevaux.
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Ou encore cette vue plongeante d’une rue commerçante avec au fond, le mont Fuji comme porté par les nuages dans un espace divin très éloigné des humains.
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Mais le plus flagrant dans la composition est également les formes géométriques. Ci-dessous, par exemple, dans cette ascension sous la pluie, le triangle se retrouve de nombreuses fois, la pente du chemin, les sapins penchées par le vent, les toits, les manteaux, etc. On peut noter aussi que les porteurs protègent leur client de la pluie.
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Pour l’anecdote, il est amusant de voir que sur beaucoup d’estampes, les hommes ont parfois les fesses nues (le climat est chaud) alors que les femmes portent toujours des robes très longues.

Voici quelques autres vues intéressantes que la brochure présente également, pour avoir un petit aperçu de cette exposition.

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Cette exposition a lieu à la Pinacothèque :
Hiroshige : 28 place de la Madeleine à Paris 8e.
Van Gogh : 8 rue Vignon à Paris 9e.
Jusqu’au dimanche 17 mars 2013.
Ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30.
Nocturne le mercredi et vendredi jusqu’à 21h00.
Métro : Madeleine.
Prix du billet normal : 10,00 euros.
Billet double pour les deux expositions temporaires : 17,00 euros.

Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Brochure officielle de l’exposition (à télécharger).
Van Gogh à la Pinacothèque de Paris.
Hiroshige à la Pinacothèque de Paris.


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