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« Normale » ?

Publié le 28 mars 2013 par Toulouseweb
« Normale » ?EADS modernise sa gouvernance
C’est un grand pas en avant pour EADS : la Ťmodernisationť de sa gouvernance a été approuvée lors d’une assemblée générale marquée par une forme nouvelle de quiétude. Les résolutions proposées aux actionnaires ont toutes été approuvées et, bientôt, le groupe affichera un tout autre visage, celui d’une entreprise Ťnormaleť. France et Allemagne en détiendront 12% chaucune, mais sans présence étatique directe, l’Espagne ramčnera sa participation de 5 ŕ 4% et, surtout, les gouvernments n’auront plus de droit de veto. Daimler, ce qui n’est pas nouveau, va céder sa participation de 7,5%, tout comme Lagardčre, groupe égaré dans un monde qui n’est plus le sien, et qui encaissera une plus-value considérable. Et, ŕ vrai dire, pas vraiment méritée.
EADS est désormais en bonne santé, principalement grâce aux succčs répétés d’Airbus, et dispose de liquidités de plus de 12 milliards d’euros. Un tiers de cette coquette somme sera consacré au rachat de ses propres actions, ce qui le mettra davantage hors de portée de trčs éventuels prédateurs. Encore lui faudra-t-il relever sous peu des défis de taille : réussir l’industrialisation de l’A400M, la certification de l’A350XWB, le renouvellement de la gamme Eurocopter, etc., et traverser sans trop de mal les turbulences nées de la réduction des budgets français de Défense.
Le nouveau conseil d’administration fait apparaître les noms de valeurs sűres du canal historique, ŕ commencer par celui de Manfred Bisschoff, homme fort de grandes compétences de Daimler, omni présent dans toutes les phases successives des retructurations franco-allemandes qui ont précédé la mise en place du groupe EADS, il y aura bientôt 13 ans. Denis Ranque réapparaît, qui plus est comme président du conseil : il avait largement fait ses preuves dans l’électronique de Défense et avaiot popularisé la notion de Ťmulti-domesticitéť, un néologisme qui convient parfaitement bien ŕ EADS. C’est-ŕ-dire ŕ une entreprise de grande envergure (56,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 140.000 personnes) qui est résolument et intégralement européenne. Une situation que les politiques ont encore beaucoup de mal ŕ admettre, de part et d’autre du Rhin.
Angela Merkel et François Hollande, pour leur part, apparaissent déphasés, voire maladroits. En l’absence de droits de veto, ils conservent, avec leur garde rapprochée, de solides capacités de nuisance. Ainsi, Berlin refuse obstinément de payer un solde dű sur les avances remboursables destinées au financement de l’A350XWB. Cela sous prétexte qu’une monnaie d’échange ne se concrétise pas, comme s’il s’agissait d’en devenir encore et toujours ŕ la loi stupide du Ťjuste retourť. C’est évidemment tout ŕ fait dépassé, cet incident devant, on peut l’espérer, faire réfléchir une fois pour toutes ŕ EADS/Airbus ŕ l’abandon pur et simple du systčme des avances, méthode d’une autre époque qui agace plus que jamais les Américains et entretien une polémique sans fin au sein de l’Organisation mondiale du commerce.
A leur maničre, les Français ne font pas mieux. On l’a encore vu, il y a quelques jours, quand François Hollande s’est pris pour un super vendeur d’Airbus, le temps d’assister ŕ l’Elysée ŕ la signature du contrat Ťhistoriqueť de 234 A320 commandés par Lion Air, start-up indonésienne venue de nulle part et solidement inscrite sur listes noires, en Europe et aux Etats-Unis. En d’autres termes, Berlin et Paris continueront ŕ s’inviter ici et lŕ pour récupérer des miettes de notoriété. Heureusement, personne n’est dupe.
Pierre Sparaco-AeroMorning

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