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Influence du toucher sur le respect d'une prescritpion médicale

Publié le 22 mars 2013 par Hugues @hugues_delmas

Influence du toucher sur le respect d'une prescritpion médicale La communication non verbale est importante dans les relations d'aide et les dynamiques thérapeutiques. Dans le cas d'une prescription médicale, d'un médecin à son patient, le toucher peut-il avoir un effet sur la compliance des patients ?
 
Le non-suivi des prescriptions médicales est un phénomène reconnu comme générant des résistances aux médicaments, ainsi qu'un accroissement des dépenses de santé. Une étude menée à l'Université de Californie à San Francisco (UCSF) a montré que la communication médecin-patient améliore l'observance du traitement et joue ainsi sur l'état de santé du patient. En effet, les auteurs de l'étude ont pu conclure que l'établissement d'une communication de qualité entre le médecin et son patient améliore chez ce dernier le respect du traitement prescrit par le praticien.
L'étude relate les effets de la communication verbale instaurée entre patient et médecin, mais qu'en est-il de la communication en générale, et plus particulièrement, de la communication non verbale ? En 2009, le chercheur Nicolas Guéguen et son équipe, dans la lignée de ses travaux de recherche sur l'influence du toucher, a publié les résultats de son étude sur l'impact de celui-ci sur le respect de leur traitement médical par des patients.
Dans le cadre de cette recherche, des patients de quatre médecins généralistes (deux hommes et deux femmes) ont  été suivis. Il s'agissait de personnes âgées de 20 à 30 ans, souffrant d'une pharyngite associée à une infection bactérienne, diagnostiquée par le médecin.
Chaque médecin avait pour instruction de réaliser ses consultations comme il en avait l'habitude, après quoi il se levait et raccompagnait le patient vers la sortie, en leur disant «Il est très important que vous respectiez le traitement, pour éviter toute rechute ».
La différence et tout l'intérêt de l'expérience se jouait ici : soit le praticien touchait l'avant-bras du patient pendant une à deux secondes pendant qu'il prononçait cette phrase, soit n'avait aucun recours au contact tactile. 
Exactement huit jours plus tard, les patients étaient sollicités pour rencontrer un interviewer à leur domicile, et faire le point sur le suivi de leur prescription médicale. A ainsi été réalisé le compte des médicaments restants sur la boite prescrite.
Les résultats de l'expérience ont montré que le nombre de comprimés pris par les patients était plus élevé en condition « avec toucher », qu'en condition « sans toucher ». Ainsi, la recommandation verbale de bien suivre le traitement a été mieux respectée lorsqu'il y a eu contact tactile, que lorsqu'il n'y a eu aucun contact.
Mais quels pourraient être les mécanismes en jeu ? Au cours de cette même étude, l'équipe de chercheurs a également mesuré les niveaux de compétence et d'implication du médecin, perçus par le patient. Les résultats de ces mesures ont mis en évidence que le contact tactile était associé à la perception des niveaux de compétence et d'implication les plus élevés.
Il a alors été montré un lien entre le toucher et le suivi de recommandations médicales à court terme, dont l'on peut émettre l'hypothèse qu'il soit lié à une perception positive du « toucheur ». Ainsi, si une bonne communication verbale médecin-patient a démontré son efficacité dans l'observance du traitement prescrit, la communication non verbale, à travers le toucher notamment, y joue aussi un rôle considérable.
Publié par Gladys Rafin Références :

  • Improving medication adherence by using practitionner nonverbal techniques : a field experiment on the effect of touch. Nicolas Guéguen, Sébastien Meineri, Virginie Charles-Sire. Journal of Behavioral Medicine (2010) 33 : 466-473
  • Communication and Medication Refill Adherence, the Diabetes Study of Northern California.  Neda Ratanawongsa, Andrew J. Karter, Melissa M. Parker, Courtney R. Lyles, Michele Heisler, Howard H. Moffet, Nancy Adler, E. Margaret Warton, Dean Schillinger. JAMA Intern Med. 2013;173(3):210-218.

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