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Du devoir d'être patriote pour un anarchiste

Publié le 28 mars 2013 par Copeau @Contrepoints

Si l’intérêt personnel forme notre société en la conduisant vers le meilleur, c’est le devoir qui lui donne sa consistance et sa valeur. Sans l’intérêt individuel, la société n’a plus de moteur, sans le devoir, la société n’a plus de sens.
Par Emmanuel Brunet Bommert.

Du devoir d'être patriote pour un anarchiste

Revenons tout d’abord un instant sur une citation de Robert Heinlein, tirée de son livre « Starship Trooper » et qui donne le ton à cet article : « Le Devoir est à la société ce que l’intérêt personnel est à l’individu ». En effet, s’il y a bien une sentence qui résume à elle seule le devoir que chaque anarchiste a envers sa Patrie, c’est celle-ci.

Je suis un anarchiste. Jamais je n’ai caché mon affection à quiconque me le demande. Pourtant et malgré cela, mon amour pour la terre qui m’a vu naître est profond, réel et éternel. Mon pays restera à jamais mon pays.

De même, l’immense respect que j’éprouve pour la Chine, sous son nom actuel de République Populaire, même si je n’en approuve pas toujours les agissements, et même si j’émets parfois quelques doutes sur le bien fondé de certains de ses cheminements, est tout aussi fort.

Comment un anarchiste peut-il aimer un pays, s’il est un authentique anarchiste ? Cela en revient à oublier ce que sont véritablement un anarchiste et un pays. Cette omission est fondamentale, dedans se cache la clé de tout ce que nous sommes. Elle est l’incarnation même de ce pourquoi nous semblons bien aujourd’hui avoir perdu tout honneur durant le cours de nos vies quotidiennes d’individus.

Ce qu’être anarchiste signifie vraiment

Un authentique anarchiste se moque bien des clivages. Il n’est pas anarcho-ceci ou anarcho-cela, il est avant tout anarchiste. Pourquoi l’est-il ? Parce qu’il considère que le gouvernement ou un quelconque pouvoir semblable ne tire aucune légitimité du monopole de la force : il le tire exclusivement du consentement individuel et de l’intégralité de ses administrés. Parce qu’un véritable gouvernement ne peut détenir aucun pouvoir s’il ne représente rien.

Vous ne verrez aucun anarchiste cohérent vous répondre qu’il n’éprouverait aucun respect pour un gouvernement né du consentement librement offert de tous ses administrés. De même vous n’en verrez aucun venir vous dire que toute autorité doit être combattue. Ce n’est pas l’autorité que l’anarchiste craint, mais la tyrannie inévitable liée à l’usage et au contrôle de la force et de l’information par une seule ou un cartel d’entités.

Un anarchiste respecte avant toute chose la liberté, pour être précis la liberté de s’associer librement et volontairement dans une démarche commune vers le succès ou quelque autre voie qui nous sied. L’anarchiste ne juge pas, il respecte les choix, il respecte la vie, il respecte le passé. Mais il ne tolérera jamais la tyrannie, car l’anarchiste n’a qu’une seule femme : la Justice et il est fidèle à l’amour de sa vie.

Le consentement n’est pas qu’un vain mot, ce n’est pas qu’une tirade dépassée sortie du fond d’un passé archaïque, comme le sont les privilèges. C’est l’âme même de l’être humain ; la société humaine ne s’est pas organisée par la force, mais par l’accord volontaire de millions d’individus qui, à des moments donnés de leurs vies, ont décidé de se faire confiance. Lorsque la force est tolérée, elle ne l’est que dans la limite qu’on lui impose. Limite qui est aussi née d’un consentement tacite :

« Fais aux autres ce que tu veux qu’ils fissent pour toi, ne leur fait point ce que tu ne voudrais qu’ils te fassent. »

L’usage de la force n’est tolérable que lorsqu’il s’agit de réparer un tort causé. Nous appliquons ces lois car nous savons tous, intimement et au plus profond de nous, que si nous ne faisons pas respecter la justice pour autrui, alors qui le fera pour nous ? Telle est la racine de la fraternité, mot qui orne les monuments construits par nos ancêtres. Et c’est comme cela qu’ils entendaient ce mot et c’est comme cela que nous devons le défendre aujourd’hui.

