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Le monde de Sophie - Jostein Gaarder

Publié le 02 février 2013 par Anaïs






Auteur : Jostein Gaarder.Langue originale : Norvégien. 
Traduction : Hélène Hervieu / Martine Laffon.Éditeur : Points.Date de parution : 2002.Pages : 618.Prix : 9,45€.
Ce qu'en dit l'éditeur 
Tout commence le jour où Sophie Amundsen, une jeune fille de quinze ans, trouve dans sa boîte une lettre qui lui est adressée, et sur laquelle n'est inscrite qu'une seule phrase : « qui es-tu ? ». Une seconde enveloppe lui parvient, et à l'intérieur un nouveau petit mot : « d'où vient le monde ? ». Expéditeur de ces lettres reste un mystère, mais les questions posées intriguent Sophie. C'est le début d'une étrange correspondance qui va plonger la jeune fille en quête de réponses dans une longue visite des principales figures de la philosophie...
Ce roman initiatique a conquis des millions de lecteurs à travers le monde. Sans doute parce que Le monde de Sophie ne donne pas de réponses pré-fabriquées mais parce qu'il pose des questions, de vraies questions.

Il est des livres que l'on a autant de mal à ouvrir qu'à fermer. 

À ouvrir car la première de couverture, fruit d'un accouplement raté entre Dalí et Bonnard (vous ne trouvez pas ?) rebute et que le sujet quant à lui assomme. Qui en effet garde un souvenir palpitant de ses cours de philosophie ? Attention, scoop : pas moi.  À fermer car une lecture commune (j'en profite pour remercier mille fois encore Tomisika qui en est à l'origine) et un zeste de sado-masochisme plus tard,force m'est de constater queLe monde de Sophie est un livre formidable et surtout, que la philosophie peut s'avérer passionnante.Jostein Gaarder réussit l'impensable avec ce livre : vulgariser la discipline sinon la plus complexe, du moins la plus inaccessible. En trente-cinq chapitres, il condense la pensée occidentale  d'où certains oublis malencontreux (Machiavel, Husserl, pour ne citer qu'eux) mais pas préjudiciables pour autant puisqu'il ne prétend pas être exhaustif– et retrace l'histoire de la philosophie de façon linéaire. 

De Platon à Hegel, en passant par Berkeley, Gaarder s'emploie à autopsier les différents courants philosophiques de l'Histoire et étaye ses explications avec des exemples concrets et on ne peut plus ingénieux : la théorie de l'atome de Démocrite est par exemple assimilée aux Lego. L'atome, tout comme le Lego est en effet indivisible et peut se combiner à d'autres pour former un objet ou une personne.

Le monde de Sophie ne traite toutefois pas uniquement de philosophie. Gaarder y évoque aussi les découvertes scientifiques les plus incontournables et les mouvements sociaux les plus déterminants. Sa force est de proposer un éclaircissement toujours plus fluide et ludique et, par conséquent, de rendre la philosophie moins rébarbative qu'elle ne l'est ou du moins qu'elle ne semble l'être – d'où le fait, selon moi, que le livre séduise davantage les hermétiques que les experts.

Hermétiques qui sont véritablement choyés puisqu'on n'assiste pas uniquement à des tergiversations philosophiques dans ce livre, ce qui aurait été indigeste à la longue, mais que l'on suit également l’éveil philosophique de Sophie. L'intrigue est astucieuse car elle installe un insatiable suspense dès les premières pages :  qui est donc le mystérieux correspondant de Sophie ? Pourquoi lui écrit-il ? Et bien d'autres interrogations que je dois taire pour ne pas vous révéler la suite qui est, croyez-moi, pleine de rebondissements.

Finalement, Le monde de Sophie est avant tout le récit d'une quête initiatique. Celle de Sophie bien sûr, qui ouvre peu à peu les yeux sur le monde qui l'entoure mais aussi et surtout la nôtre. C'est d'ailleurs là la vraie réussite du livre selon moi (et le but intrinsèque de la philosophie) : parvenir à nous faire nous interroger, au fil des chapitres, sur le principe même de l'existence, sur l'univers qui nous englobe, sur autrui, sur nous-mêmes enfin. 

Que cet ouvrage hautement instructif soit devenu une référence dans les lycées, ait connu un succès grandiloquent en librairie puis soit devenu un best-seller au Danemark et en Allemagne ? Rien de plus étonnant ! Historique, ludique et loufoque, Le monde de Sophie est l'ouvrage idéal pour acquérir les bases de la philosophie. 

En résumé, un voyage didactique à mi chemin entre l'essai philosophique et la fiction romanesque dont l'objectif (initier les néophytes à l'exercice de la pensée) est parfaitement maîtrisé et qui saura assurément convertir les esprits plus récalcitrants

Le petit plus 
Le monde de Sophie a été adapté au cinéma en 1999 par Erik Gustavson. 
Le petit moins Certaines interventions de Sophie (je parle des "Ah ?", "Eh bien ?" "Continue !", "Explique !" etc) sont inutiles et auraient dû être soit davantage soignées soit occultées.
N'hésitez pas si :
  • vous n'aimez pas la philo et/ou n'avez jamais rien compris à cette discipline (ce livre va changer votre vie) ;
  • vous aimez les histoires imprévisibles ;
  • vous passez le BAC dans un ou deux ans (auquel cas, je vous recommande également le blog de la Liseuse qui est bourré d'analyses littéraires très instructives) ; 

Fuyez si :
  • vous frémissez devant un livre de 400 pages (celui-ci en fait 600) ;
  • vous avez des connaissances très approfondies en philosophie et/ou êtes un spécialiste (ce livre vous semblera alors peut-être réducteur) ;
***
Le conseil (in)utile 
Assurez-vous d'avoir des bras costauds avant d'ouvrir ce livre, non pas qu'il soit lourd (encore que ça reste un pavé de 600 pages) mais disons que vous serez peut-être sans doute assurément amenés à prendre des notes (20 pages Word pour ma part) et je ne vous explique pas la tendinite qui s'ensuit.  

En savoir plus sur l'auteur

Jostein Gaarder s'est toujours senti investi d'une mission pédagogique. Très sensible aux problèmes écologiques, il est en effet persuadé que la philosophie, qui contribue à faire réfléchir l'homme dans son rapport à l'autre, à lui-même et au monde, peut contribuer à éveiller les consciences sur les grandes questions (politiques, sociales, écologiques) du XXIème siècle.Non content d'enseigner la philosophie aux habitants de Bergen, il finit donc par se lancer dans la littérature et publie Le monde de Sophie dans le but d'étendre son dessein didactique au monde. En 1997, il crée le Prix Sophie afin de promouvoir et récompenser les personnes qui œuvrent à un "monde meilleur" (source : wikipedia.org et evene.fr).
Ce livre s'inscrit dans deux de mes challenges : les 170 idées et le tour du monde.

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