Fred et Farid, le Twitter Hot50, l’anti Minute Buzz, une nouvelle chroniqueuse au Grand Journal, …
Un vent de folie a soufflé sur les Internets français la semaine dernière. On s’est dit que cela valait le coup de revenir dessus, en prenant quelques-uns des principaux sujets qui ont animés les conversations online.
L’interview de Fred & Farid par DarkPlanneur
On est tombés sur une vidéo chez Doc News. Un petit texte (très fortement inspiré par un communiqué de presse ?) donne le ton avant de lancer la vidéo : « une interview sans langue de bois des enfants terribles de la pub ». Enfin !!
Alors du coup, on a regardé, avec beaucoup de curiosité. Et on a vu du grand Fred & Farid. Ils ont été EXACTEMENT comme on les attendait, abordant les thèmes qui leur semblent chers :
- le cul (dès la 1ère minute, et en fil rouge tout le long)
- l’argent
- les droits de l’homme (pour dire qu’ils n’en parleront surtout pas en Chine… trop risqué pour le business ?)
- les autres agences
- Et enfin une (énorme) dose de victimisation, comme d’habitude (citations en vrac : « y a des gens qui nous aiment pas », « les Français mettent tellement de temps à amier quelqu’un », « en Angleterre on encense les agences indépendantes, (…) en France on les défonce », « on est les seuls sur le marché à dire qu’on aime beaucoup ce qu’on fait », « on a 40 marques, donc ça agace », « il faut purger toute la jalousie », « le fait qu’on exprime un point de vue peut déranger », …)
Bref, un grand classique ! Non en fait ce qui nous a vraiment surpris dans cette interview, c’est le rôle tenu par « l’intervieweur » (on met ce terme entre guillemets sciemment). Alors qu’on espérait un entretien sans concession, on a droit à un grand numéro de passage de plats. Questions convenues, aucun sujet sensible abordé (alloooo Darkplanneur, tu n’as pas entendu parler des différentes polémiques au sujet de cette agence ? Genre ça, ça, ou même ça ?), et un hochement de tête approbatif à chaque phrase des deux personnes interrogées.
Donc, surtout pas de questions qui fâchent, non non, plutôt un style « s’il me reste du cirage à la fin, je vous fais les pompes »… (copyright Coluche). Beau numéro. On se serait cru sur le plateau de Michel Drucker (y a même le chien).
On saluera seulement l’efficacité de l’action RP, qui a réussi à faire diffuser cette « interview » dans plusieurs supports : Les Inrocks, Pure People, … Une belle opé, bien menée sur ce point.
Et puisqu’on a bien rigolé en regardant cette interview, on ne résiste pas à l’envie de vous livrer la plus belle citation des deux directeurs d’agence. « Ce qu’on veut nous, c’est trouver le meilleur truc, on est des artisans »… On illustre cette déclaration avec l’une de leurs créations, ci-dessous :
Le #TwitterHOT50
Toujours la semaine dernière, on a vu une autre perle débarquer sur le web : un classement nommé « Les 50 plus jolies filles de Twitter » !
Les classements, c’est un grand classique des Internets : « Les 10 moyens de gagner des followers », « Les 47 pin’s parlant TF1 à posséder absolument », « Les 5 plus belles covers de pages Facebook », … Cela permet d’avoir un titre accrocheur, et un billet souvent facile à rédiger.
Ce classement des filles de Twitter a été réalisé par 3 jeunes hommes. Pour tout vous dire, on les a déjà croisés, et on apprécie les bonhommes. Sympas, ouverts, et intelligents. Aussi on sait qu’ils ne nous tiendront pas rigueur de ce que l’on va dire à présent (sans rancune, les gars). Mais d’ailleurs, ils savaient très bien qu’ils allaient avoir des critiques, ils s’y attendaient et, quelque part, ils les désiraient.
Car c’est bien là le fond du problème. On ne va pas parler de ce classement en lui-même (leurs auteurs le reconnaissent bien volontiers comme très subjectif). On va plutôt s’intéresser aux raison d’être de ce classement.
Les 3 lascars disent l’avoir fait « pour rigoler« . Prétexte un peu facile derrière lequel on peut faire passer beaucoup de choses, mais bon. Admettons. On notera juste qu’ils ont pris cette plaisanterie très au sérieux : sélection de 300 candidates, plusieurs nuits de délibérations, réalisation d’une vidéo pour teaser avant la sortie, prises de contacts, reveal réfléchi et construit en 3 étapes sur 3 jours, … À dire vrai, cela fait plus penser à une opération de communication qu’à une blague entre potes.
