Encore une jolie découverte au fil des commentaires des fans de polars sur Babelio : un roman historique comme je les aime, qui nous replace dans l’ambiance d’une époque – 1922 – et surtout d’une belle ville : Nice.
Une affaire sordide de tueur en série de prostituées puis d’enfants défraie la chronique. Le processus criminel est étrange, à première vue dénué de caractère sexuel, recelant cependant une énigme narguant les policiers, qui fait appel à une culture antique poussée. C’est l’œuvre d’un déséquilibré exceptionnel, et pour les aider dans cette affaire, Le commissaire Louis Forestier, qui dirige à Nice une antenne des Brigades mobiles du Tigre, fait appel à son ami, l’aliéniste Frédéric Berthellon, pas mécontent de prendre un peu de distance avec ses malades parisiens.
C’est un enquêteur tout à fait sympathique, ce Louis, avec sa fine équipe d’inspecteurs courageux et disponibles, sa fortitude et aussi sa faiblesse : Louis Forestier a le vertige ... Même si les relations avec la police locale ne sont pas des meilleures – déjà la guerre des polices – la coopération finira par payer. Ce qui apporte un plus en cette terrible affaire est l’analyse psychologique du tueur, construite pas à pas à travers le décryptage des messages subliminaux laissés sur les cadavres. Une première approche du profilage, l’étude systématique des indices selon les techniques de police scientifique mises au point par Edmond Locard dès 1910. Et puis, Louis Forestier peut compter sur les connaissances encyclopédiques de son ami Raphaël Mathesson, un dandy richissime et aviateur amateur, qui connaît les textes classiques grecs par cœur.
Ce qui est remarquable ici, au-delà de l’évocation minutieuse et poétique de l’époque, de la ville et de ses populations – des plus pauvres aux mieux nantis - c’est la progression de l’intrigue et l’explication des motivations du tueur. Peu importe à l’auteur que l’on découvre son identité relativement tôt, puisque sa traque et sa neutralisation est l’objectif primordial des enquêteurs. Le roman nous emporte par la richesse des personnages, leur histoire personnelle, celle aussi de leurs amours et de leurs blessures intérieures. Les scènes d’action constitueront un excellent terreau pour une adaptation cinématographique. Une histoire solidement charpentée et bien écrite – l’auteur n’est pas seulement le frère de Guillaume, il est aussi agrégé de lettres – et surtout construite avec talent, sans esbroufe et avec le minimum de rebondissement à la fin, un exploit dans ce genre de littérature.
Un livre à recommander aux passionnés d’histoire et d’énigmes.
Le murmure de l’ogre, roman de Valentin Musso, publié au Seuil, 19,90€