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Lundi 07 avril. 07h16. France Inter, ma biscotte et moi...

Publié le 07 avril 2008 par Gchocteau

Nous sommes le lundi 07 avril, il est 07h12. Comme tous les matins à cette heure, la famille écoute le 7/10 de Nicolas Demorand sur France Inter. Les chroniques et reportages se succèdent, comme à l'habitude et arrive une de mes chroniques préférées : Bernard Maris.

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Bernard Maris est un enseignant, écrivain et journaliste français.
Agrégé et docteur en économie, il est professeur d'Université ; il enseigne à l'Institut d'études européennes de Paris VIII et aux États-Unis. Il est souvent présenté comme altermondialiste, du fait de son ex-participation au conseil scientifique d'ATTAC, mais est surtout un grand admirateur de Keynes, à qui il a dédié un ouvrage, ce que certains critiquent pour incompatibilité avec ses positions écologistes. Extraits de wikipedia

A vrai dire, la chronique de Bernard Maris est un pur régal tant elle est clair, précise, vive, pleine d'intérêt et surtout PEDAGOGIQUE ! On comprend tout... Il devrait être prof ! (NdlR : il l'est !). Et le duel du vendredi matin entre lui et Jean Marc Sylvestre est en général un régal pour les nerfs tellement cet empapaouté de JM Sylvestre est carricatural, démagogique et de mauvaise foi. Je n'ai jamais compris comment on pouvait prétendre que ce pantin du capitalisme était journaliste et donc sérieux ! Qui l'a écouté une fois ne peut me soutenir le contraire ! Pour ceux qui ne connaitrait pas Bernard Maris, outre son blog (Pas très régulier), je conseille deux de ses livres : Anti manuel d'économie tome 1 et tome 2.

Passsons et revenons sur mon émission du matin...

Je commence à tendre mon oreille tel l'agent du fisc au comptoir du café à côté du siège de l'UIMM...

... économie sociale ... association ... coopérative .... mutuelle ... bénévolat ... Sarkozy [????] ... Etat ... conférence automne prochain ... reconnaissance ... rôle irremplaçable ...

"Ah ah !" me dis je... "Benard Maris parle encore d'un sujet m'intéressant de près !"... Je tends encore plus l'oreille contre le poste... A tel point que j'en tombe de ma chaise à l'écoute des propos suivants :

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi la tenue en automne 2008 d'une « Conférence de la vie associative », en vue « d'amplifier la reconnaissance du bénévolat ». Je cite le président : « Cette manifestation portera notamment sur la représentation du monde associatif et la reconnaissance du bénévolat que le chef de l'Etat souhaite amplifier ».
Lors de cette rencontre, M. Sarkozy a aussi souligné « le rôle irremplaçable que jouent les associations dans l'entretien du lien social et la qualité du vivre-ensemble ». Extraits de Marianne

Ma biscotte éclate sous la pression de mes doigts, la chaisse vacille, mon esprit aussi... Sarkozy parle d'économie sociale !! Mon travail, mon engagement, mon activité, bref, il parle de moi ! Euh... Non... Là, je m'égare !

Marianne développe un peu l'économie sociale :

Créer de la valeur sans rechercher le profit
Est-ce à dire que nous sommes dans le socialisme ? Certainement pas dans le socialisme « réel » entre guillemets, celui de Lénine ou pire de Staline, qui reposaient sur la collectivisation des moyens de production et la marche forcée vers l'accumulation, avec tous les dégâts et les horreurs politiques et écologiques que l'on sait. Ce n'est pas non plus le capitalisme avec tous les dégâts humains et écologiques qu'il implique. C'est l'association, c'est entre les deux, et pourtant ça produit, ça travaille, et ça peut même vendre sur le marché même si le but de la production n'est pas le profit.
Qu'est-ce que l'économie sociale ? Elle rassemble les associations et les fondations, les coopératives, les mutuelles. Elles sont fondée sur la démocratie, la libre adhésion, la propriété commune, la juste répartition des excédents, la solidarité des participants. Contrairement à ce que l'on pense, l'économie associative, le troisième pilier de l'économie entre le privé et le public, existe en Europe. Je cite les chiffres du livre de Monsieur Jeantet : 248 millions d'européens sont membres d'une coopérative, d'une mutuelle ou d'une association. En France, selon l'INSEE, l'économie sociale représente près de 12% du PIB et emploie près de 2 millions de salariés.
On peut faire de l'économie et créer de la valeur sans rechercher le profit et sans participer du cynisme de l'économie de marché. Etonnante initiative du chef de l'Etat, vraiment !! Extraits de Marianne

Créer de la richesse qui n'exploite personne, produire sans détruire, travailler sans exploiter, mutualiser sans "léniniser", s'associer pour être plus forts... Est ce possible ? Oui, grâce aux statuts juridiques de l'économie sociale (Association, coopérative, mutuelles, fondations), grâce aux projets et aux hommes qui la portent, grâce à plus d'un siècle d'existence qui a forgé, consolidé, tout en adaptant, ses piliers, ses fondamentaux : démocratie, libre adhésion, propriété commune, juste répartition des excédents, solidarité des participants.

Alors que vient faire Sarkozy l'ultra libéral, ami des patrons, des nantis et des richards dans ce secteur économique ? Eh bien, il vient promouvoir les bonnes âmes qui s'occupent de réparer les dégâts du capitalisme qu'il promeut et développe grâce à ses amis proches (Bolloré et autres). Cette vision "19° siècle" de l'économie sociale renvoie aux visions des libéraux classiques (Adam Smith et autres), le secteur de la charité doit s'occuper des pauvres et on doit donc le garder. La connexion entre "système économique" et "dégâts humains" est refusée par les libéraux, anciens et modernes, argumentant que la main invisible du marché ne peut pas fair correctement son oeuvre, et c'est pour cela que tout coince !

Bien entendu, je carricature un peu, mais à peine (Ecouter Sylvestre sur France Inter, vous verrez !).

Donc, quand Sarkozy nous parle "reconnaissance de l'économie sociale", il parle avant tout "reconnaissance des associations" et là dedans "reconnaissance de la réparation des dégâts".

Et là, je dis "au secours !" Car la tape derrière les oreilles après, c'est "coup de frein" sur les aides sociales, développement du charity business, transfert grandissant au privé de l'intervention sociale (Même si cela a commencé depuis longtemps !) et désengagement toujours grandissant de l'Etat, au profil des activités régaliennes de ce dernier.

Est ce étonnant d'apprendre que c'est aux Etats Unis que le bénévolat et l'associatif sont les plus développés ? La raison est autant religieuse (Protestantisme et engagement bénévole font très bon ménage !) qu'économique (Etat fédéral ) peau de chagrin).

Alors, des propos comme ceux entendu ce matin du lundi 07 avril, ne font rien pour me rassurer... Rien du tout !

tag : Sociétal, Coup de gueule, Economie sociale, Sarkozy, Ressources Solidaires, Bernard Maris, Bénévolat, France Inter, Nicolas Demorand, Jean Marc Sylvestre, Associations, Mutuelles, Coopérative, Capitalisme, Economie de la réparation, Charity Business, Lénine

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