Le coût réel de l'énergie électrique d'origine nucléaire est un sujet de débat difficile et qui prête à controverse entre les pros et les anti. On a en effet bien du mal à inclure les coûts à long terme que représentent le stockage et le démantèlement des centrales en fin de vie.
On a pourtant maintenant une estimation précise des pertes engendrées par un accident nucléaire majeur, du type de Tchernobyl ou de Fukushima.
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), que l'on ne peut soupçonner de sympathie antinucléaire, l'estime en effet à une fourchette comprise entre 120 et 430 milliards, soit, pour ce dernier chiffre, le quart du PIB annuel de la France. La fourchette haute correspond à un accident du type de Tchernobyl ou de Fukushima. Cette estimation tient compte du manque à gagner de la fermeture de la centrale, le coût des chantiers de décontamination, le coût pour l'image du pays, son tourisme et ses exportations agricoles, l'évacuation de 100 000 personnes.
A ma connaissance, après avoir lu la note de l'IRSN, il semble ne pas être tenu compte de l'éventuelle indemnisation des résidents proches (particuliers et entreprises) qui seraient en droit de demander réparation pour la perte sur le long terme de leurs biens proches de la centrale accidentée. Si des procès sur ces dommages étaient gagnés par les parties civiles, il ferait jurisprudence et ruinerait immédiatement les entités considérées comme responsables des dommages.
Dans ces conditions, on comprendra donc qu'aucune compagnie d'assurance ne se risquerait à assurer une centrale nucléaire. C'est donc l'Etat, et le contribuable, qui s'en chargeront.
On pourra rétorquer que les centrales françaises sont plus sûres que et moins exposées aux risques naturels. On notera d'ailleurs que 10 milliards d'euros de travaux vont d'ailleurs être lancés, améliorant la sûreté ... et le coût du kilowatt nucléaire.
Mais ces certitudes se heurtent à une implacable réalité: le parc nucléaire français vieillit, arrive en fin de vie et va être pourtant prolongé, faute d'avoir su anticiper la nécessaire transition énergétique. La probabilité du déclenchement d'un accident important augmente donc mécaniquement.
Ce chiffre mérite donc qu'on le retienne et qu'on en fasse la publicité. Il est d'ailleurs à noter que Jean-Marie Jancovici, pourtant habituellement friand de chiffres, a, pour l'instant, oublié d'en parler sur son site Manicore, lui qui est prompt à diffuser les chiffres minorant l'efficacité des énergies renouvelables.
Conclusion: Si on tient compte uniquement du coût au kilowatt effectif, comprenant l'installation et la maintenance, l'éolien terrestre a maintenant rattrapé le nucléaire. Si on s'intéresse au coût réel, l'éolien est largement moins cher. Rappelons qu'un exploitant éolien paie une assurance sur ses machines. Les avantages du nucléaire sont de moins en moins évidents: en réalité, il n'en reste objectivement plus qu'un : la lutte contre le réchauffement climatique.