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Chômage: ne pas désespérer.

Publié le 28 mars 2013 par Juan
L'intérim est souvent précurseur des dégradations plus globales de la situation de l'emploi. Alors qu'elle publiait les dernières statistiques du chômage, la DARES notait une évolution moins terrifiante de l'emploi intérimaire au cours de l'année 2012.
Intérim, toujours en baisse
Au dernier trimestre 2012, les effectifs intérimaires ont encore diminué, cette fois de 1,9%. ma plus forte hausse se loge dans l’industrie (-3,9 %, soit -8 700 postes), en baisse pour le sixième trimestre consécutif. Mais l'intérim se redresse dans le tertiaire (+0,8 %, +1 300 postes) après cinq trimestres de baisse. Bref, rien de rose, mais, comme dirait une ancienne ministre des finances sarkozyste, "une décélération de la hausse" (sic!).
Une reprise de l''emploi intérimaire précède habituellement une évolution plus générale de l'emploi. En 2008, il s'était effondré dès le mois d'avril, bien avant le déclenchement officiel de la Grande Crise.
Chômage, bientôt le record.
Les commentateurs guettent le record, celui de février 1997. A fin février 2013, il n'a pas été franchi, mais on s'en rapproche.  Le total des trois premières catégories - les demandeurs en recherche active d'emploi - dépasse les 4,7 millions, +26 500 au mois de février, et +10% sur un an. Comme le mois précédent, les plus fortes hausses se trouvent chez les plus de 50 ans, hommes ou femmes (+15%). L'ancienneté des chômeurs des catégories A à C inscrits à Pôle emploi a progressé de 2 jours pour atteindre 482 jours en moyenne. Plus de deux millions de personnes sont ainsi au chômage depuis au moins un an.
Toutes catégories confondues, on s'approche donc des 6 millions. D'ici juillet, l'INSEE prédit encore 74.000 destructions d'emplois.
Des réactions politiques inaudibles
Du côté du gouvernement, on subit la vague. Cette statistique a permis de faire rappeler dans quelques médias la situation des chômeurs - comme avec ce reportage de France Inter sur le problème des "indues", ces sommes trop perçues souvent par erreur par les chômeurs qui sont ensuite réclamés (300 millions d'euros par an).
Il y a plus grave - comme les menaces de suicide ou, plus simplement, le désespoir des inscrits broyés par la machine, l'engorgement du système devenu trop informatique. Le site Actuchomage relate ainsi que les dysfonctionnements informatiques sont en hausse depuis décembre à Pôle Emploi: "En effet, jusqu'à cette date, les agences locales traitaient elles-mêmes ce type de dossiers. Mais pour soi-disant leur permettre de mieux faire face à l'afflux de chômeurs qu'elles reçoivent quotidiennement (outre le tout-venant, il faut rajouter 1.000 nouveaux inscrits par jour), il a été décidé de les soulager de tâches administratives en confiant aux plateformes de traitement la prise en charge de diverses opérations." Le mieux est souvent l'ennemi du bien...
Même au Figaro, comme en témoigne Marc Landré dans un billet publié mardi soir, on reconnaît que la progression quasi-continue du chômage depuis 57 trimestres, on note que tous les exécutifs sont tour à tour "gangrenés" par cette situation: "D'aucuns diront que ceci résulte des choix économiques du nouveau chef de l'État (le choc fiscal, un discours anti-entreprise, la suppression du dispositif d'exonération des heures supplémentaires…), d'autres pointeront la persistance de la crise économique qui balaye tout sur son passage, voire d'un mix des deux. Mais ce serait un peu vite oublier que le record du nombre de chômeurs actifs toutes catégories confondues (donc y compris les demandeurs d'emploi qui exercent des activités réduites) a été dépassé en mars 2011. Soit il y a deux ans."
Des modèles introuvables
On appelle donc à la "mobilisation générale" (Ayrault, mercredi), à la "rupture" (encore ?), les réformes (mais personne n'est d'accord sur lesquelles). Les modèles paraissent introuvables. Mercredi matin sur France Inter, Marine Le Pen racontait comme souvent n'importe quoi, une bouillie mêlée d'approximations et d'erreurs. Elle critiqua l'UMP et le PS d'avoir "choisi" un modèle libre-échangiste qui nous nivelle vers le bas. Mais qui peut croire qu'on "choisit" un système comme un cadeau dans un magasin ?
Le Parti de Gauche restait inaudible pour des raisons qui lui sont propres et un jeu médiatique malsain qui privilégie la polémique sur la forme tonitruante de l'expression de son leader à l'exposition de son programme. Pouvait-on aussi débattre d'une relance keynésienne - augmentation des minima sociaux et du SMIC en économie ouverte ? Pourtant, la Commission européenne elle-même semble saisir que réduire les dépenses sociales - ce qui n'est pas le cas en France, rappelons-le - est une mauvaise stratégie de sortie de crise : "cette diminution des dépenses sociales a été beaucoup plus forte que lors des récessions passées" pouvait lire dans l'un de ses rapports publiés le 26 mars. Ce constat n'est-il pas surréaliste ? La crise des années 30 s'était terminée dans le repli national puis la guerre. Celle des années 2000 est en passe d'échouer sur un autre écueil, l'austérité.
« Cette diminution des dépenses sociales a été beaucoup plus forte que lors des récessions passées »,
Source : http://www.euractiv.fr/social/la-baisse-des-depenses-sociales-un-accelerateur-de-crise-18594.html
Copyright © EurActiv.fr « Cette diminution des dépenses sociales a été beaucoup plus forte que lors des récessions passées »,
Source : http://www.euractiv.fr/social/la-baisse-des-depenses-sociales-un-accelerateur-de-crise-18594.html
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A l'étranger, qui n'est pas convaincu que la formule allemande emporte autant d'inconvénients douloureux - précarisation et travail partiel - que de (maigres) bénéfices (l'un des chômages les plus bas d'Europe), le tout avec une position économique unique en Europe .
Ne pas désespérer
Ne pas désespérer est une exigence politique et morale. Il est sûr que l'affaire sera au coeur de l'intervention hollandaise, jeudi soir sur France 2. Sur le même plateau télévisuel un jour de novembre, le président s'était risqué à promettre de stabiliser le chômage à la fin de cette année. Et nos éditocrates retiennent la formule comme des pronostiqueurs infantiles.
Ne pas désespérer suppose aussi d'éviter l'écume médiatique, cette autre diversion permanente qui va jusqu'à distraire le ministre le plus persévérant dans sa tâche. Ne pas répondre aux questions sur les récentes déclarations sarkozyennes en Belgique. Se fiche des autres élucubrations d'un député socialiste et trop braillard dénommé Pascal Cherki sur la stature corrézienne de Hollande. Ignorer les gémissements d'un Ivan Rioufol sur le mariage gay ou les délires du clan Sarkozy.
Ne pas désespérer implique enfin de soutenir ceux qui subissent, souffrent et résistent.


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