Et la sidérale indifférence des gens qui passent...
Ne sont-ils qu'un décor ? Indifférents, somnambules. Des gens qui passent, sourds au monde dans leur bulle de babillages, dans leur ennui urbain. Vitrines, trottoirs, déambulations monadiques, insensibles au talent. Des figurants désincarnés et qui défilent comme sur une scène, comme dans un théâtre, une caverne ombreuse.
Cette distorsion ouvre l'espace de la vidéo, faisant jaillir le blues de ce titre de Metallica si délicatement joué. La musique de rue pour être audible, se faire remarquer, veut de l'esbrouffe, du cliquant, du tape à l'œil. Le badaud ne se retourne que sur ça : l'instant. Qu'il oublie pour un autre.
La musique de Metallica se fond en design sonore. Elle enveloppe la rue comme peuvent le faire le chant des oiseaux, les cris des enfants ou le bruissement des branches au vent. Nul donc ne s'y arrête. Nul ne s'arrête à grapiller un grain de magie, une note. C'est trop demander, sans doute, d'être un poète flâneur regardant se dérouler la rivière du temps. Quitter l'instant pour se fondre dans le décor.
C'est sans doute plus facile, assis dans un fauteuil, à regarder YouTube.