Le devoir d’un anarchiste, son intime conviction, n’est pas un devoir « égoïste » au sens où on l’entend classiquement (mais éminemment égoïste au sens Randien) ; si nous voulons la liberté, ce n’est pas seulement pour nous.

Autrement ce seraient criminels que nous deviendrions.

Nous voulons la liberté partout, nous voulons la voir resplendir sur chaque arbre, chaque fenêtre, chaque ruisseau, chaque famille, chaque enfant dans tous les lieux et dans tous les temps. Tel est le devoir que l’anarchiste authentique a fait sien.

Ce devoir est autant envers lui-même qu’envers la société qu’il espère voir ainsi. Ce devoir, nous l’offrons à nos familles, à nos proches, à ceux qui nous ont fait confiance sans que nous ne puissions rien pour eux et aussi à ceux qui nous ont fait confiance à raison.

Tel est le fondement de la vie d’un anarchiste, tel est le fondement de la vie d’un libéral.

Tu aimeras ton prochain comme toi-même

Lorsque nous venons au monde, nos parents n’ont aucun devoir divin envers nous. Il n’y a aucun rayon cosmique, aucun châtiment qui attendrait un parent décidant d’abandonner ses enfants, de les traiter comme des esclaves ou même en certains temps et certaines régions de les consommer. Non, absolument rien. Quoi que vous utilisiez comme argument, tous impliquent que vous le sachiez pour agir. Nul dieu ne protège les enfants, ni ne leur garantit un avenir quelconque. C’est un fait aussi cruel que la vie peut l’être.

C’est donc avec respect que nous devons nous souvenir que, si nos parents n’avaient aucunes obligations envers nous, ils ont tout de même considéré notre vie comme une véritable et authentique responsabilité personnelle. Il n’y a que peu d’instinct pour lier un être humain adulte à un enfant, si ce n’est l’amour maternel et paternel, fruit de notre raison et non de notre ignorance.

Il existe d’innombrables espèces, dont une grande quantité de mammifères, qui abandonnent leurs petits dès qu’ils n’ont plus de besoins essentiels, et certaines, bien avant cela.

Pourtant, l’être humain dans sa très grande majorité ne le fait pas. C’est un point que notre caractère a développé et d’où est issue notre société toute entière : le Devoir. Aucune école ne suffirait à apprendre toute l’implication de ce mot, des vies peuvent parfois êtres nécessaires pour en comprendre le sens ou n’en serait-ce qu’une partie infime.

Pourtant, ce devoir est enraciné au tout profond de nous, il nous vient de nos aïeux, les premières générations qui ont compris, pendant la longue marche de l’évolution humaine, que leur responsabilité était engagée pour leurs enfants. Faisant preuve de cette abnégation initiale essentielle, née des raisons les plus éclairées. C’est lorsque cette responsabilité a pris forme que l’amour est apparu.

Lorsque cette responsabilité est née se sont révélés les mots devoir, honneur et respect. Il existe une règle, dans la pensée de Kong Fu Zi (Confucius, pour les latins) : lorsque vous devez faire le deuil de vos parents, celui-ci ne pourra durer moins de trois ans, car vos parents vous ont élevés durant les trois ans où vous ne pouviez rien sans eux. Telle est la signification du respect, d’où vient le devoir primordial. Nos parents n’avaient aucune obligation de quoi que ce soit, de même, nous n’avons aucune obligation de quoi que ce soit envers eux, mais nous devons le rendre par respect. Ce qui nous a été donné de bien mérite une rétribution qui soit au moins aussi importante.

