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(SE) 27 sekundmeter snö (Vertiges) : huis clos suédois dans la lignée des oeuvres d'Agatha Christie

Publié le 29 mars 2013 par Myteleisrich @myteleisrich

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Le billet du jour est dédié aux fiction policières. A la télévision tout d'abord, avec un rendez-vous pris ce soir, sur France 2, pour le retour des petits meurtres d'Agatha Christie. Cet épisode inaugure pour l'occasion un nouveau duo qui a la (difficile) tâche de succèder au commissaire Larosière et à l'inspecteur Lampion. J'espère en tout cas qu'elle aura su maintenir la dynamique qui avait pu me la faire apprécier l'automne dernier (je l'avais alors rattrapée en une dizaine de jours). Pour se faire une idée, la bande-annonce à voir par là.

En attendant, c'est une excursion plus nordique que je vous propose dans ma critique de ce soir : direction la Suède ! 27 sekundmeter snö (Vertiges en version française) est une mini-série comptant 2 épisodes d'1h30 environ, datant de 2005. Réalisée par Tobias Falk, il s'agit de l'adaptation à l'écran du premier roman, portant le même titre, de Kjerstin Göransson-Ljungman, publié en 1939. Encore inédite en France, cette fiction arrivera à partir du 13 avril prochain sur la chaîne Eurochannel, qui continue d'entrouvrir pour nous les portes de la culture européenne. 27 sekundmeter snö est un huis clos d'investigation, vite paranoïaque, sur lequel flotte un parfum s'inscrivant dans la lignée directe des Sir Arthur Conan Doyle et autre Agatha Christie. Avis aux amateurs.

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27 sekundmeter snö se déroule en Suède, en 1939, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Un petit groupe de personnalités très dissemblables se retrouve pour une excursion à ski à travers les montagnes suédoises. Guidé par un médecin, on retrouve parmi eux un entrepreneur au caractère peu abordable et sa fille, un couple marié, ou encore une actrice et son ami français. Soudain pris dans une violente tempête de neige, ils sont contraints de trouver refuge dans une bâtisse isolée tenue par une vieille dame, Frida, qui les accueille à bras ouvert.

Mais le sentiment de soulagement et de sécurité une fois bien installés dans leur abri sera éphémère : au cours de leur première nuit, l'entrepreneur est assassiné. Son corps est retrouvé sans vie, sur son lit, un couteau planté dans le dos. Coupé du monde par les éléments naturels qui continuent de se déchaîner dehors, le petit groupe a conscience que le meurtrier se trouve forcément parmi eux. Or ce ne sont ni les secrets, ni les tensions, qui manquent en leur sein. Tous ont aussi eu une opportunité d'accéder au lieu du crime cette fameuse nuit. Ils vont devoir mener l'enquête par eux-mêmes, pour espérer comprendre le mobile d'un tel acte et démasquer le tueur, afin de sortir indemnes d'un voyage où, confinés dans ce huis clos glacé, il devient aisé de glisser peu à peu dans une paranoïa dangereuse.

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27 sekundmeter snö affiche et reprend à son compte tous les ingrédients les plus classiques d'un whodunit à huis clos, avec l'invariable efficacité attachée à ce type d'histoire qui a l'art de piquer la curiosité de tout téléspectateur amateur de mystère. Initialement, elle débute sur une excursion à ski dont l'insouciance apparente sonne pourtant déjà un peu faux, comme si quelque chose se tramait en arrière-plan. Logiquement c'est à partir du meurtre que la mini-série décolle vraiment. L'énigme à résoudre est basique : "Qui a tué l'entrepreneur, dans sa chambre, avec son propre couteau ?" La particularité tient ici au fait que nul enquêteur officiel ne va intervenir sur place. La seule personne relativement neutre est la logeuse. Sans tergiverser, elle prend immédiatement ses responsabilités pour éclaircir cette affaire et découvrir le meurtrier, refusant d'attendre la fin de la tempête. A partir de cette base, 27 sekundmeter snö déroule ensuite une histoire simple et directe qui, en empruntant bien des fausses pistes, va nous conduire au tueur.

