Amour // De Michael Haneke. Avec Emmanuelle Riva et Jean Louis Trintignant.
Je sais que suffisamment de monde a dit du bien de Amour pour que je sois convaincu de sa qualité. Sauf que je ne suis pas un grand fan du cinéma de Michael Haneke (j'avais
notamment détesté Le Ruban Blanc). Ce cinéma transpirant qui ne cesse de se regarder, je déteste ça. Et puis je me suis dit, il faut bien que je regarde Amour
tout de même, ne serait-ce que pour ne pas paraitre con quand des gens de mon entourage commencent à me parler de ce film. Et j'ai été bouleversé. Avec Amour j'ai vu mes grands
parents, ou revu. C'était tellement touchant et je suis encore en admiration devant le talent d'Emmanuelle Riva qui ne cesse de surprendre le spectateur. Une prestation étonnante
et particulièrement dérangeante. Le spectateur que je suis a été très gêné par de nombreux moments du film (la douche, les gémissements de Anne, les couches, …). Ce huis clos créé alors le
sentiment petit à petit que la vie s'en va. C'est d'ailleurs certainement l'un des plus beau poème à la mort que j'ai pu voir au cinéma.
Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est
victime d’une petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.
Amour fait une sorte de constat : celui que tout être humain finira un jour par mourir. Sauf que dans Amour, c'est la mort dans la douleur que l'on suit. Un film
particulièrement douloureux et ce jusqu'au bout quand Georges choisi d'aider sa femme, souffrante. C'est certainement l'une des plus belles preuves d'amour qu'il ait pu lui offrir. Je suis encore
bouleversé par Amour. J'ai beaucoup de mal à ne pas faire l'amalgame avec mes grands parents finalement. C'est certainement pour cela que ce film m'a autant touché. Comme quoi,
les seniors ont eux aussi droit de nous parler d'amour au cinéma. C'était inattendu. Michael Haneke choisi la contemplation et non pas le voyeurisme. Une prouesse technique étant
donné que le sujet aurait pu lui donner l'envie de pénétrer dans la vie de ces deux octogénaires. Il choisit donc d'être délicat, nuancé et touchant. On sent que les émotions sont présentes et
qu'elles habitent le metteur en scène.
Amour sera parvenu à me faire prendre conscience de deux choses : que l'amour PEUT être éternel (dans le cas de l'histoire de Georges et Anne) et que je peux aussi parfois aimer
le cinéma de Michael Haneke (qui n'a pas intérêt à revenir à ce cinéma d'auteur qui se reluque les fesses quand il peut le faire). Un cinéma prude avec un sujet qui aurait
pourtant très bien pu dérapé. Je tiens aussi à souligner la prestation de Jean Louis Trintignant, touchant lui aussi mais d'une autre façon et dans un registre totalement
différent. Ou encore Isabelle Huppert, offrant un regard différent. Finalement, Amour porte bien son nom, submerge le spectateur d'une forêt de sentiments sans
jamais le quitter. En retrouvant une partie de mes grands parents dans Amour, je peux commencer aussi à être en paix avec moi même et à voir que finalement, leur amour restera
éternel lui aussi.
Note : 10/10. En bref, époustouflant.