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La planète devient plus verte

Publié le 26 mars 2013 par H16

Ce samedi soir, au lieu de regarder bêtement la télé, de brûler des kW dans des appareils électroniques ridicules ou de simplement lire un livre à la lumière de leur lampe de chevet, des milliers de citoyens conscientisés et en syntonisation parfaite avec Gaïa auront coupé leur électricité pour profiter d’un long moment de béatitude niaise en cramant des bougies parfumées. Quelques uns, dans le noir, se seront cognés à droite ou à gauche, d’autres auront, immanquablement, mis un peu le feu à leur mobilier, mais, comme d’habitude, tout ceci n’aura absolument aucun impact sur la Nature, et sera, encore une fois, une erreur écologique évidente. D’autant que, comme nous l’apprend Matt Riddley, la Terre se porte de mieux en mieux. Et pas grâce à ces écoconneries.

Eh oui : si l’on passe sur l’aspect aussi ludique que ridicule de la récente Earth Hour, qui propose à tous ceux qui le veulent de tester, une fois par an, le mode de vie collectiviste à la cubaine ou à la nord-coréenne, et si l’on oublie pudiquement les risques inhérents de ce genre d’exercices sur des réseaux électriques pas franchement prévus pour, force est de constater que cette année encore, la manifestation écocologiste de décroissance millimétrée aura eu son petit retentissement auprès de médias toujours aussi favorables à ce genre de happening citoyen, festif et inutile.

En revanche, il était couru d’avance que pas un de ces médias ne relaterait la dernière prise de parole publique de Matt Ridley, qui explique de façon relativement iconoclaste comment l’utilisation des énergies fossiles reverdit la planète. Bien évidemment, mes habituels contempteurs (auxquels je fais une petite bise baveuse) m’objecteront — parce qu’ils n’ont pas de culture, que voulez-vous — que le gars en question est un vendu aux compagnies pétrolières, qu’il n’y connaît rien en biologie, en écologie et en chimie, que c’est un climato-sceptique forcené, qu’il est moche et qu’il ébouillante les chatons de façon hebdomadaire. Et je leur répondrai qu’en réalité, Ridley est un membre de la chambre des Lords, de la Royal Society of Literature, de l’Académie britannique de médecine, de l’Académie américaine des Arts & Sciences, auteur de plusieurs livres dont « The Red Queen », « Genome », « The Rational Optimist » (que je conseille tous les trois) et que sa présentation à TED, « When Ideas Have Sex », a été vue plus de 2 millions de fois. Ridley n’est pas payé par les compagnies pétrolières (il n’en a vraiment pas besoin), il a un peu plus que de vagues notions scientifiques (si si), et n’est même pas climato-sceptique, mais plutôt climato-prudent.

Bref, on n’a donc pas à faire à un excité qui tiendrait un obscur blog francophone avec un masque à gaz. C’est du sérieux, du solide, le Ridley. Et pourtant, le voilà qui nous fait des déclarations pour le moins couillues : la planète verdit. Et, comme il l’explique au long de sa vidéo que vous trouverez ci-dessous, ce n’est pas en dépit des progrès technologiques de l’Humanité, mais bien à cause de ceux-ci.

Tout part de la constatation étonnante réalisée dans les années 90 par Charles Keeling qui a noté que l’amplitude entre la production et la consommation de dioxyde de carbone ne cesse de s’accroître, i.e. qu’en été, le niveau de CO2 tombe et en hiver, il remonte, et que ce va et vient s’accroît : non seulement, il y a plus de CO2 qui rentre dans l’atmosphère en hiver (ce qui est cohérent avec un accroissement de l’activité humaine), mais de surcroît, en été, plus de dioxyde de carbone est consommé, ce qui ne peut s’expliquer que par un accroissement de la végétation.

Normalized Difference Vegetation Index
Or, cette intuition s’est retrouvée corroborée par l’utilisation d’un satellite qui permet de produire un indice, le « Normalized Difference Vegetation Index », qui a montré de façon claire qu’entre 1982 et 2011, 20.5% des zones végétales du monde auront verdi, et seulement 3% auront bruni. Et ce n’est pas seulement les zones agricoles, mais aussi dans les zones forestières qui bénéficient de cette tendance. On pourrait croire que le calcul est biaisé par l’utilisation intensive des terres par l’humanité à son propre compte, mais cette objection ne peut que tomber lorsqu’on se rend compte que les zones qui verdissent le plus en vitesse et en quantité sont des zones où l’homme n’intervient pas, comme … l’Amazonie et l’Afrique Centrale, des endroits où l’utilisation de fertilisant n’est pas exactement pertinente et où le climat ne s’est pas réchauffé (au contraire des latitudes plus au Nord ou au Sud).

