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De l’usage de la démocratie en Suisse

Publié le 18 mars 2013 par Alex75

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Comme l’analysait récemment le truculent Eric Zemmour, dans sa récente chronique matinale, qui me sert souvent de fil directeur, les patrons suisses l’ont mauvaise, en ce moment. L’un des plus emblématiques, l’ancien patron de Norvatis parlait même de s’exiler. S’exiler fiscalement, en Suisse, il faut le faire. En effet, les Suisses ont décidé par référendum, de limiter les bonus et d’interdire les parachutes dorés. C’est une mesure très applaudie, côté français.

Les Suisses en ont rosi de fierté, s’ils n’étaient pas d’un tempérament si placide, tant moqué, ils auraient sauté de joie. Ils n’avaient jamais entendu de chants aussi doux, venus de leur voisin français, d’habitude si condescendant, voire méprisant à leur égard. La gauche française les citait en exemple, proposait de les imiter. Les petits Suisses étaient loués par les grands médias français, pour avoir osé affronter les patrons. La démocratie helvétique était louée, donnée en exemple. Les Suisses n’en croyaient pas leurs yeux, ni leurs oreilles. Ils se souvenaient, que les mêmes, il y a deux ans seulement, avaient déversé sur eux des tombereaux d’injures pour un autre référendum, une autre « votation » comme ils disent. Alors cette procédure était cruellement dénigrée, elle faisait le lit du populisme. Les Suisses les plus francophiles auront du mal à comprendre une telle inconstance hexagonale. Ce sont pourtant les mêmes électeurs, la même démocratie directe séculaire, qui sont glorifiés après avoir été traînés dans la boue. Le pays du secret bancaire, des montres de luxe, de Davos et des référendums interdisant les minarets est aussi celui qui implique le plus ses citoyens dans le processus de décision, loin de toute polarisation politique. La Suisse est une démocratie historique.

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C’est ainsi qu’on dit tout d’un trait : la démocratie suisse, la démocratie française, la démocratie américaine, sans réfléchir qu’entre la première et la deuxième, entre la deuxième et la troisième, il y a plus que la hauteur des Alpes ou la largeur de l’Océan. La démocratie suisse, par exemple, est historique et traditionnelle ; la démocratie américaine s’est établie d’un coup dans un pays neuf ; la démocratie française, au contraire, est comme une jeune greffe plantée sur un vieil arbre monarchique. La démocratie helvétique s’est, dès l’origine, appliquée et n’a pas cessé de s’appliquer  à une confédération d’Etats ; la démocratie française, au contraire, vient se superposer, sur le tard, à un État unitaire et centralisé. La démocratie helvétique existe depuis toujours, depuis que la Suisse est née, depuis six cents ans. La Suisse est une démocratie de par toute son histoire. Elle est, de naissance, une démocratie. Mais avant tout, une particularité de la démocratie suisse est que le peuple garde en permanence un contrôle sur ses élus, car la Suisse est une démocratie qui peut être qualifiée de semi-directe, dans le sens où elle a des éléments d’une démocratie représentative (élection des membres des parlements ainsi que des exécutifs cantonaux) et d’une démocratie directe.

En effet, en Suisse, le corps électoral dispose de deux instruments qui lui permettent d’agir sur un acte décidé par l’État : il s’agit du référendum, qui peut être facultatif ou obligatoire, et de l’initiative populaire qui est le droit d’une fraction du corps électoral de déclencher une procédure permettant l’adoption, la révision, ou l’abrogation d’une disposition constitutionnelle. Cette fois-ci, en plafonnant les salaires des grands patrons, les Suisses veulent lutter contre cet accroissement inouï des inégalités, qui sape depuis vingt ans la cohésion de toutes les sociétés occidentales, et pousse les classes moyennes à s’endetter, pour suivre, pour ne pas déchoir, habitées par la hantise du déclassement. Les Suisses essayent de préserver, vaille que vaille, une cohésion, une sociabilité, une mode de vie, une culture, un héritage. C’est le même idéal de mesure des classes moyennes, qui les animent, et s’incarnait naguère dans la notion de République, en Suisse, mais aussi en France. Mais la gauche française a des œillères. Il est vrai, que souvent la droite française a les mêmes œillères, mais mises à l’envers.

A tous, les Suisses montrent que l’on peut être petit, seul, mais courageux et cohérent.

   J. D.


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