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306ème semaine politique: deux François et la "vraie" gauche

Publié le 16 mars 2013 par Juan
306ème semaine politique: deux François
Deux François pour le prix d'un ? Mercredi, les 115 cardinaux réunis en conclave ont trouvé un remplaçant à l'ancien Benoit VXI. Ce sera François. Le nôtre, Hollande, est en Côte d'Or. Il a senti la France qui gronde. Certains de ses ministres exaspèrent. Hollande accélère. A gauche, certains redoublent d'inquiétude. Et ?
Diversions médiatiques
La semaine débute au Vatican. Hollande n'a rien compris. L'actu est là-bas, dans un conclave de cardinaux hors d'âge qui choisiront entre eux l'héritier du Christ. Le nouveau pape est désigné par le conclave des 115, mercredi en soirée, à temps pour les JT. Il choisit François comme prénom, hommage à Saint-François d'Assises. C'est un Argentin, dont on questionne déjà son attitude sous la junte militaire au pouvoir dans son pays jusqu'en 1983.
La neige bouscule les habitudes des milliers de Français. Les médias principaux s'en saisissent avec délectation. Hélicoptères, directs,  caméras embarquées au plus près des victimes, on a tout et trop pour 50 centimètres de trop sur le quart Nord Ouest du pays. Dès mardi, le feuilleton occulte tout. Pas un sujet sur les SDF qui crèvent. On raille donc avec raison de cette surabondance médiatique pour un caprice de dame Nature.
On se réjouit d'entendre des râleurs réclamer davantage de ... service public. Pour un peu, l'UMP réclamerait des cheminots supplémentaires... La Fédération des assurances annonce 100 millions d'euros de dégâts.
Et l'overdose médiatique, combien nous coûte-t-elle ?
L'UMP a disparu
L'ancien parti majoritaire a disparu. On ne l'entend plus. Nous savons que nous avons la Droite la plus con du monde depuis les déboires électoraux du combat Copé/Fillon à l'automne dernier. On ne sait plus ce qu'il veut. A un an des élections municipales, c'est le bal des petites ambitions. NKM se voit à la mairie de Paris. Mais l'UMP balance des primaires, en juin prochain. Rachida Dati, autre prétendante, fustige leur caractère opaque.
L'UMP a disparu mais Nicolas Sarkozy est encore là, chaque semaine. Il aurait refusé un joli poste, la direction d'un fond qatari de quelque 500 millions d'euros. L'éventualité, révélée lundi dernier, fait froid dans le dos. Sa compagne publie un album dont deux chansons moqueraient François Hollande en Pingouin et mal-poli. Les attachés de presse démentent.
A Paris, un juge s'est décidé à interroger des représentants de la société Amesys dans une enquête sur des soupçons de complicité de torture. L'entreprise avait vendu de la technologie de surveillance au régime Kadhafi dans les années 2005-2007, avec le concours du ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy. Cette technologie avait permis d'arrêter des opposants, dont cinq par la suite torturés portent aujourd'hui plainte. La boîte plaide l'innocence et l'irresponsabilité, elle ne faisait que du business, "un acte commercial ordinaire".
Le président accélère
... et une France a peur. On lui reprochait d'être lent, malgré une multitude de réformes qui frise la boulimie. On lui reprochera de vouloir accélérer.
François Hollande visite deux jours durant la Cote d'Or. De ce périple semi-encadré, semi-public, la foule ne retient que trois choses. L'arrestation manu militari d'un militant de SUD-Solidaires qui crie « Où sont les promesses, monsieur Hollande ? »; ce petit mot du maire de Dijon, un autre François: « vire-moi un ministre. N'importe lequel, mais au moins, fais un exemple »; et l'annonce d'un coup de rigueur sur les dépenses par Hollande.
Le président prononce aussi cette phrase clé qui fait peur, tâche et inquiète: « De même pour les prestations sociales qui sont nécessaire, qui sont indispensables pour assurer la justice et la redistribution, là encore, il y a des évaluations à faire et des choix courageux à engager. »
Et ce François-là confirme l'inévitable: la réforme Sarkozy n'a pas sauvé nos retraites. On nous aurait menti ! Fichtre ! On craint le pire. Hollande abuse d'un vocabulaire qui sent le coup fourré, à moins que ce ne soit le coup de maître. Si l'on veut être honnête, il faut convenir d'attendre, et de juger plus tard si la future réforme sera juste. Pour l'heure, le gouvernement livre statistiques et analyses, installe une commission et prie les partenaires sociaux de se coller à la négociation.
