Silhouette – Jean-Claude Mourlevat

Par Theoma

10 nouvelles fortes et cruelles.

Il existe des auteurs, dont ceux dits pour la jeunesse, que l'on aime d'amour. Il en existe même un tas. Dans le lot, il y en a toujours un que l'on préfère. Un top chef littéraire qui possède le talent rare de réunir des ingrédients secrets pour, non seulement, rendre le texte savoureux mais pour le transcender en un objet romanesque magique.

Les lecteurs, qui ont parfois la sensation embarrassante d'être des groupies, attendent avec exaltation et émotion le dernier livre. Encore un, allez, encore un. Ils sont parfois surpris, ils ne s'attendaient pas à avoir entre les mains un recueil de nouvelles. Surprendre, de nos jours, quel exploit !

Les pages se tournent, pas trop vite, car quand viendra le prochain ? Y aura-t-il même un prochain ? Faites que ce ne soit pas le dernier ! On se demande si tout va bien pour l'auteur, était-il au fond du trou lorsqu'il a écrit ces textes ? Le ton nous rassure. Féroce, injuste, délicieusement politiquement incorrect. En ces temps aseptisés, ça fait du bien.

Et puis... on a parfois la chance de faire une rencontre. L'auteur est là, en chair et en os, que va-t-on bien pouvoir lui dire ? On pourrait commencer par le remercier d'avoir écrit Le chagrin du roi mort. Non, on va le laisser lire. Il le fait tellement bien. Un moment suspendu. On repart pour un tour.

Gallimard, 224 pages à la cruauté acidulée, 2013