C’est là que demeure la signification la plus intime du Devoir, prendre pour soi et faire en sorte que la devise soit toujours vraie : « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils fissent pour toi, ne leur fait point ce que tu ne voudrais qu’ils te fassent. »

Si une seule fois, même pour une raison artificiellement merveilleuse, nous venions à manquer en cela, alors la société toute entière cesserait d’avoir de socle, le monde sombrerait dans ce que nous voyons apparaître aujourd’hui dans toutes les sociétés dites modernes : un cloaque sanglant et terrifiant où plus rien n’a de réelle valeur, où l’amour vidé de son sens, lui-même disparaît, pourtant l’amour est pour toujours la toute première récompense de la valeur.

L’enfer est pavé de bonnes intentions et l’enfer attend ceux qui pensent pouvoir ignorer les fondements de notre monde. Si l’intérêt personnel forme notre société en la conduisant vers le meilleur, c’est le devoir qui lui donne sa consistance et sa valeur. Sans l’intérêt individuel, la société n’a plus de moteur, sans le devoir, la société n’a plus de sens.

Par définition une société sans devoirs est totalement ingouvernable puisqu’elle n’a aucune direction claire. Or, la définition même de gouverner est de mener à quelque chose de précis. Cette chose précise étant toujours et exclusivement la Justice, qui ne peut de toute façon pas naître d’autre chose que du Devoir. Il ne peut y avoir de Justice sans valeurs.

Tu es le gardien de ton frère

Une société humaine est simple à bâtir, son début est presque toujours le même. Une famille vient au monde et cette famille est en elle-même déjà la représentation d’une société. Nous prenons garde que nos enfants vivent et atteignent le maximum de leur potentiel et, par devoir envers nous, lorsque le moment est venu, nos enfants s’attachent à ce que nous vivions dignement jusqu’à notre mort.

Ces valeurs ne sont motivées que par le pur intérêt, pourtant le devoir y est présent et réel. Puisque c’est un accord tacite entre nous et nos enfants qu’ils pourraient enfreindre quand ils le désirent (et qu’ils font allégrement de nos jours).

Pourtant cet intérêt bien compris, cet accord, est généralement respecté. Le respect de cet accord initial, cet authentique contrat social que nous signons vis-à-vis de nos parents avec notre naissance, est le devoir personnifié. C’est sur ce tout premier accord que va reposer la société toute entière.

Puis un jour, vient une autre famille dont les enfants ont été, à peu de choses près, traités équitablement aux miens. C’est en se référant à ces devoirs que nous prenons avec nos propres parents et nos propres enfants, que la confiance s’instaure. Alors, nous pouvons décider de nous accorder avec nos voisins en usant de ces mêmes valeurs innées et communes. C’est ainsi qu’un tout premier rapport entre deux familles a eu lieu : une société vient de naître.

Si ce devoir, cette confiance ou ce respect n’avait pas été préalablement établis dans notre propre famille, nous n’aurions jamais pu établir de relation civilisée avec une autre famille. Il y aurait alors eut un conflit pour nécessairement déterminer le devoir et le droit des uns par rapport à ceux des autres. En fait, les sociétés ne peuvent apparaître et évoluer que sur une confiance réciproque, l’accord entre les individus ne peut naître que par son entremise.

Ces valeurs communes sont les premières, toutes les sociétés humaines, même les plus culturellement hostiles doivent au moins disposer d’un minimum de devoir. Pourtant, gardons nous de croire que le devoir est inné ou que le respect est uniquement un instinct. Nous apprenons ces qualités de nos parents, c’est eux qui nous enseignent à outrepasser notre nature purement intéressée pour élever notre intérêt dans des valeurs supérieures. Ce sont ces valeurs supérieures qui permettent aux sociétés de naître et de se diversifier. La première des valeurs est le Devoir.

C’est le devoir qui nous fera risquer notre vie pour nos enfants, c’est le même devoir qui nous fera risquer notre vie pour notre famille. C’est toujours lui qui nous fera prendre les armes pour défendre notre société : Notre Pays. Nous avons un devoir envers lui, car il a les valeurs que nous reconnaissons comme les nôtres.