Pourquoi y ont-ils passé autant de temps ? Pourquoi autant d’efforts, sachant qu’en plus ils allaient récolter diverses critiques ? Que pouvait bien leur apporter cette opé, qu’ils ont défendu becs et ongles ?
Réponse : de la notoriété.
Personne n’est dupe : Genaro, Osmany et Sélim ont réalisé et diffusé ce classement POUR FAIRE PARLER D’EUX. Une bonne vieille crise d’ego, d’envie de se retrouver un peu sous les projecteurs et d’être au centre des conversations (et envie de pécho aussi peut-être ?). Un caprice d’enfants de 12 ans, en somme (c’est à cet âge-là qu’on réalise des classements de filles, comme ils le disent eux-mêmes).
Est-ce que cela vaut vraiment la peine d’ajouter quelque chose ? …
Si, peut-être : sur les moyens d’exister et d’acquérir une (petite) notoriété. Pour nous, il en existe deux différents. Premièrement, bien faire son travail / sa tâche. Avec humilité, discrétion, mais avec talent. Deuxièmement, jouer la carte de la provocation, de la facilité, tenter de faire réagir quitte à choquer. Et (comme on dit) faire parler de soi en bien ou en mal, du moment qu’on en parle.
Inutile de préciser dans quelle catégorie nous classons cette opération. C’est un peu affligeant de faire ce constat : même des gens intelligents comme eux sont capables de tomber dans ce travers : quand on n’a rien d’intéressant à dire, on dit n’importe quoi pour se rendre intéressant.
Genaro annonçait, dans son billet précédent la sortie de ce top, que son blog allait changer. Qu’il allait parler de plus de sujets, écrire pour exister, en espérant changer pour le mieux. Manque de bol, c’est raté : ça a changé oui, mais pour devenir un torchon sans intérêt.
Le point rassurant, c’est que finalement leur opération n’a pas si bien fonctionné que cela. On en a parlé oui, mais pas autant qu’on pouvait l’attendre. Autant d’efforts pour des retombées aussi limitées, c’est con
Mais cela rend (un peu) optimiste sur la conscience des gens sur les réseaux sociaux. Et avec un peu de chance cela découragera d’autres personnes de se lancer dans des stupidités uniquement destiner à satisfaire leur soif de reconnaissance et leur petit ego.(NB : le classement de nos 3 compère a eu au moins un mérite. Il a permis de révéler deux types de personnes sans scrupules :
- les morts de faim qui sont aussitôt allés follower les jeunes filles sur Twitter – ça mériterait presque de faire un autre top dont ils seraient les stars, non ? -
- la minorité de filles présentes dans ce classement qui n’ont pu s’empêcher de s’en vanter. La plupart ont eu l’élégance de ne pas en parler et de faire comme si de rien n’était, c’est tout à leur honneur. Quelques-unes ont cependant cédé à la tentation de se mettre en avant : tweet vers le classement, retweets de personnes les félicitant d’y figurer, … Là aussi, l’ego a parlé. Bien pratique pour déterminer qui dans ce classement est superficielle, et qui a au contraire une vraie beauté, intérieure).
#Unminutebuzz, l’anti Minute Buzz
On avait assisté il y a quelques jours à la sortie d’un compte Twitter nommé « @unminutebuzz« . Ce compte s’attaquait frontalement au site Minute Buzz.
L’auteur de ce compte est allé jusqu’au bout de sa démarche, proposant à Minute Buzz de se rencontrer pour en discuter, et allant jusqu’à leur établir une recommandation stratégique avec différentes clés d’amélioration.
Un travail complet, des critiques assumées, on aime bien la démarche. En revanche on aime moins l’absence de réaction de Minute Buzz…. Alors que quelqu’un leur met (une fois de plus) sous les yeux ce que leur site présente d’incohérent et de mal fait, et leur montre comment améliorer cela simplement, ils font la sourde oreille. Et continuent de diffuser les informations intéressantes (ou pas) trouvées par d’autres, s’en attribuant une bonne part du mérite au passage et n’apportant aucune information supplémentaire (à moins de considérer les fautes d’orthographe comme des apports, évidemment).
Sincèrement, on commence à en avoir assez de ces sites (on ne cible pas forcément Minute Buzz là, il y en a d’autres) qui n’ont aucune valeur ajoutée. Ces sites qui se contentent de relayer des infos trouvées ailleurs, qui sont incapables d’avoir un avis, de défendre des opinions, et qui n’ont pour seule ambition que de générer du trafic et des visites.
