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Pour Robert Spieler, l’Alsace ne passe plus d’abord

Publié le 14 avril 2008 par Roman Bernard
La démission de Robert Spieler de la présidence d’Alsace d’abord consacre l’évolution du leader régionaliste alsacien depuis quelques années, passé du strict autonomisme à l’« ouverture » aux partis nationaux d’extrême-droite.
Annoncée vendredi 11 avril, la démission de Robert Spieler de la présidence d’Alsace d’abord n’a provoqué aucune surprise du côté du parti autonomiste alsacien. La longue série d’échecs électoraux, inaugurée par les élections régionales de 2004 et parachevée par les mauvais résultats des listes du parti identitaire aux récentes élections municipales, appelait depuis longtemps un changement, selon ses dirigeants.
Déjà, en 2005, le référendum sur le traité constitutionnel européen avait fait apparaître un fossé entre Robert Spieler et les membres du comité directeur. Le président, favorable au « non », avait dû faire face à l’opposition d’autres cadres, défenseurs du « oui ». Ces dissensions avaient déjà conduit Robert Spieler à démissionner, avant de revenir aux affaires l’an dernier.
Pour Jacques Cordonnier, secrétaire général d’Alsace d’abord, « les élections municipales ont été le révélateur des choix personnels de Robert Spieler, que le comité directeur déplorait. Elles ont consacré l’échec de sa stratégie nationale, qui entrait en contradiction avec la charte d’Alsace d’abord. Il faut en revenir aux fondamentaux, qui visent à une plus grande autonomie de la région alsacienne. »
« J’ai changé d’avis »
Président-fondateur du parti, Robert Spieler aurait-il oublié l’Alsace ? Il reconnaît en tout cas avoir « changé d’avis » sur l’autonomisme. Bien qu’il affirme rester « fidèle à l’idée régionaliste », ce n’est plus une priorité pour lui : « Le régionalisme seul est aujourd’hui un combat insuffisant. Il faut créer quelque chose de plus grand aux niveaux national et européen pour faire face aux défis de l’immigration et de l’islamisation. »
Sur ces thèmes pourtant, Alsace d’abord, situé à la droite de la droite, est toujours en communauté de valeurs avec Robert Spieler. Mais le comité directeur du parti, désormais dominé par Jacques Cordonnier, place, comme le stipule sa charte, les intérêts de la région au premier plan.
Lors du prochain conseil d’administration, le 23 avril, Alsace d’abord élira son nouveau président, qui devrait être plus en phase avec la vocation régionaliste et européenne du parti, selon Jacques Cordonnier. Pour Robert Spieler, c’est au contraire le retour à une carrière nationale. L’ancien député Front national entre 1986 et 1988 projette la création d’un nouveau parti de la droite nationale, avec le MNR de Bruno Mégret et d’autres mouvements ou individualités d’extrême-droite.
Le 1er juin, une convention nationale se réunira pour élire le premier bureau officiel. Un congrès devrait être tenu à la fin de l’année pour fixer les grandes orientations du parti. Si une participation aux élections européennes l’an prochain semble illusoire, le nouveau parti devrait connaître ses premières joutes électorales lors des élections régionales de 2010.
Un parti dont le but n’est ni plus ni moins que de supplanter un Front national en difficulté. Au contraire du parti de Jean-Marie Le Pen, Robert Spieler affirme que ce nouveau mouvement aura une réelle vocation européenne : des contacts ont déjà été tissés avec les séparatistes flamands du Vlaams Belang et la Lega Nord, parti sécessioniste qui vise à détacher les régions riches du nord de l’Italie de celles du Sud.
Roman Bernard

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