La France est mon pays, c’est la société qui m’a vu naître et je reconnais toutes ses valeurs comme les miennes. Mais aujourd’hui, ces valeurs que j’affectionne ont disparu et la France que j’aime n’existe plus. Ce n’est pas la peur de l’inconnu, c’est la société qui évolue sans repères, qui m’effraye

Où est la France de l’égalité ? Je ne parle pas cette fausse égalité sociale qu’on nous présente comme l’authentique. La véritable signification du mot « égalité » qui est inscrit sur tous nos murs la voici : « Que nul Français, où qu’il se trouve, ne reconnaisse ni n’accorde jamais aucun privilège ni statut privilégié. Nous sommes tous nés égaux en droits et en devoirs les uns envers les autres. Aucun privilège, quel qu’il soit n’est légitime : aucun. »

Où est la France de la Fraternité ? Non, pas cette ignoble fraternité artificielle peinte dans tous les médias. La véritable signification de la « Fraternité » est toute simple, si simple qu’elle brille comme une étoile aux couleurs plus vives que le drapeau français : « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils fissent pour toi. Ne rejette jamais le devoir, ne lui tourne jamais le dos. Les français sont les gardiens de leurs frères, ils les protègent et les respectent. »

Enfin, où est la France de la Liberté, mère de la Justice ? Cette véritable liberté qui nous permet de décider seuls de nos vies, sans la contrainte de la force. Non pas cette fausse définition macabre qui ferait de la liberté un synonyme du pouvoir ; mais cette véritable définition, pleine de valeur, d’une liberté reposant sur le devoir et le droit ?

Tout cela a disparu. Plus une trace ne subsiste, seulement dans nos souvenirs. Car un pays, une patrie, ce ne sont pas du sable et des graviers, des champs et des vignes, des rivières et des montagnes, mais des personnes. Une société est la réunion de gens qui partagent les mêmes valeurs.

Ces valeurs ont disparu, où que nous regardions, nous ne voyons plus notre pays. C’est probablement le plus grand déchirement qu’il soit donné de supporter à un homme, mais notre pays, une part de notre famille, est maintenant à l’agonie. Mais il perdure en nous, il continue de vivre en moi et en tous les français qui croient encore en ces valeurs d’équité et de justice.

Même si vous n’êtes plus en France et sous l’autorité d’une autre nation dont vous reconnaissez la dignité des valeurs, il faut rester attaché aux siens. Chaque français est notre frère ou notre sœur, ceci malgré la haine d’une partie de la jeunesse pour ce qu’est devenu notre France.

Elle est notre patrie et que vous soyez anarchiste ou pas n’y change rien, vous ne reconnaissez plus l’autorité d’un gouvernement tyrannique et décadent. Mais il faut avoir la foi dans les valeurs portées par la Marianne. Quelle que soit l’infamie de ceux qui s’en réclament, la valeur d’une chose compte pour elle-même, pas pour ceux qui prétendent parler en son nom.

Telle est la vraie foi : voir une chose telle qu’elle, en faisant abstraction de ceux qui vous diraient qu’elle est différente que ce qu’elle est vraiment.

Si un jour, je me dois de combattre et de mourir pour porter les valeurs qui ont fait mon pays et qui nous ont donné notre fierté d’être français, alors je le ferais sans hésiter. Protéger les valeurs de son pays revient à protéger les valeurs de sa famille, à protéger sa famille tout court. Les valeurs ne s’imposent pas, mais doivent être défendues de la tyrannie et c’est aujourd’hui le véritable ennemi que nous nous devons de combattre.

Le seul véritable ennemi de la France, c’est actuellement son gouvernement. Cet ignoble monstre corrompu que nous devons balayer pour retrouver notre liberté. C’est lui qui bafoue nos valeurs, lui qui nous retire tout ce que nous étions de bien, au profit de théories illusoires.

Si personne ne se bat pour défendre la Patrie contre lui, alors la France disparaîtra à jamais et les Français cesseront bien d’exister.


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