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Régimes sociaux : encore un effort et la faillite sera assurée

Publié le 16 mars 2013 par Copeau @Contrepoints

Il est évident, pour les hommes politiques et les médias français, que la dépense publique est source de croissance. Avec 57% du PIB de dépense publique, la France devrait être le Tigre européen, le Dragon du vieux continent, le phénix des hôtes de la théorie keynésienne. Il n’en est rien, et la croissance est à peine positive malgré le biais qui comptabilise la dépense publique selon son montant plutôt que selon son inexistant prix de marché.

Ce simple constat devrait suffire à inciter les représentants du peuple à réduire la dépense publique et à laisser interagir les citoyens sans interférence étatique. Mais ils ont, jusque-là, préféré nier l’évidence et assommer les Français de prélèvements, allant jusqu’à souhaiter les priver des 3/4 des fruits de leur travail. Ils ont toutefois la présence d’esprit de tenir enfin compte de l’endettement massif du pays dont rien ne dit qu’il pourra un jour être soldé et se sont donné pour objectif de réduire le déficit à 3% du PIB en 2013.

Cet objectif, loin d’être ambitieux, ne sera pas atteint ; ils apprennent à leurs dépens que la cohérence d’un système économique est cruciale, comme l’avaient appris avant eux les soviétiques qui avaient, un temps, envisagé de laisser une place à l’économie de marché pour créer la richesse que la mise en commun des moyens de production ne parvenait pas à créer. Pour ne pas avoir à réduire le périmètre et le train de vie de l’État et dans la mesure où augmenter la fiscalité requerrait une créativité dont ceux qui nous dirigent sont devenus incapables, il sera nécessaire de réduire les dépenses d’État-providence.

Au vu de l’importance qu’ont pris au fil du temps les « droits à » – à tel point que les syndicalistes les plus chevronnés soient aujourd’hui convaincus de l’existence d’un droit à l’emploi à vie qu’ils tentent de faire valoir manu syndicali – dans l’inconscience collectiviste, s’attaquer à l’État-providence demandera aux parlementaires et au gouvernement un courage dont, jusqu’à présent, ils n’ont pas su faire preuve, préférant léguer à leurs successeurs une dette toujours plus lourde.

Mais il faut d’ores et déjà y réfléchir. Le gouvernement n’aime pas faire les choses dans la précipitation – mais s’il veut s’y mettre, il n’hésitera pas à contourner le processus démocratique – et, pour l’aider, les journalistes commencent à évoquer des pistes dans les domaines de la famille, des retraites, de l’assurance-maladie et du chômage. Sur la famille, il s’agit avant tout de rassurer :

A première vue, ce n’est pas le chantier le plus compliqué pour le gouvernement : les 2,2 milliards d’euros de déficit attendus en 2016 pout la CNAF sont peu de choses comparés, par exemple, aux 21 milliards de déficit que pourrait atteindre le système de retraites d’ici 2017.

2,2 milliards de déficit, après tout, ce n’est pas grand chose – il y aura donc peu d’efforts à faire. Il ne faudrait tout de même pas que la CAF soit en excédent budgétaire, ce serait ignoble et indigne de la France. Une première piste, soulevée par Didier Migaud, serait de considérer les allocations familiales comme un revenu ; mais cela briserait un principe tacite qui veut qu’on ne puisse taxer que les revenus que les individus ont perçu pour leur travail.

D’autres pistes existent, ciblant, elles, les ménages aisés. Par exemple, la réduction ou la suppression des allocations familiales au-delà d’un certain seuil de revenus, comme c’est déjà le cas pour certaines prestations. Ou une réforme du quotient familial, qui module les impôts en fonction du nombre de personnes du foyer : déjà ramené de 2336 à 2000 euros par le gouvernement, le plafond de cet avantage pourrait de nouveau être raboté.

Quoi de plus logique que de faire peser sur les ménages qui financent l’État-providence les économies, augmentant ainsi leur contribution nette ? Entre un traitement plus équitable des revenus, qu’ils soient acquis par le travail ou distribués par l’État après qu’il les ait prélevés à d’autres, et une augmentation supplémentaire de la contribution des plus aisés, le choix du gouvernement sera sans doute sans surprises.

Le chantier des retraites est plus simple : il s’agit de faire varier durée de cotisation, montant des pensions et montant des cotisations. L’harmonisation des retraites du public et du privé semble avoir disparu du débat, qui, s’il est mené à bien, permettrait d’éviter un déficit annuel de plusieurs dizaines de milliards d’euros – et la fin de la retraite par répartition, rendant préférable l’échec dudit débat.

L’assurance-maladie, largement déficitaire, a elle aussi jusque-là trouvé une solution dans l’accroissement des recettes – comprendre la hausse des prélèvements – plutôt que dans la réduction des dépenses.

Une répartition de l’effort qui pourrait changer dans le prochain PLFSS, vu l’engagement général du gouvernement à privilégier la baisse des dépenses aux nouvelles recettes.

L' »engagement général du gouvernement à privilégier la baisse des dépenses aux nouvelles recettes » permet d’anticiper l’ampleur des mesures qui seront prises, François Hollande ayant appelé à « des choix courageux ». Les dépenses nouvelles générées par de mauvaises politiques liberticides n’ayant sans doute pas été prises en compte, l’ampleur du rééquilibrage sera sans doute plus grande encore.

L’assurance-chômage est le dernier levier de rééquilibrage – rééquilibrage difficile dans un contexte de destructions d’emploi réduisant le niveau des recettes et d’accroissement du chômage.

Trois leviers principaux sont à la disposition des partenaires sociaux. Les ressources pourraient être augmentées par une hausse des cotisations […]. Baisser les prestations ? Aujourd’hui, un demandeur d’emploi indemnisé touche entre 75% et 57,4% de son ancien salaire, selon le niveau de celui-ci. Une troisième possibilité est de restreindre l’accès à l’assurance chômage.

Il se trouve encore des individus pour évoquer en France l’accroissement de cotisations comme un levier sérieux et envisageable de rééquilibrage de l’assurance-chômage alors que l’accroissement induit du coût du travail alimentera le flot croissant des demandeurs d’emploi.

Les causes des déséquilibres dans le système français d’État-providence sont limpides si tant est qu’on prenne un peu de recul. Les Allemands en ont identifié une première : le manque de courage politique. L’inculture économique des Français et le déni de la réalité dont ils font preuve sont régulièrement dénoncés par les Anglais. Mais nos voisins européens n’ont pas mis le doigt sur le principal problème de la France : la morale altruiste poussée à son paroxysme. Il faudrait résister à la réalité, mener un combat contre l’économie, s’autodétruire pour ne pas avoir à remettre en cause la sainte redistribution. Peu importe que la richesse produite diminue tant qu’on s’assure qu’elle est massivement redistribuée.

Le communisme est, en France, encore perçu comme un idéal noble dont les principes ont été mal mis en pratique et dont il faudrait à nouveau tenter l’expérience. Si les Français ne font pas obstacle à l’avènement d’une société communiste, ils pourraient découvrir que l’État-providence, en plus d’être illégitime car reposant sur la contrainte et la coercition, est une arme de destruction massive de liberté et de prospérité.


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