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Baisse des retraites

Publié le 16 mars 2013 par Malesherbes

La retraite des salariés français est assurée, pour l’essentiel, par un système de répartition. Ce sont les cotisations réglées par les salariés en activité et leurs employeurs qui financent les pensions versées aux salariés ayant liquidé leur retraite. La progression du chômage réduit le montant des cotisations. Inversement, l’allongement de la durée de vie augmente le nombre de pensions à régler. L’équilibre du système n’est plus assuré, ses dépenses croissant plus rapidement que ses ressources.

On peut distinguer plusieurs voies pour remédier à cette situation : augmenter les entrées ou diminuer les sorties. La première de ces solutions offre deux options : augmenter la population salariale ou majorer les cotisations. Faire croître le nombre des actifs suppose de mener une politique nataliste, dont les effets ne sauraient être immédiats, ou bien diminuer le chômage, résultat après lequel on court vainement depuis trente ans. Quant à l’augmentation des cotisations, elle diminue le net des salariés et vient alourdir les charges de nos entreprises qui, comme on nous le serine depuis des années, pâtissent d’un coût du travail trop élevé.

La deuxième solution consiste à diminuer le nombre de retraités ou à baisser leur retraite. C’est pourquoi on met en avant le recul de l’âge de la retraite qui, tout naturellement, fait diminuer le nombre des retraités. Cette mesure est de surcroît doublement efficace puisqu’ainsi les salariés maintenus en activité continuent à cotiser, accroissant les ressources, et, parvenus à la retraite, la percevront moins longtemps, diminuant les dépenses qu’elle occasionne.

Là où cette méthode du recul de l’âge de départ en retraite est scandaleusement trompeuse, c’est qu’elle ignore délibérément le fait que nous sommes depuis des années dans une situation de chômage persistant. De ce fait, l’âge moyen de cessation d’activité se situe aujourd’hui aux environs de 58 ans. Les salariés âgés trouvant difficilement un emploi, le recul de l’âge de départ en retraite conduira des salariés à ne pas disposer du nombre de trimestres de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Leur pension subira alors un coefficient de minoration proportionnel au nombre de trimestres manquant, mécaniquement beaucoup plus important que présentement.

Il ne suffit pas de décréter que les salariés devront travailler plus longtemps. Il faut être aussi en mesure de les employer plus longtemps. Comme ce n’est guère vraisemblable, toutes ces négociations ne visent qu’à dissimuler une évidence : les ressources des retraités, ces privilégiés, ces nantis, si fortunés que certains en sont réduits à fréquenter les Restos du Cœur, ces ressources vont baisser, voire chuter.

Gouverner, c’est prévoir. Vraiment ?


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