Le chemin vers la vérité ne sera pas aisé. Rapidement, tous les personnages dévoilent leurs ambiguïtés, avec des secrets qu'ils dissimulent plus ou moins bien. La mini-série joue à dessein sur ces dualités pour distiller une ambiance qui glisse vers une sourde paranoïa. En fait, tout le monde, ou presque, peut avoir un mobile ; tout le monde, ou presque, a eu une opportunité cette nuit fatale... Mais qui la vraiment saisit ? Des suspects les plus évidents à ceux qu'on n'ose point soupçonner au départ, mais qui, peu à peu, s'imposent comme une possibilité, 27 sekundmeter snö se construit une galerie de meurtriers potentiels dans la droite lignée des oeuvres qui l'ont précédée dans son genre. Il est facile de se prendre au jeu de ce mystère. Cependant, si l'ensemble se suit sans déplaisir, il manque quelque chose à la narration pour vraiment captiver. L'écriture montre des limites, notamment avec un rythme trop inégal où la tension peine à s'établir. Si bien que malgré du potentiel, 27 sekundmeter snö reste une déclinaison très scolaire de whodunit, esquissant un tableau froid et trop distant de personnages auprès desquels il est difficile de s'impliquer.

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Sur la forme, 27 sekundmeter snö joue sur le huis clos imposé par les conditions météorologiques pour construire cette ambiance qui éprouve les nerfs des différents protagonistes. La luminosité est faible dans le chalet ; derrière chaque fenêtre givrée, on aperçoit les éléments se déchaîner dehors. L'hostilité extérieure s'introduit dans la maison à partir de la découverte du meurtre. La tempête est un acteur influant sur le récit, tout d'abord en isolant les personnages. puis, lorsqu'elle cesse enfin. Le soleil revenu, chacun semble retrouver une sérénité un instant perdue dans la promiscuité trop oppressante du chalet. La mini-série joue ainsi sur les contrastes lumineux : les repères revenant dès que pointent à nouveau les premiers rayons du soleil, et que les terres enneigées éblouissent à nouveau à perte de vue. La musique joue quant à elle son rôle d'accompagnement, appuyant les tonalités des différentes scènes.

Côté casting, les limites de l'écriture dans la caractérisation des personnages pèsent sur les performances d'acteurs dont certains restent inégaux et un peu en retrait. Parmi les têtes familières du petit écran suédoise, il y a celui qui s'impose comme le leader du groupe, leur guide - et docteur : il est interprété par Jacob Ericksson dont ceux qui ont vu l'adaptation suédoise de Millenium se rappelleront peut-être (très occupé en ce début d'année 2013, puisqu'on a pu le voir dans Molanders ou encore dans En Pilgrims Död). A ses côtés, on retrouve une galerie disparate de figures qui vont venir, chacun leur tour, semer le doute dans l'esprit du téléspectateur : Elisabeth Carlsson, Jan Mybrand, Jamil Drissi (s'exprimant toujours en "français"), Livia Millhagen, Malena Engström, Mylaine Hedreul (Höök), Ulricha Johnson (Kommissarie Winter) ou encore Niklas Falk (Tre Kronor). Anders Ahlbom (Våra vänners liv) incarne celui qui va mourir assassiné, tandis que Gunilla Abrahamsson joue la logeuse.

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Bilan : Assumant pleinement ses influences Agatha-Christie-nnes, 27 sekundmeter snö se réapproprie les bases simples et classiques d'un whodunit à huis clos. Tout téléspectateur appréciant de tels récits d'enquêtes y retrouvera un parfum de mystère et une dynamique soupçonneuse caractéristique auprès desquels il est facile de se prendre au jeu pour les 3 petites heures que dure cette fiction. Cependant cette mini-série souffre de limites d'écriture, notamment dans la construction de sa tension, ainsi que dans le traitement de ses personnages, qui l'empêcheront de pleinement exploiter le potentiel offert par son cadre particulier. Si je l'ai suivie sans déplaisir, elle est sans doute à réserver aux amateurs du genre qui souhaiteraient tester une déclinaison nordique de ces ficelles whodunit.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la mini-série :


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