Du communautarisme des minorités

Je lisais quelqu’un expliquer doctement qu’il ne fallait pas que les musulmans tombent dans le communautarisme et que la France n’avait « jamais laissé s’installer un communautarisme très fort » (oh la menace ! ). Ayant en même temps découvert ce texte, c’est vous dire que j’étais d’excellente humeur.

Le communautarisme. Ce mot inventé par un groupe dominant pour qualifier les initiatives de rassemblement des minorités.

Rappelons quelques chiffres :

Assemblée nationale : 26.9% de femme (l’immense majorité des députés sont blancs)
Sénat : 22% de femmes (l’immense majorité des sénateurs sont blancs)
Entreprises du cac 40 : les femmes représentent 24% des conseils d’administration, les minorités ethniques 4,5%

Je veux donc bien qu’on m’explique que les musulmans font du communautarisme, que les femmes qui souhaitent la non mixité ponctuelle (quel affront !) sont excluantes mais qu’on m’explique pourquoi lorsque les hommes blancs créent des cercles de pouvoir qui leur sont réservés c’est juste la normalité. C’est tellement visible au fond qu’on ne le voit plus.
(je ne parle pas ici des accusations permanentes autour des homosexuel-les d’être communautaristes mais il est bien évident que je ne les déconsidère pas pour autant).

(photo trouvée sur le blog d’Olympe)

3 femmes. 100% de blancs.

Vous le voyez mon bon gros communautarisme d’hommes blancs ou pas du tout ?

Est-il assez visible ce communautarisme qui est bien installé en France ?

Bien sûr on vous dira que c’est le fruit du hasard (pour les plus timides) ou de la compétence cachée dans le chromosome Y de l’homme blanc (pour les zemmouriens affirmés) si tous les cercles de pouvoir sont tenus par des hommes blancs. Et c’est évidemment la faute des minorités s’ils n’arrivent pas à s’y faire une place. Après tout Zemmour l’a encore affirmé hier le pouvoir est mâle (et la délinquance racisée, ainsi tout est bien rangé).

Revenons à notre histoire de « communautarisme musulman ». On nous explique que le particularisme (ici religieux) doit être réservé à la sphère privée et en même temps, on renvoie sans cesse les racisés qui à leurs origines, qui à leur religion. Une femme voilée est ainsi toute contenue dans son voile et n’est plus que son voile. On réduisait auparavant les gens à leur couleur de peau (être noir signifiait être comme ceci ou comme cela), on réduit aujourd’hui les femmes voilées (double discrimination, à tous les coups l’on gagne) à un bout de tissu qui symboliserait l’oppression, l’islam politique, le non respect de l’universalisme laïc (au fait c’est férié aujourd’hui en Alsace Lorraine vous saviez ?).
On nous explique – et c’est bien là une spécificité française – que nous devrions tendre à l’universalisme. Universalisme décrété et déclaré par des élites qui ont décidé ce qu’il devait être ; le leur.

Un universalisme si particulier

en quelque sorte.