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Turquie, du nouveau

Publié le 25 mars 2013 par Egea
  • Israël
  • Kurde
  • SYrie
  • Turquie

La Turquie se débrouille bien, et de façon discrète, ces derniers temps. Ainsi, en juxtaposant deux petits faits et demi qui viennent de se passer, et auxquels j'ai fait allusion avant-hier, il y a bien l'ébauche d'un tournant géopolitique qu'il convient de mettre en valeur.

Turquie, du nouveau
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1/ On remarquera tout d'abord le profil bas observé ces dernières semaines autour de la question syrienne. Peut-être est-ce dû à la résilience de Bachar Assad, ou à la montée en puissance d'extrémistes religieux, ou à la quasi autonomie de fait du secteur kurde, ou à l'afflux de réfugiés qui commencent à poser problème, ou à un travail en sous-main qui nécessite de la discrétion, ou tout simplement à un éloignement des combats qui rend moins possibles des incidents de frontière. Ou même la présence de batteries Patriot qui dissuade tout activisme syrien, sait-on jamais ?

2/ Toutefois, le premier événement est celui de la négociation en cours avec les Kurdes, et notamment avec le chef rebelle Öcalan qui appelle à déposer les armes. Certes, cela fait déjà quatre fois, depuis le début de la rébellion en 1984, que M. Öcalan proclame des cessez-le-feu. Il reste que les négociations ont beaucoup avancé ces derniers mois. On a le sentiment que quelque chose est cette fois possible, même si de multiples obstacles demeurent. Et si les raisons en sont d'abord intérieures, elles ne manqueront pas d'avoir des résonances à l'étranger.

3/ Étranger d'où vient le second coup de maître, avec les excuses présentées à Ankara par M. Netanyahou, le premier ministre israélien, à la fin de la visite de B. Obama. On n'attendait rien de cette visite de POTUS, elle a permis toutefois ce déblocage-là. Qui permet d'envisager la fin de trois ans de brouille. Il n'est pas sûr que cela renouvelle l'alliance forte qui existait avant 2009, mais elle n'est en tout cas plus interdite. Les deux acteurs avaient en effet besoin de retrouver des marges de manœuvre, avec d'une part les révoltes arabes qui ont porté au pouvoir des partis islamistes qui peinent à convaincre, d'autre part la persistance de l'exception iranienne et au-delà de l'axe chiite au nord du Moyen-Orient, comme les lecteurs d'égéa le savent depuis longtemps.

4/ On sent en effet des possibilités de modification ou de retournement d'alliance, du côté de Téhéran ou du côté de Gaza. Tel-Aviv comme Ankara avaient donc besoin de retrouver des marges de manœuvre. C'était particulièrement pressant pour la Turquie dont le néo-ottomanisme affiché n'avait pas donné les résultats escomptés. En se libérant de la contrainte kurde, en retrouvant un allié non arabe, la Turquie ouvre ses possibilités régionales.

C'est bien joué, M. Erdogan.

O. Kempf


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