Il y a bel et bien un accroissement de la couverture végétale, partout dans le monde.

En regardant de plus près les quantités de données collectées, celles-ci permettent d’expliquer la moitié de cet accroissement par l’augmentation des pluies. Ceci permet d’expliquer un reverdissement du Sahel, par exemple (au contraire de ce qu’on nous serinait il y a encore quelques années). Quant à l’autre moitié de ce verdissement surprise, il viendrait bel et bien de l’augmentation de la quantité de CO2 dans l’atmosphère.

Or, si ce CO2 provient très majoritairement de sources naturelles (l’océan, se chauffant, tend à relâcher une partie du CO2 qu’il stocke normalement), une partie (même modeste) provient inévitablement de l’activité humaine. Oui, vous avez bien lu (et bien entendu si vous avez regardé la vidéo de Matt Ridley) : l’activité humaine et son rejet de CO2 dans l’atmosphère rend la planète plus verte ! Voilà une découverte particulièrement gênante pour les écolos, non ?

food footprint
Les remarques de Ridley vont plus loin : la population terrestre, depuis les années 50, a plus que doublé. Et contrairement à ce qui nous avait été prédit, au lieu de devenir tous plus pauvres, plus maigres et plus secs, nous vivons plus longtemps, nous sommes mieux nourris : nous avons maintenant 25% de nourriture en plus par tête de pipe, tous habitants confondus. Autrement dit : non seulement, nous sommes plus nombreux, nous nous en sortons nettement mieux, et en plus la Terre verdit ! Et ce n’est pas étonnant si l’on sait qu’on utilise maintenant, pour la même quantité de nourriture produite qu’en 1950, 65% moins de surface utilisée. On utilise à présent 38% de la surface terrestre exploitable pour des terres agricoles, et si on était resté aux rendements des années 60, on aurait dû en employer 82% de cette même surface. En fait, on a même passé le « peak farmland », ce moment où les besoins en terres agricoles arrivent à un plateau alors que la quantité de nourriture produite, elle, ne diminue pas (augmente, même). Et comme l’explique Ridley, on aurait été à même de diminuer la quantité de terres utilisées si certains (écolos, comme par hasard) ne s’entêtaient pas à produire des biofuels (dont la production fait scandaleusement augmenter le prix de la nourriture)…

En gros, tout montre qu’à mesure que l’humanité devient plus riche, elle devient aussi plus efficace à produire ce dont elle a besoin et plus économe de ses ressources. On estime ainsi qu’il faut atteindre les 4000$ / habitant pour que l’exploitation des forêts d’un pays diminue. Aussi incroyable que cela puisse paraître (et surtout, en parfait décalage avec les pleurnichements constants des écolos politiques à la Duflot & Batho), la couverture forestière du Bangladesh ou du Vietnam augmente. Ridley note qu’en plus, la biodiversité effectivement mesurée ne permet pas l’alarmisme dont certains ont fait leur fond de commerce : il explique ainsi que le nombre d’espèces continentales disparues depuis le 16ème siècle du fait de l’Homme est de … neuf.

Le tableau que Matt Ridley dépeint dans cette vidéo est, finalement, particulièrement réjouissant. Si certains peuvent se poser la question de savoir si les écolos, à force d’éteindre leurs bougies et de se cogner dans le noir, ont gagné et sont parvenus à une Gaïa plus verte, d’autres, avec un peu plus de bon sens (ou moins d’ironie) se contenteront de noter que grâce au progrès humain, à l’efficacité (terriblement capitaliste, rappelons-le) des industries humaines, la Nature et la Terre en général se portent de mieux en mieux.

Tout montre qu’au contraire de ce que pensent les éternels vendeurs de catastrophe à venir, l’humanité n’est pas une grosse partie du problème, mais bien une belle partie de la solution.


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