Lesquels, mercredi, signent un accord sur les retraites complémentaires (MEDEF, CFTC, FO, CFDT). La note est salée, mais pour trois ans seulement, le temps de rétablir les comptes: relèvement des cotisations salariées (400 millions d'euros par an) et patronales (700 millions d'euros par an), et désindexation partielle des pensions de l'inflation (2 milliards d'euros par an). Les cadres - actifs ou retraités - sont les plus touchés.
Il y a aussi un plan de sauvetage du bâtiment, pour alléger les contraintes liées à la construction. Près de 500.000 constructions ont été autorisées en 2012 - mais seulement 350.000 mises en chantier. Pour aller plus vite sur ce sujet, Hollande envisage le recours aux ordonnances. 
La « vraie » Gauche s'en indigne par avance. Billets, tweets et articles pullulent contre cette perspective. On veut débattre des réglementations immobilières ! Si, si, on vous l'assure !
La gauche inquiète
La Gauche, même la vraie, est moins unie quand on évoque la taxation (ou la réduction) des allocations familiales pour les familles aisées. La caisse sera déficitaire de plus de 2 milliards d'euros par an jusqu'en 2016. Bizarrement, l'UMP et le Front de Gauche sont ensemble pour dénoncer une attaque à la politique familiale.
C'est incompréhensible mais c'est la France de 2013.
Des associations de chômeurs ne sont pas contentes. Michel Sapin, présent à leur rencontre, n'a accepté aucune (nouvelle) mesure d'urgence (moratoire sur les indus, réforme des radiations, facilitation des accès aux minima pour les fins de droits, etc). Combien d'immolations de chômeurs en fin de droits faudra-t-il se demandent certains.
Avec raison.
Certaines causes n'attendent pas les conférences. Les services du même Sapin ont livré une belle analyse des chômeurs non indemnisés, voici 10 jours. Trop peu commenté, le rapport était comme un pavé dans la gueule ou dans la marre des chantres de la Droite Forte ou Sociale: un chômeur sur deux ne touche rien. Et 80% de ces non-indemnisés n'a pas non plus de minima sociaux.
Manuel Valls a franchi une borne. Un mauvais propos sur la communauté Rom, dans les colonnes du Figaro.
L'Europe énerve
Jeudi, un sommet européen, encore un. La rigueur, elle vient de là-bas. Une fraction de la gauche et d'ailleurs en est sûr. Sans l'Europe, la France (prononcez Fraaaaaance) serait ce caillou isolé et hors sol, heureux et prospère. On mangerait du cheval français dans nos boeufs bourguignons. Pour atteindre ce paradis perdu, il nous manquerait une gauche moins frileuse. Ou bien... Ou bien « on » nous raconte n'importe quoi.
Pascal Canfin, ministre du développement, ne veut plus de rigueur. « On constate que les efforts budgétaires mis en œuvre simultanément dans l'ensemble des pays membres provoquent une récession. On se tire une balle dans le pied ». A Paris et en coulisses, nombre de ministres disent la même chose. Le Canard Enchaîné fait l'addition: il y a une trentaine de milliards d'euros d'impôts ou d'économies à identifier pour boucler le budget 2014.
A Strasbourg, la veille du sommet, le Parlement rejette le projet de budget récessif 2014-2020. C'est une première réjouissante mais absurde: comment laisser un Parlement dont le mandat expire l'an prochain voter un tel budget quinquennal sans passer par un vote ? Sous le poids des lobbies infiltrés au coeur de la commission Agriculture, la même Assemblée vote une Politique Agricole Commune dé-verdisée. Exit le plafond à 100.000 euros d'aides européennes par an que voulait les Verts. Allégé aussi le conditionnement de 30% des aides directes au respect des normes environnementales... La veille, le Parlement avait aussi validé la mise sous tutelle technocratique des pays déficitaires... Vive l'Europe ! Même Jean Quatremer, l'envoyé spécial de Libération habituellement si europhile s'en inquiète.
Jeudi, la France et le Royaume Uni réclament de pouvoir envoyer des armes à l'opposition syrienne. Bachar el Assad est toujours là, 70.000 morts et des milliers de viols plus tard, deux ans après le début de la guerre civile.
Belle semaine, merci.
Bye bye.
Crédit illustration: http://www.alterinfo.net/dozone-parody/



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