Une nouvelle chroniqueuse au Grand Journal de Canal+
Jeudi 05 juillet après-midi, le web français s’enflamme. Cause ? Une rumeur annonçant la nomination d’une jeune femme, bien connue des réseaux sociaux, comme chroniqueuse au Grand Journal de Canal+ à la rentrée. Rumeur venant d’un simple statut (privé d’abord, public un peu après) mis en ligne par cette personne sur son compte Facebook.
Entre les félicitations, les « C’est n’importe quoi pourquoi elle? », les réactions se sont multipliées. Allant jusqu’à la publication d’articles (précipités) sur des médias comme LePlus et TéléObs du NouvelObs ou Premiere.fr.
Le lendemain, la jeune femme en question publiait un billet chez Naro (tiens, encore !) avec un préambule de Sélim (tiens, encore !) expliquant tout : ce statut était un fake, mis en ligne dans le cadre d’une opé pour Axe (une sombre histoire de concours de likes pour gagner le droit de monter à bord du Axe Boat, ou un truc du genre; en gros quelques blogueurs qui se tirent la bourre pour être celui qui obtiendra le plus de mentions « j’aime », le vainqueur pouvant probablement aller bouger son boule sur un yacht aux frais des clients de la marque).
Elle en profitait au passage pour égratigner les journalistes, coupables de s’être trop précipité et de ne pas avoir vérifié leurs infos (ce qui est totalement exact, mais nous fait toujours un peu sourire quand cela vient d’une ancienne de chez Minute Buzz).
Mais bon, on ne va pas rentrer dans ce débat. Cette jeune femme, on la connaît, on la croise régulièrement, on l’apprécie beaucoup. On aurait bien aimé qu’elle ait une posture un peu plus discrète après cette histoire, et qu’elle s’abstienne de se mettre en avant et de faire la morale à ses confrères, mais après tout elle a sans doute eu bon nombre de critiques qui lui sont restées en travers de la gorge suite à cette fausse nomination. L’envie de se défouler nous paraît donc, en partie, compréhensible.
Non ce qui nous a épaté nous, c’est l’ampleur prise par cette histoire. Des motivations aux résultats, on a, encore une fois, un grand n’importe quoi.
Axe qui récompense des influenceurs s’ils arrivent à générer un nombre important de « J’aime » sur un statut Facebook. Des gens prêts à aller raconter n’importe quoi pour cela. D’autres qui s’engouffrent dans le panneau et qui, d’après la description de la jeune femme, sont contents, jaloux ou intéressés (sans même attendre une éventuelle première émission, non non, juste des réactions sur l’annonce). Des « journalistes » qui, pris par la course à l’info, diffusent sans vérifier. Les auteurs de cette blague qui attendent pour démentir, trop contents de montrer qu’ils ont réussi à piéger tout le monde. Une réponse qui finit par arriver sur un blog ami, pour lui générer du trafic (tiens, encore !). Et qui se cache derrière une pseudo « analyse de ma communauté Facebook ».
Du vent. À tous les niveaux. Et un grand bordel qui, ajouté à ceux des jours précédents, nous a plus donné envie de nous déconnecter qu’autre chose, tellement le web pouvait parfois être vide de sens.
Fin de semaine
C’est cette impression de vide qui nous est restée à la fin de la semaine, et qui a motivé la rédaction de ce billet. Malgré nos critiques récurrentes (voir ici et ici) on avait encore l’espoir que le web en général, et les réseaux sociaux en particuliers, étaient encore des espaces de discussion utiles. Fréquentés par des personnes intelligentes, motivées par l’échange, le partage, l’enrichissement intellectuel mutuel. Bref, on pensait encore qu’il y avait des valeurs.
Mais là, à la vue de cette semaine passée, on a plutôt l’impression d’être dans des torchons people que sur les réseaux sociaux qu’on a connu. On est rentré dans une période où c’est l’ego qui prime.
Se montrer. Briller. Écraser les autres. Faire parler de soi. Se mettre en avant. Moi, moi, moi, toujours. L’apparence avant tout, la forme plus que le fond. Les scores Klout, les classements par nombre de followers, les tops par photo de profil, … Et cette superficialité ne semble déranger personne. On ne sait pas vous, mais nous tout ça nous dégoûte un peu.
(et lui aussi)
Une semaine de lol sur le web is a post from: Coups de pub