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Faire payer les chypriotes, du plus pauvre au moins riche.
Quelle belle équation que celle proposée par le Fonds monétaire international,
la Banque centrale européenne et surtout l’Allemagne d’Angela Merkel. La mère
fouettarde de l’Europe a de nouveau sévi contre un pays du sud. Un pays pas
comme les autres. Un petit pays de 250 000 habitants, de 17 milliards d’euros
de PIB, coupé en deux avec une partie grecque et une partie turque mais surtout
un pays considéré comme un paradis pas tout à fait fiscal mais presque. Un pays
où les oligarques russes ont pignon sur rue, où 8000 commerçants sont d’origine
russe et où les milliards de roubles sont convertis en milliards d’euros.
La situation de Chypre était devenue intenable sur le plan
financier puisque ce petit pays européen ne pouvait plus faire face ou plutôt
ses banques ne pouvaient plus se financer sur le marché compte tenu du montant
des créances. Alors, qu’a-t-on trouvé pour punir ces vilains sudistes un peu
trop fainéants et un peu trop accueillants pour des fonds pas très
clairs ? L’Europe — mais quelle Europe ? — a décidé dans un grand
mouvement de panique et un grand élan très peu généreux de taxer tous les
comptes de dépôts du plus petit au plus grand.
Ce qui devait se produire a eu lieu : les distributeurs
de billets ont été pris d’assaut et en deux jours, il n’y avait plus de monnaie
à récupérer. Face à la colère de la rue, des petits épargnants, des déposants
honnêtes et travailleurs et face à la vindicte de M. Poutine, le nouveau
président de Chypre a décidé de reculer et de différer le vote sur ces taxes,
une grande première en Europe puisqu’il était acquis jusqu'aujourd'hui qu’aucun déposant ne
verrait ses économies amputées d’un seul euro. Les dépôts de moins de 100 000
euros seront épargnés, si j’ose dire, par le nouvel impôt car c’est bien d’un
impôt exceptionnel dont il s’agit. L’Europe a alors dit : trouvez 6
milliards d’euros, faites comme vous voulez, seul le résultat compte ! Si ce sont les Russes qui paient…
Certains dirigeants européens ont voulu adresser un
avertissement aux autres habitants des autres pays du sud. « Puisque vous êtes
incorrigibles, on peut très bien s’en prendre à votre porte-monnaie de la
manière la plus rapide et la plus sauvage qui soit. » On tape dans l’épargne
disponible ! Cette Europe-là a de quoi faire peur. Elle fait peur.