Hier soir, lors du Conseil Municipal de St Julien-en-Genevois, la municipalité en place et tout particulièrement le maire Jean-Michel Thénard ont fait preuve de leur manque de sérénité, pour ne pas dire plus.
Lors de la dernière commission Finances, les élus majoritaires avaient fait part de leur volonté d'augmenter les impôts de 2%, augmentation qui était donc au programme des délibérations du Conseil Municipal de ce 21/3/2013. Cette initiative m'avait d'ailleurs interpellé et j'avais même demandé avec humour à l'Adjoint aux finances si la Municipalité actuelle souhaitait perdre les élections municipales de 2014, tant chacun sait qu'il est inopportun, voire suicidaire, d'augmenter les impôts en période électorale.
A cela il me fut répondu que justement, la municipalité ne souhaitait pas faire ce genre de calcul, ni faire de démagogie mais qu'en tant qu'élus ils entendaient assumer leurs responsabilités sérieusement pour le bien de la ville; L'Adjoint aux Finances ajouta qu'en son âme et conscience une telle augmentation était justifiée compte tenu des projets importants que l'équipe en place avait pour la ville.
Funeste naiveté, car Antoine Vielliard, en bon politicien qu'il est, ne l'entendit pas de cette oreille et vit immédiatement le bénéfice électoral qu'il pouvait tirer de cette initiative hasardeuse. Après nous avoir consultés sur notre position vis à vis de cette augmentation d'impôts et vérifié qu'il y avait au sein de la Minorité un consensus à priori pour s'y opposer, il déclencha l'attaque sous forme d'une pétition qu'il lanca, non sans avoir rameuté la presse pour donner plus d'écho à son opposition absolue à une telle hausse. C'est ainsi que fort opportunèment Carole Varnier du Faucigny, le journal sarcastique local qui se régale de ces joutes croustillantes, était présente hier soir au Conseil.
Mais à notre grande surprise, la mère de toutes les batailles n'eut pas lieu, puisque l'un des combattants, le maire en l'occurrence, renonça à se battre et esquiva la joute promise, en retirant la délibération de l'ordre du jour.
Dès le début de séance, après avoir villipendé les méthodes abjectes de certains, sans les nommer, qui utilisent blogs et presse pour distiller des contre vérités et faire de la politique politicienne, le maire nous annonca que dans un esprit de pacification et d'apaisement, il avait décidé de retirer cette proposition au dernier moment et qu'il n'y aurait donc pas d'augmentation des taux d'imposition sur la feuille d'impots que les Saint-Juliennois recevront fin 2013. Ouf! Comme en 1938 à Munich, nous venions d'échaper à la guerre.
Cet épisode tragi-comique appelle plusieurs commentaires de ma part.
Si la situation l'exigeait vraiment, je trouve bien peu courageux de la part du maire de retirer une délibération qui devait bénéficier aux St Juliennois. Il a reculé non pas devant des milliers de gens dans la rue, mais devant une pétition qui hier soir à 20:00 n'avait recueilli que 120 signatures. Une telle reculade montre qu'il est désormais sur la défensive et Il ne sort pas grandi d'une telle attitude de renoncement. Ne choisit-on pas nos élus par rapport à des convictions et à une force de caractere pour les mener à bien. Si sa proposition était légitime, il se devait de la défendre, sans craindre le débat! Mais l'était-elle vraiment? Au vu des événements, on pourra désormais en douter.
Je trouve de la même facon que la Majorité a fait preuve d'un grand amateurisme en se risquant à proposer une hausse d'impots sans justification incontestable. Ils ont sous estimé l'Opposition en croyant que nous laisserions faire sans broncher; ils se sont trompés et ils se sont fait contrer.
Pour ma part, tout en étant farouchement opposé à cette hausse d'impôts malvenue, je n'ai pas signé la pétition que mon co-listier Antoine Vielliard a lancé et je tiens à m'en expliquer ici.
D'une part parce qu'il l'a lancée sans me consulter, et que je trouve la méthode quelque peu cavalière. En effet, si Antoine m'a bien consulté, ainsi que les autres membres de l'Opposition sur notre position par rappot à cette augmentation d'impôts, c'est tout seul, et de son propre chef qu'il a pris l'initiative de lancer cette pétition, d'abord sur son blog portevoix, puis en version papier; c'est ainsi que j'ai découvert dans ma boite à lettres hier à 14:00 le Bulletin Municipal de mars et la pétition. Amusante coincidence!...
D'autre part, parce que j'estimais que c'est au sein du Conseil Municipal que devait se régler ce problème et que j'attendais les explications de la Majorité avant de me prononcer, et le cas échéant signer alors une pétition. Je souhaitais en outre que fut mise en évidence la difference de méthode entre une Municipalité et des élus socialistes qui augmente les impots et celle de l'Opposition qui privilégie, et de loin, une maitrise accrue des dépenses pour éviter d'avoir recours trop facilement à la vache à lait qu'est à leurs yeux le contribuable. C'est d'ailleurs ce que j'ai dit hier soir.
Comment peut on accepter une hausse d'impôts alors que les recettes du budget 2013 sont systématiquement sous évaluées, mais que les dépenses ne sont pas bridées pour autant (+8% d'accroissement de frais de personnel prévus au budget 2013). En symbole de mon opposition à cette gestion, j'ai d'ailleurs décidé de systématiquement voter contre toute nouvelle création de poste à pourvoir par un fonctionnaire, me réservant la possibilité d'approuver ou de m'abstenir sur une création de poste réservé à un contractuel, ce qui n'engage pas de façon irrémédiable les dépenses futures de la commune.
Non il ne faut pas augmenter les impots maintenant: la proposition de la Majorité aurait créé un accroissement de recettes de 100 000 €, ce qui est négligeable par rapport a un budget de fonctionnement de 19 000 000 €, mais le message envoyé aux plus modestes d'entre nous aurait été calamiteux, les poussant un peu plus, s'il en est besoin, vers les extrêmes. En ces temps de vache maigre, chacun doit y mettre du sien. Une augmentation de l'impôt ne doit venir qu'en dernière extremité ou pour faire face à un projet très important et prioritaire qui la justifie. Hier soir, je n'ai pas entendu un tel discours.
Au final, la raison a prévalu, et c'est tant mieux, même si je regrette la méthode employèe pour y arriver. La politique municipale, ce n'est pas la guerre! L'Opposition doit respecter la Majorité et vice versa. C'est l'interet général qui doit primer. Hier soir, j'ai eu le sentiment que celui-ci était pris en otage au profit de raisons et stratègies avant tout électorales. Je ne crois pas que les Saint-Juliennois y aient gagné au change, car si l'Opposition a incontestablement gagné le match aller grace à un but personnel d'Antoine Vielliard, il faudra attendre le résultat final en 2014 pour connaitre le vrai vainqueur de cet affrontement stèrile mais médiatisé.
Entre temps, la Presse en aura fait ses choux gras, et le dialogue entre la Majorité et l'Opposition se sera détérioré, avec pour corollaire un repli sur soi de la Majorité qui sent bien que sa position est affaiblie. Elle trouvera dans cet épisode une justification supplémentaire pour nous tenir à l'écart de ses réflexions et travaux sur la construction de l'avenir de notre commune. Et, au final, de par notre exclusion des projets à venir, c'est Saint-Julien qui en patira, car nous ne pourrons pas exprimer notre point de vue et contribuer à l'amélioration du fonctionnement et des aménagements futurs de la ville.
Pierre Brunet
Conseiller Municipal de Saint-Julien-en-Genevois
Conseiller Communautaire de la CCG
